Mulroney et Fullerton défendent les coupures chez les francophones
TORONTO – Depuis des mois, les ministres Caroline Mulroney et Merrilee Fullerton promettent sur toutes les tribunes que le projet de l’Université de l’Ontario français ira de l’avant. La promesse maintenant brisée, elles défendent néanmoins la décision du gouvernement Ford, sans pour autant en dire beaucoup plus sur les raisons derrière ce choix.
ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg
La ministre de la Formation et des Collèges et Universités pointe du doigt les libéraux pour expliquer la fin du projet universitaire francophone. « Les étudiants francophones, les entreprises et les communautés payent encore le prix de la mauvaise gestion du gouvernement libéral précédent », a affirmé Merrilee Fullerton, dans une déclaration envoyée à #ONfr.
Mme Fullerton avait envoyé un communiqué en juillet pour confirmer que le projet d’Université de l’Ontario allait bel et bien voir le jour, sous un gouvernement progressiste-conservateur. « Notre gouvernement s’engage pleinement à assurer le succès de l’Université de l’Ontario français. […] Nous voulons lui accorder l’attention et le soutien qu’elle mérite », disait-elle le 23 juillet dernier.
Le projet annulé par son gouvernement, elle change maintenant de discours. « En raison des 15 années de dépenses libérales, il est impossible d’aller de l’avant avec le projet du gouvernement précédent pour une université francophone », a-t-elle indiqué, vingt-quatre heures après l’annonce fatidique. « Le projet n’était pas viable », ajoute-t-elle, sans en dire davantage sur les raisons exactes qui rendraient soudainement le projet non-viable financièrement. Des propos que contredisent les dirigeants de l’Université de l’Ontario français, qui affirment qu’une fois le projet lancé, il sera financé par ses étudiants.
La ministre déléguée aux Affaires francophones et Procureure générale, Caroline Mulroney, a adopté un discours similaire lors d’une entrevue avec Radio-Canada, alors qu’elle était en Atlantique pour participer à un événement avec ses homologues des autres provinces. « C’est une décision très difficile et je comprends que ça représente un rêve pour les Franco-Ontariens », a-t-elle soutenu, martelant aussi que les libéraux étaient responsables de cette fin abrupte.
Elle n’a pas expliqué pourquoi les francophones semblaient hériter des coupures les plus difficiles de cette mise à jour économique.
Caroline Mulroney est la cible de la colère des francophones
Depuis l’annonce des coupures chez les francophones, Mme Mulroney a brillé par son absence sur la place publique, refusant toutes les demandes d’entrevues dans les heures qui ont suivi l’annonce.
Sur les réseaux sociaux, elle a été la cible de nombreuses critiques, parfois acerbes. « Le silence de Mme Mulroney questionne énormément. Je n’arrive pas à me convaincre au fait qu’elle donne son appui à Doug Ford sur cette question. Elle devrait démissionner et dénoncer », a soutenu un internaute. « Le silence de Mulroney nous dit tout! », lance un autre.
Elle a été la cible de dizaines de messages sur les réseaux sociaux, dont plusieurs critiquant un « manque de courage politique ». Des images satiriques ont aussi été diffusées pour dénoncer son mutisme.
« Je m’interroge sur le silence de la ministre Caroline Mulroney. Comment elle peut faire partie du gouvernement avec une telle décision. Mme Mulroney est une franco-ontarienne, elle parle le français, elle connait l’histoire de l’Ontario français. Je prends ça comme une insulte, elle doit nous répondre. Est-elle d’accord? Quelles mesures pour compenser? », a pour sa part lancé un citoyen d’Ottawa lors d’une tribune téléphonique en journée.
Miser sur les institutions existantes
Comme si de rien était, le gouvernement persiste et signe et se présente encore comme un partenaire de la communauté franco-ontarienne. Mais cela se fera avec les établissements d’enseignement déjà existants, affirme le gouvernement Ford.
« Notre gouvernement est dédié à soutenir et faire grandir les programmes existants en matière d’éducation postsecondaire en français pour répondre aux besoins des étudiants francophones et des entreprises dans un marché de l’emploi en pleine évolution », écrit-on dans une déclaration.
« Il y a présentement dix institutions postsecondaires, incluant l’Université d’Ottawa, la Laurentienne, le Collège Boréal, La Cité, le campus Glendon de l’Université York, et l’Université de Hearst, qui offrent plus de 300 programmes en français en Ontario », affirme la ministre de la Formation et des Collèges et Universités.
« Nous sommes déterminés à investir en éducation postsecondaire en français, comme le démontre notre appui récent de 15 millions de dollars au Collège Boréal pour la poursuite de leur offre éducative francophone de grande qualité », affirme Merrilee Fullerton.