L’Ontario débloque 400 000 dollars pour former des infirmières en français
OTTAWA — La province va injecter plus de 400 000 $ dans une formation universitaire pour les étudiants en sciences infirmières de langue française a annoncé Jill Dunlop, ministre des Collèges et Universités, en déplacement ce mercredi à Ottawa. C’est la concrétisation d’un des volets du Plan de dotation en soins de longue durée lancé l’année dernière.
Offerte à 350 étudiants par l’Université d’Ottawa, le Collège La Cité et l’Hôpital Montfort, cette formation leur apportera les outils et de l’expérience clinique dont ils ont besoin pour renforcer les secteurs en tension de la santé et des soins de longue durée. Elle intervient à un moment où la pénurie d’infirmières francophones, accentuée par la pandémie, est à son paroxysme en Ontario.
L’Université d’Ottawa, La Cité et l’Hôpital Montfort jumèleront des formations en soins aux patients et des exercices de simulation permettant aux étudiants francophones de développer leurs compétences virtuellement, alors que des activités cliniques restent actuellement non accessibles en présentiel.
Des compétences en éthique, infections et immunité
L’Université d’Ottawa et La Cité développeront, en outre, conjointement, des modules virtuels en français afin que les étudiants puissent acquérir certaines compétences dans un environnement virtuel sécurisé, traitant en particulier des compétences telles que l’éthique, les infections et l’immunité.
« L’Ontario a écouté les besoins de la communauté des soins de santé et prend des mesures pour fournir des ressources et une formation qui aideront à préparer les infirmières à prodiguer des soins dans un environnement modifié par la COVID-19 », a assuré la ministre Dunlop, affirmant reconnaître l’importance d’offrir ce programme en français afin de préparer les futures infirmières au travail dans des milieux de santé francophones et bilingues.
La ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, a pour sa part salué, par voie de communiqué, « un pas de plus que fait le gouvernement pour assurer le bien-être des francophones ».
Lise Bourgeois, présidente-directrice générale du Collège La Cité estime que « ce financement apportera une réponse concrète et innovante au besoin critique d’outils d’apprentissage en ligne en français aux étudiants des programmes de santé ».
« Cette nouvelle initiative s’appuie sur notre vision commune qui contribuera à augmenter le nombre de professionnels des soins infirmiers aptes à travailler en français et dans des établissements de santé bilingues partout en Ontario », a ajouté Jacques Frémont, le recteur et vice-chancelier de l’Université d’Ottawa.
Un « très petit pas dans la bonne direction », réagit l’opposition
De son côté, la députée France Gélinas a qualifié ce financement « de très petit pas dans la bonne direction ».
Selon la porte-parole de l’opposition officielle sur les questions de santé, « le sous-financement de nos programmes universitaires et collégiales a un impact considérable sur la formation en province. À l’Université Laurentienne par exemple, on avait quatre programmes et on se retrouve avec un seul. Ça devient difficile d’avoir un enseignement de qualité quand le gouvernement n’investit pas assez ».
« Est-ce qu’on régler la pénurie de professionnels de la santé en français en faisant ça? » interroge l’élue de Nickel Belt. « Absolument pas. Le gouvernement ne couvre même pas 50 % des frais mis dans les collèges et universités, à tel point qu’on ne parle plus d’universités publiques mais d’universités subventionnées par le public. C’est unique au Canada : les autres provinces ne font pas ça et pour nous, les francophones, c’est un double désavantage. »
Appuyée par des transferts entre le gouvernement du Canada et le gouvernement de l’Ontario, cette initiative concrétise une part du Plan de dotation en soins de longue durée lancé l’année dernière. Il comportait entre autres une hausse des heures de soins directs pour les résidents de foyers de soins de longue durée qui doivent passer à une moyenne de quatre heures par jour sur quatre ans. Au total, le plan prévoit le déblocage d’1,9 milliard de dollars annuellement d’ici 2024-2025.