L’Université d’Ottawa promet des règles plus « mordantes » pour le bilinguisme
OTTAWA – Après la publication d’un rapport accablant sur la place du français sur son campus, l’Université d’Ottawa (U d’O) a réagi en promettant de meilleures règles de bilinguisme et un meilleur équilibre entre le français et l’anglais.
Dans une lettre envoyée à divers médias dont ONFR+, le vice-recteur International et Francophonie de l’Université d’Ottawa Sanni Yaya fait un retour sur ce rapport intitulé Renouveau de la francophonie à l’Université d’Ottawa : une responsabilité collective. Tiré de plusieurs consultations auprès de 400 personnes de la communauté de l’U d’O, le rapport fait état d’une baisse de personnel bilingue, de discrimination envers les francophones, d’un manque d’accès à des cours en français et d’une hausse de la francophobie.
M. Yaya affirme que les conclusions tirées de cet exercice ne peuvent pas être ignorées et que le « statu quo n’est pas une option ». Ce dernier ajoute le rapport « nous présente un portrait éloigné de nos aspirations ».
« De nouveaux chantiers sont déjà en marche : de nouvelles règles communes et plus mordantes en matière de bilinguisme viendront bientôt mieux éclairer nos pratiques. Nous travaillons à assurer et à encourager un meilleur équilibre des deux langues, et de nouvelles modalités de gouvernance et un cadre d’imputabilité plus claire seront instaurés à brève échéance, incluant une lentille francophone. Ces mesures visent un objectif commun : favoriser plus d’autonomie et de vigueur à l’avancement de la francophonie. »
Le vice-recteur Yaya souligne que dans les deniers mois, l’institution « s’est retrouvée bien malgré elle, sous les projecteurs à la suite d’une série d’incidents qui ont défrayé la chronique ».
« Bien que certains persistent à vouloir nous enfermer dans un compartiment étroit et peu flatteur, le fait est qu’avec 15 000 étudiants francophones (représentant 34 % de notre population étudiante si on inclut les francophiles en immersion) et une offre de plus de 369 programmes entièrement en français, l’Université d’Ottawa reste un acteur incontournable de l’enseignement et de la recherche en français au Canada », rappelle-t-il.
Ce « compartiment étroit et peu flatteur » pourrait notamment venir du Bloc québécois, dont le chef a répété la semaine dernière que le Programme de contestation judiciaire se devait d’être retiré des mains de l’établissement.
« On est-tu dans la francophobie systémique à l’Université d’Ottawa? Est-ce que cette institution-là ne s’est pas totalement et irrémédiablement disqualifiée pour gérer un programme qui sert à protéger les minorités alors que la minorité française à l’Université d’Ottawa est sérieusement discriminée? » s’était interrogé Yves-François Blanchet en conférence de presse, la semaine dernière.
Prendre le pouls de la communauté
Des professeurs s’étaient dits très peu surpris des résultats tirés de cet exercice arguant pour du changement à l’université.
« Cet exercice, que nous avons voulu transparent et réalisé de notre propre initiative, fut l’occasion d’entendre et de partager les inquiétudes certes, mais également les espoirs de notre communauté, qui s’est exprimée en toute franchise », soutient Sanni Yaya.
« Notre souhait était d’aller au-delà du Plan d’action pour la francophonie présenté en 2019, afin de prendre la mesure de la situation auprès de la communauté pour y apporter des réponses adaptées. »
L’établissement a martelé dans les derniers jours que « le message qui ressort de ces consultations ne doit pas être nié, amoindri ou banalisé ».
« Loin d’être une fin en soi, ces consultations nous situent à un important carrefour et nous invitent à voir grand, car l’avenir de la francophonie au sein de notre institution constitue une responsabilité que nous devons assumer collectivement, fièrement et résolument. »