Natation : Alexandre Landry prépare le virage de sa carrière après la Coupe du monde de Toronto
TORONTO – Pour sa deuxième participation à une Coupe du monde de natation, le Franco-Ontarien Alexandre Landry a abordé le rendez-vous de Toronto comme le point de départ d’une nouvelle saison, placée sous le signe du changement. Un nouveau départ marqué par l’envie de faire les choses autrement : un encadrement plus structuré, de nouveaux objectifs universitaires et une approche mentale renouvelée.
Lors de cette étape de Coupe du monde qui se déroulait au Centre sportif panaméricain de Toronto du 23 au 25 octobre, il a pris part à trois épreuves : le 200 m brasse (disqualifié), le 100 m brasse (22e en 1:02.13) et le 50 m brasse (31e en 28.96).
Les résultats n’ont pas été au rendez-vous mais Alexandre Landry n’était pas venu à Toronto pour chasser les chronos. Cette Coupe du monde servait avant tout à évaluer sa forme physique au cœur d’une période de préparation chargée, après plusieurs semaines d’entraînement intensif.
« Je ne m’attendais pas à des performances exceptionnelles. Je sors déjà d’un bon été avec mes meilleurs temps aux Championnats nationaux. L’idée, c’était juste de voir où j’en suis en octobre. »
Sa disqualification sur le 200 m brasse, due à un double battement de dauphin (manoeuvre interdite par le règlement) au virage, n’a pas affecté son optimisme.
« C’est ma première disqualification en six ans. Je ne m’en suis même pas rendu compte. Si on prend le temps que j’aurais fait, c’était mon troisième meilleur chrono à vie. »
Le nageur considère cet incident comme une étape normale dans son développement.
« Ça arrive aux meilleurs. L’important, c’est de comprendre pourquoi et de corriger dès la prochaine course. »
L’expérience grandiose de la Coupe du monde
Au-delà des résultats, le nageur sudburois a aussi profité des lieux où se déroulait l’événement. Le centre rénové et modernisé de Toronto a donné une saveur particulière à la compétition.
« Au Centre sportif panaméricain de Toronto, ils ont ajouté des jeux de lumière et des couleurs pour créer différentes ambiances. Pendant les courses, c’était vraiment intense, ça rendait l’atmosphère plus grandiose, un peu comme dans un tournoi de hockey ou de basketball. Il y avait aussi des écrans un peu partout autour de la piscine, c’était très cool à voir. »

Cet environnement couplé aux récompenses de 10 000 dollars américains promis pour les records battus a stimulé les athlètes avec cinq marques mondiales battues lors de l’événement.
« Le samedi soir, le Centre sportif panaméricain de Toronto était complètement plein, il n’y avait plus un billet disponible. L’ambiance dans la piscine était folle, le public encourageait tout le monde, et voir autant de records battus dans cette atmosphère-là, c’était spectaculaire », se remémore le Sudburois.
Il ajoute au sujet des prix monétaires remis : « Au total World Aquatics a donné 1 553 500 dollars américains aux athlètes. L’Américaine Kate Douglas a gagné 182 000 dollars américains et le Hongrois Hubert Kos en a empoché 184 000! »
Entre Sudbury et un nouveau départ
Depuis la fermeture du programme universitaire de natation à l’Université Laurentienne en 2021, Alexandre Landry, 22 ans, s’entraîne avec le Sudbury Laurentian Swim Club, où il côtoie des nageurs beaucoup plus jeunes. Il apprécie l’esprit de famille et la solidarité qui règnent au sein du groupe, mais le fait de ne pas appartenir à une équipe universitaire l’exclut du circuit U Sports et de ses compétitions de haut niveau. Une situation qui, tout en lui offrant un environnement sain et formateur, limite ses occasions de se mesurer régulièrement à l’élite nationale.
Mais le Franco-Ontarien sait que cette étape n’est que temporaire. Il prévoit rejoindre une autre université canadienne en 2026, afin d’intégrer une équipe universitaire complète et un environnement de haut niveau.
« Je garde mon éligibilité universitaire puisque je n’ai pas participé au championnat U Sports. Je veux m’entraîner avec une équipe complète et continuer mes études en sciences de l’éducation. »
Cette nouvelle aventure marquera une évolution importante : un cadre plus structuré, un encadrement quotidien et un calendrier de compétitions plus dense. « Je vais être un peu un recruté tardif, mais ça me motive encore plus. »
L’expérience du Centre de haute performance
En parallèle de ses entraînements à Sudbury, Alexandre Landry se rend régulièrement au Centre de haute performance de Toronto, environ une fois toutes les six à huit semaines. Situé au Centre sportif panaméricain de Scarborough, ce complexe est l’un des trois centres nationaux de natation au Canada, réservés aux athlètes de haut niveau qui visent les Jeux olympiques ou les Championnats du monde.
« Le Centre de haute performance de Toronto, c’est un des trois centres nationaux du pays. Ce sont surtout les élites canadiennes qui s’y entraînent. Le gymnase est géré avec le Canadian Sport Institute : il y a les masseurs, les physios, les nutritionnistes… tout ce dont on a besoin. Et la piscine, on l’a à notre disposition, à n’importe quelle heure », explique-t-il.

Ces séjours, même ponctuels, lui permettent de s’immerger dans un environnement d’excellence. « Les pratiques sont beaucoup plus intenses ici. En deux jours, j’ai nagé au-dessus de 18 kilomètres. À Sudbury, j’en fais environ 13 au maximum. Les groupes sont plus petits, donc il y a plus de suivi un à un avec les entraîneurs. »
Il décrit l’expérience comme exigeante mais profondément stimulante. « Après quelques jours, je suis fatigué, j’ai mal partout, mais je me pousse, parce que je sais que c’est bon pour moi. Même si c’est une fois par mois ou tous les deux mois, ça m’aide à progresser et à rester au contact du plus haut niveau. »
Se renforcer, se recentrer et peaufiner la technique
Depuis plusieurs saisons, Alexandre Landry travaille sur le plan mental. Il a notamment reçu les conseils de l’ancien champion canadien Brent Hayden, qui l’a aidé à développer sa confiance et sa sérénité en compétition.
« Brent m’a donné un vrai coup de pouce. Il m’a aidé à mieux gérer la pression et à me concentrer sur les bonnes choses. »
Il cite aussi l’un de ses modèles, le Britannique Adam Peaty, pour résumer son état d’esprit actuel :
« Un nageur heureux est un nageur rapide. Pourquoi nager si tu n’as pas de fun? »
Au-delà de l’aspect mental, Landry s’est aussi concentré sur le développement de sa force physique. « C’est surtout au gym que je sens mes plus gros progrès. Plus je gagne de force, plus je peux l’appliquer dans l’eau. Ensuite, c’est là que la technique entre en jeu : la position des mains, l’angle du coude, la propulsion. »
Il s’appuie désormais sur la visualisation et sur une attention accrue aux détails techniques. « La vitesse se travaille au gym, l’endurance dans la piscine, mais tout se joue sur des fractions de seconde. Un virage raté ou une mauvaise entrée dans l’eau, et tu perds tout le bénéfice du travail. »
Une saison déjà bien lancée
La Coupe du monde de Toronto marque donc le début d’une nouvelle phase. Alexandre Landry participera du 5 au 7 décembre 2025 à la compétition Murray Drudge Invitational au Centre sportif panaméricain de Toronto, avant les championnats provinciaux du mois de mars.
Au printemps, il s’envolera avec son club pour un camp d’entraînement de dix jours en Espagne, avant les sélections nationales de juillet.
« C’est le début de saison, je sens déjà des progrès. J’ai hâte de voir où ça va me mener d’ici l’été prochain. »