« Montfort, fermé, jamais » : les moments forts et faits de la vie de Gisèle Lalonde
OTTAWA – La francophonie ontarienne a appris une triste nouvelle mercredi avec le décès de Gisèle Lalonde, visage de SOS Montfort, à l’âge de 89 ans. Voici cinq faits et moments sur Gisèle Lalonde, un monument de la francophonie ontarienne.
Mars 1997 : « Montfort, fermé, jamais »
Devant une foule bondée de 10 000 militants au Centre municipal d’Ottawa, la présidente de SOS Montfort prononce un discours qui enflamme la foule. Son fameux « Montfort, fermé, jamais » sera scandé et vu comme une phrase fétiche d’un des combats les plus célèbres de la francophonie ontarienne.
« Nous devons crier sans hésitation et sans peur qu’on ne touche pas à Montfort. Le Canada a les yeux rivés sur nous. Les Canadiennes et les Canadiens regardent aujourd’hui un peuple debout! », mentionne-t-elle devant des milliers de gens.
La bataille de Montfort
En février 1997, la Commission de restructuration des services de santé de l’Ontario recommande la fermeture de l’hôpital. Quelques jours plus tard, Gisèle Lalonde est alors désignée par des leaders de la francophonie ontarienne comme porte-voix dans le dossier.
« Car il n’y a personne qui comprenait l’importance de l’Hôpital Montfort comme Gisèle Lalonde », explique 25 ans plus tard l’avocat de la cause SOS Montfort, Ronald Caza. « Gisèle a expliqué des milliers de fois pourquoi c’était important de sauver l’Hôpital Montfort et pas juste à la communauté franco-ontarienne, mais aussi aux communautés anglophones des autres provinces. Car quand tu es une majorité, tu ne comprends pas ce que c’est de vivre comme membre d’une minorité. Elle le savait et elle savait comment le décrire, l’expliquer et convaincre les personnes pourquoi c’était important. »
La dirigeante de SOS Montfort sera la voix du mouvement, s’adressant aux médias à maintes reprises pendant cette crise qui aura duré dans un duo avec son neveu et ancien journaliste du Droit, Michel Gratton.
Création de l’AFMO
En 1988, alors qu’elle est maire de Vanier depuis trois ans, Gisèle Lalonde fonde l’Association française des municipalités de l’Ontario (AFMO), puis en devient la présidente. Elle assume jusqu’en 1991 ce rôle dans l’organisme. En 2017, alors que l’avenir de l’AFMO était gravement menacé par une situation financière précaire, la fondatrice avait lancé un cri du cœur.
« Quand nous avons fondé l’AFMO, en 1989, on voulait que le français prenne sa place. Il y avait une grosse association anglophone, mais nous, les francophones, nous n’avions rien. Et quand on veut quelque chose, il faut se mouiller pour l’avoir. Quand on a commencé, on n’avait pas une cenne, alors ne braillez pas maintenant! Ça ne nous a pas empêchés de foncer et regardez : vous êtes encore là aujourd’hui! », avait-elle déclaré lors d’un congrès de l’association.
Son franc-parler
Un mot qui revient souvent dans la bouche de ceux ayant côtoyé Gisèle Lalonde était à quel point elle avait un franc-parler.
« Parfois des membres de la communauté francophone prennent une position et une position que Gisèle ne croyait pas que c’était dans le meilleur intérêt de la communauté francophone et elle ne se gênait pas pour le dire publiquement », se souvient Ronald Caza.
« Elle était capable d’exprimer ce qu’elle pensait de façon simple, mais très directe. Elle n’avait peur de rien et disait ce qui devait être dit », résume l’ancien président de l’établissement hospitalier Gérald Savoie.
En entrevue avec ONFR+ en 2017, Gisèle Lalonde évoquait la nécessité d’être radical mais aussi diplomatique.
« Il faut savoir être les deux! Il faut savoir se présenter auprès des groupes anglophones, leur donner confiance pour qu’ils parlent! Sans ça, ils peuvent juste nous inviter! Il faut avoir des amis avec eux autres, pas nécessairement des grands amis, mais au moins des personnes qui parlent français! »
D’abord en éducation
Surtout connu pour son implication dans le mouvement Montfort, on peut oublier que Gisèle Lalonde a aussi été une pionnière dans le milieu de l’éducation. Elle est d’abord enseignante dans diverses écoles de langue française entre 1951 et 1973. En 1974, elle devient la présidente du Conseil des écoles catholiques séparées d’Ottawa pour deux ans avant d’occuper la même fonction à l’Association française des conseils scolaires de l’Ontario en 1978 et 1979.
Entre-temps, elle cofonde le Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques en 1974 en plus de devenir la directrice générale jusqu’à 1984.
En 1980-1981, elle occupe le poste de directrice générale de l’Association française des conseils scolaires.