L’OIF adopte une résolution contre l’invasion russe, l’Ontario discret
PARIS – Pressée au cours des derniers jours de condamner l’invasion russe en Ukraine, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a finalement adopté, ce mercredi à Paris, un texte appelant à un cessez-le-feu immédiat et sans condition, lors de la 40e Conférence ministérielle de la francophonie, au 21e jour de guerre.
Alors que la question divise toujours sur la scène internationale jusque parmi les 88 membres de l’OIF, l’Europe s’est imposée d’une seule voix de façon forte et inédite, tandis que le Canada a fait preuve d’une approche coordonnée.
Si le Canada, le Québec et le Nouveau-Brunswick ont enjoint l’organisation à prendre position au plus vite, ces derniers jours, l’Ontario s’est fait en revanche plus discret.
La sherpa de l’Ontario et sous-ministre des Affaires francophones, Marie-Lison Fougère, n’a d’ailleurs assisté à la conférence ministérielle que par visioconférence, là où d’autres représentants canadiens ont fait le déplacement en France, à l’image d’Isabelle Hudon, présidente de la Banque du Canada, ou encore du député fédéral de Glengarry-Prescott-Russell, Francis Drouin.
Ce dernier a notamment fait une allocution sur la lutte contre la désinformation, en tant que vice-président de l’Assemblée parlementaire de la francophonie.
Le bureau du ministère des Affaires francophones a toutefois souligné le vif intérêt qu’il portait à la situation en Ukraine et à la position de l’OIF. « L’Ontario est solidaire de l’Ukraine, de son peuple et de la communauté ukraino-canadienne de l’Ontario, et appuie la réponse du Canada à la situation actuelle en Ukraine, notamment les nouvelles sanctions imposées à la Russie et les diverses mesures de soutien à l’Ukraine », a indiqué Mathieu Paul Dumont, conseiller principal auprès le ministre Caroline Mulroney.
Et de féliciter le Canada pour son approche multilatérale solide en travaillant avec des partenaires internationaux pour coordonner sa réponse, notamment avec les États-Unis et l’Union européenne.
Une résolution adoptée « avec unité et fermeté »
L’OIF a dans le passé condamné de nombreux conflits armés. En 2012, le Conseil permanent de la francophonie (CPF) avait décidé de suspendre les Instances francophones au Mali. Le 8 février 2022, le CPF condamnait le coup d’État militaire du 24 janvier et, conformément aux dispositions de la Déclaration de Bamako, suspendait le Burkina Faso des Instances de la francophonie.
L’organisation se dit pleinement investie au service de la prévention et de la résolution des crises et des conflits dans l’espace francophone, espace dans lequel l’Ukraine est membre observateur depuis 2006.
En entrevue pour le journal Jeune Afrique, la secrétaire générale de l’OIF, Louise Mushikiwabo, expliquait au début du mois de mars que « la position (des membres et gouvernements de l’OIF) s’est exprimée différemment depuis le début du conflit. Notre organisation est une organisation dont le fonctionnement est basé sur le principe du consensus ».
Et c’est finalement ce consensus, qui a réuni pour la première fois depuis la pandémie, les États membres et gouvernements à se mobiliser face à l’invasion russe. « À l’issue des débats, les États et gouvernements membres ont adopté, avec fermeté et dans un esprit d’unité, une résolution sur l’Ukraine », a annoncé l’OIF via son service de communication.
Un cessez-le-feu immédiat réclamé
Par cette résolution, l’OIF « déplore dans les termes les plus énergiques l’agression militaire de l’Ukraine par la Fédération de Russie et condamne les violations du droit international, des droits de l’Homme et du droit humanitaire qui en découlent, y compris la violation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine ».
Le texte de résolution réaffirme la solidarité de la francophonie envers le peuple ukrainien. Le lancement du « Plan AUF spécial Ukraine », en faveur des étudiants, enseignants, chercheurs et cadres dirigeants. La francophonie annonce également se mobiliser dans ses domaines de compétences.
L’OIF « appelle instamment à un cessez-le-feu immédiat et sans condition, au retrait par la Fédération de Russie de ses forces militaires et appelle à un règlement pacifique et rapide du conflit en cours ».
Sollicitée par ONFR+, la sherpa de l’Ontario, Marie-Lison Fougère, a décliné nos demandes d’entrevue.