L’Ontario demande 63 millions à Ottawa pour l’Université de l’Ontario français
TORONTO – Le gouvernement provincial demande 63 millions de dollars à Ottawa pour financer le démarrage de l’Université de l’Ontario français à Toronto. Une somme supérieure à celle avancée jusqu’ici. Mais Ottawa attend plus pour s’engager définitivement.
Selon les informations du journal La Presse, confirmée par une source proche du dossier à ONFR+, le gouvernement progressiste-conservateur, soucieux de régler le dossier avant les élections du 21 octobre, aurait fait, ce lundi, une demande chiffrée auprès du fédéral.
L’Ontario demande au gouvernement fédéral de s’engager à financer à hauteur de 63 millions de dollars le démarrage de l’Université de l’Ontario français (UOF). Comme envisagé par l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Ottawa paierait les quatre premières années de démarrage du projet, puis la province prendrait le relais, pour la même somme, les quatre années suivantes. Le coût total du projet atteindrait donc 126 millions de dollars, ce qui semble être davantage que la somme annoncée initialement.
Dans les conclusions de son rapport sur les besoins et la demande pour une université de langue française, dévoilées il y a deux ans, Dyane Adam, alors présidente du Conseil de planification, estimait qu’il faudrait 83,5 millions de dollars sur sept ans pour démarrer le projet. De cette enveloppe, 12 millions de dollars étaient prévus pour couvrir les frais d’aménagement d’un édifice temporaire et 71,5 millions de dollars pour démarrer et développer l’université.
Jointe par ONFR+, la présidente du conseil de gouvernance Dyane Adam assure que le coût du projet n’a pas changé.
« Les 83,5 millions de dollars représentaient le nouvel argent à investir pour créer une nouvelle institution, mais il y a aussi les sommes versées par les gouvernements prévues pour chaque étudiant inscrit. La somme de 126 millions de dollars se base sur nos projections en termes d’inscriptions. Ce sont des chiffres qui étaient déjà dans le rapport. »
Le fédéral attend plus
Du côté du bureau de la ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly, on ne confirme pas le montant de 126 millions de dollars, même si on ne refuse pas non plus d’envisager investir une telle somme.
« Depuis le début, la ministre Joly dénonce les coupures du gouvernement Ford dans les services aux Franco-Ontariens, particulièrement l’abolition du projet de l’Université de l’Ontario français, ce qu’Andrew Scheer n’a toujours pas fait », déclare le porte-parole de Mme Joly, Jeremy Ghio à ONFR+. « Une chose est claire, nous sommes à la table de négociation depuis le tout début, nous sommes avec les Franco-Ontariens et nous continuerons de défendre leurs droits linguistiques. »
Revenant sur les discussions qui ont démarré le 1er août dernier entre les deux paliers gouvernementaux après des mois d’attente, il explique toutefois que le ministère attend plus de détails quant à la demande du provincial et un engagement formel du gouvernement Ford que ce dernier contribuera pour la même somme à la création de l’UOF.
« On a eu de bonnes discussions cet été, après huit mois de silence de la part du gouvernement Ford. On est toujours loin d’une proposition concrète et chiffrée de la part de la province. Il y a beaucoup de bonne volonté. On appuie le projet et on veut le faire avancer, mais on va faire nos devoirs et on ne se fera pas bousculer par des interventions à minuit moins une. »
L’Ontario reste vague
Interrogé par ONFR+, le bureau de la ministre des Transports et des Affaires francophones de l’Ontario, Caroline Mulroney, par la voix de son directeur des Affaires francophones, Matthew Conway, reste encore vague sur les prochaines étapes qui permettront de faire avancer concrètement le dossier.
« Nous avons toujours dit que nous sommes engagés à aller de l’avant avec cette très importante initiative d’une université, par et pour les francophones, à Toronto lorsque l’Ontario sera dans une position lui permettant de le faire avec le financement viable nécessaire. Dans cette perspective, le gouvernement de l’Ontario a engagé un dialogue constructif avec la ministre Joly sur la portée de la contribution potentielle du gouvernement fédéral au projet de l’Université de l’Ontario français. Le gouvernement de l’Ontario négocie présentement de bonne foi avec le gouvernement fédéral qui souhaite également une entente sur ce projet important », répond par écrit M. Conway.
Mme Adam insiste que le montage financier est prêt, mais dit ne pas vouloir se mêler des discussions entre les deux paliers de gouvernement.
« Nous sommes toutefois très impliqués et maintenons un dialogue continu avec eux », précise-t-elle.
La présidente du conseil de gouvernance confie être impatiente de voir le dossier aboutir, d’autant que l’emplacement temporaire envisagé depuis le départ est toujours disponible.