Native d'Ottawa, Myriam Gendron vit aujourd'hui au Québec. Crédit image: Alice Cloutier-Lachance
Native d'Ottawa, Myriam Gendron vit aujourd'hui au Québec. Crédit image: Alice Cloutier-Lachance

OTTAWA – En tournée pour son 2e album Ma délire, Songs of love, lost & found, l’artiste native d’Ottawa se représentait au Happy Goat Coffee sur la rue Laurel et sa petite scène intimiste. ONFR+ l’a rencontrée.

« La création n’a pas de sens si elle n’est pas en dialogue avec le passé », estime celle qui s’imprègne de toutes les cultures, d’influences musicales anglophones et francophones. Son album bilingue propose une réappropriation de musiques traditionnelles, qui pour elle, sont  intemporelles.

Pour cette artiste francophone, la musique folk est un processus créatif qui cherche à aller puiser dans une certaine tradition. « Le folk, c’est faire quelque chose d’ultramoderne », nous dit-elle. « C’est puiser dans le passé mais avec les yeux vers le futur et ce n’est pas nécessairement nostalgique. En opposition à la musique savante, le folk, c’est la musique des gens. »

La chanson Au cœur de Ma délire représente ce processus. « J’ai cherché des sons électriques, des bruits, de la distorsion ». On y entend la voix d’un Chaloupier, des voix d’enfants, une vielle radio aussi. Myriam Gendron a capté son environnement, on assiste alors à un reportage musical dont la mélodie presque angoissante est servie d’une sensibilité finalement très honnête. « J’ai eu envie de lui insuffler une nouvelle vie, j’en étais obsédée », avoue-t-elle.
 
Cette chanson-là a été créée en 2016 durant une résidence musicale et créative au moulin du Bic. « Je venais de la découvrir et je n’en croyais pas mes oreilles ». C’était une chanson déjà existante datant de 1971 des folkloristes Dominique Tremblay et Philippe Gagnon. « Comme beaucoup de gens, j’associais le folklore québécois aux rigodons, au temps des fêtes. »
 
Pourtant, nous confie-t-elle, « j’ai une bonne connaissance de la musique traditionnelle anglo et je n’avais pas compris, je crois, la musique traditionnelle québécoise. C’est un répertoire que l’on a arrêté de revisiter. »

C’est le terroir québécois et américain

En octobre 2020, Myriam Gendron débute ce projet, que la pandémie n’a eu de cesse de décaler. « Ce travail autour de la tradition, je me suis laissé traverser par les chansons, je me suis laissé guider par ce qui résonnait en moi. »

Ses voyages et ses influences culturelles sont diversifiés, nous explique l’artiste. « Le mélange entre l’anglais et le français s’est fait naturellement, en faisant un pont entre les deux. »
 
Avec le titre Poor Girl Blues, Gendron mélange une chanson afro-américaine et une chanson canadienne-française (Un Canadien errant). « Je voulais que dans cet album, tout se parle de manière fluide. Ma vision du monde est peut-être idéalisée, mais je crois qu’on n’a pas besoin de vivre en silo et on peut se parler. Les gens sont de plus en plus bilingues. Il y a des thèmes et des histoires universelles. »

Myriam Gendron entame une grande tournée au Canada, aux États-Unis et en Europe. À savoir ce qu’on peut lui souhaiter de plus, elle nous répond : « J’aimerais dans la prochaine année réfléchir à un nouveau projet. J’ai utilisé beaucoup d’affaires trouvées et empruntées. Le prochain album aura plus de créations originales, mais j’aime travailler le déjà-là et je n’ai pas l’intention d’arrêter ça. »