Maxime Boudreault, le Hulk franco-ontarien

Maxime Boudreault (au centre) est le premier Franco-Ontarien de l'histoire à avoir remporter le titre de l'homme le plus fort du Canada. Gracieuseté

[LA RENCONTRE D’ONFR+]

THUNDER BAY – Non, il n’est pas vert, mais il fait bien l’affaire! Maxime Boudreault, l’homme le plus fort du Canada, est Franco-Ontarien, une première dans l’histoire de ce sport de titans. Couronné lors du Championnat canadien des hommes forts qui a eu lieu au Rodéo Mont-Sainte-Anne au Québec il y a deux semaines, ce natif de Kapuskasing mesure 1m93 et pèse 150 kg.

« Quand et comment a débuté votre passion pour cette discipline?

J’ai commencé à m’entraîner au secondaire. Par la suite, je suis allé à Sudbury pour la promotion de l’activité physique et de la santé où j’ai suivi deux ans de cours. C’est là que j’ai découvert l’univers du culturisme. J’en ai fait en junior et me suis rendu jusqu’aux nationales. Puis, il y a un de mes amis qui m’a introduit dans le monde des hommes forts. C’est à partir de là que j’ai vraiment commencé. J’ai été l’homme le plus fort en Ontario pendant trois années consécutives en 2017, 2018 et 2019. Et maintenant : l’homme le plus fort du Canada.

Vous êtes aussi le premier Franco-Ontarien à avoir réalisé cette prouesse de devenir l’homme le plus fort du pays. Qu’est-ce que cela vous a fait au moment de soulever ce trophée?

C’était vraiment le fun. C’est un grand honneur pour moi en tant que Franco-Ontarien. Ça fait vraiment chaud au cœur d’être le premier francophone en dehors du Québec qui gagne ce titre. Le français, c’est ma langue maternelle et j’en suis fier. En plus, ça fait dix ans que j’essaie de décrocher ce titre-là ou plutôt neuf ans puisqu’à mon premier championnat national, je n’ai pas pu m’y rendre.

Maxime Boudreault bat le record national à l’épreuve du billot six mois seulement après une opération suite à la déchirure complète du pectoral majeur. Gracieuseté

Pourquoi, si ce n’est pas trop indiscret?   

(Ému). Le premier championnat national auquel on m’a invité, j’étais supposé m’y rendre à 8h du matin, mais j’ai reçu un appel de mon frère à 2h du matin pour me dire que ma mère ne passerait pas la nuit, ce qui fait que j’ai annulé ma participation à cette compétition. Elle est décédée le lendemain. Ce qui m’a beaucoup touché et qui a donné une saveur exceptionnelle à mon titre d’homme le plus fort du Canada, c’est que je l’ai gagné le samedi de l’anniversaire de ma mère.

Quelles sont la nature et la fréquence d’entraînement de l’homme le plus fort du pays?

Je m’entraîne six fois par semaine, deux à trois heures par jour. Mais je passe toute la journée en gym, parce qu’avec ma conjointe Samantha, lorsque la COVID-19 est arrivée, on a ouvert notre propre salle de sport ici, à Thunder Bay et on a une grosse clientèle que ça soit en ligne ou en personne. Je passe donc beaucoup de temps à l’entraînement.

Maxime Boudreault lors d’une compétition à Santa Monica en 2020. Gracieuseté

Doit-on en déduire qu’on ne gagne pas bien sa vie lorsqu’on pratique votre sport au niveau professionnel?

(Rire fort). En fait, ça dépend où tu te places. Si tu es dans le top trois tout le temps, oui, c’est très payant. Sinon, je doute qu’on puisse faire ce sport au niveau professionnel avec juste les bourses qu’on nous donne, parce que, me concernant par exemple, je réinvestis toutes les bourses que je reçois dans la récupération et mon entretien physique parce qu’il suffit d’une blessure pour que tu ne puisses plus compétitionner et perdre ta place. 

Justement, qu’en est-il de votre alimentation?

La nutrition est très importante pour pouvoir récupérer correctement parce que nos entraînements sont très chargés. Je mange cinq à six repas par jour, mais ça varie selon qu’on est proche d’une compétition ou pas. En moyenne, c’est entre 6 000 et 8 000 calories par jour qu’on ingurgite. 

Beaucoup d’hommes forts ont un point en commun, en ceci qu’ils rêvaient de devenir de superhéros aux muscles saillants lorsqu’ils étaient enfants. Est-ce que c’est également votre cas?

Je ne sais pas trop. Tout ce que je peux vous dire c’est que je suis encore un grand fan de superhéros comme ceux des séries Marvel que j’ai encore chez moi. Ce qui est drôle, c’est que lorsque j’étais au secondaire, Hugo Girard (champion du monde 2002 et multiple champion canadien) est venu nous rendre visite pour faire une démonstration. J’étais là à me demander pourquoi il faisait ces niaiseries-là. Et voilà que, quelques années plus tard, c’est moi qui les fais.

Maxime Boudreault lors d’une dure séance d’entrainement. Source : page Facebook de l’athlète

Est-ce donc lui qui vous a donné envie de faire de ce sport votre profession?

Pas vraiment. Pour moi, un de mes grands mentors c’est Jean-François Courront, notre ancien champion canadien. On est devenu vraiment très proche durant les dernières années de sa carrière. Il m’a vraiment soutenu et guidé pendant ces années-là.

Est-ce que, à l’instar de l’acteur islandais, Thor Björnsson, alias la Montagne, qui joue dans la série américaine Game of Thrones et qui pratiquait également le sport de force, vous aimeriez faire du cinéma?

(Long silence). Écoutez, si ça doit arriver, ça arrivera et je ne dirais pas non. Cela dit, je préfère, pour l’instant, me concentrer sur ce que je fais et sur ma carrière sportive qui me prend beaucoup de temps. 

Maxime Boudreault en compagnie de sa conjointe, Samantha et d’Arnold Arnold Schwarzenegger. Gracieuseté

Vous a-t-on déjà proposé un rôle?

Non!

Vous dites que vous préférez vous concentrer sur votre carrière sportive, est-ce que, maintenant que vous êtes l’homme le plus fort du Canada, vous visez le titre de l’homme le plus fort du monde, surtout que vous n’y étiez pas loin de le décrocher à deux reprises?

Tout à fait. La prochaine étape pour moi ça sera le mondial. Et, comme vous l’avez souligné, j’ai raté de peu ce titre en 2022 où je me suis classé cinquième et surtout en 2021 où j’étais sur le podium pour la troisième place. J’ai donc de très bonnes chances de le remporter l’année prochaine. »


LES DATES-CLÉS DE MAXIME BOUDREAULT :

1991 : Naissance à Kapuskasing

2016 : Blessure à l’épaule qui a failli mettre un terme à sa carrière

2017 : Première titre de l’homme le plus fort de l’Ontario

2021 : 3e place au championnat de l’homme le plus fort du monde

2022 : Premier Franco-Ontarien de l’histoire à remporter le titre de l’homme le plus fort du Canada

Chaque fin de semaine, ONFR+ rencontre un acteur des enjeux francophones ou politiques en Ontario et au Canada