L’Ontario, qui ne représentait à l’origine qu’une simple escale dans son tour du monde, s’est changé en une halte plus déterminante pour Nicolas Sefrani. Photo : Gracieuseté Nicolas Sefrani

TORONTO – Arrivé de Genève sur les rives du Lac Ontario à tout juste 22 ans, dans le cadre d’un tour du monde, Nicolas Sefrani n’en est finalement pas reparti. Le Canada, il le voit comme un pays qui lui donne sa chance tout comme sa Suisse natale à sa famille avant lui, réfugiée après une catastrophe naturelle en Afrique du Nord. Son diplôme universitaire bientôt en poche, il a déjà de grands projets communautaires pour sa ville d’accueil.  

D’origine marocaine séfarade, il nait et grandit dans la capitale financière de la Suisse, Genève, où sa famille a trouvé refuge après le tremblement de terre d’Agadir en 1960, causant la mort de près de 12 000 personnes.

Une intégration très positive pour les siens, pour qui s’est rapidement imposé l’évidence de rester et de rendre au pays qui leur a donné la chance de s’établir, de travailler et de voter.

Un sentiment qu’il ressent à son tour depuis son arrivée au Canada en 2022.

Guidé par son goût effréné de voyages et d’aventures, il décide initialement d’entamer un tour du monde avec un premier arrêt au pays de la feuille d’érable.

« Je pensais qu’il y faisait un froid polaire toute l’année, raconte Nicolas, pour qui il ne s’agissait que d’une étape. Mais arrivé ici, l’ambiance électrique de Toronto m’a emporté, je m’y suis senti bien, presque comme à la maison. »

Nicolas Sefrani dans le quartier de la Distillerie, lors de son premier hiver à Toronto. Photo : Gracieuseté

N’ayant pas de diplôme universitaire, il se lance et décide de s’inscrire dans le Baccalauréat spécialisé en pluralité humaine à l’Université de l’Ontario français, animé par son intérêt pour la politique et les sciences sociales.

Achevant actuellement sa troisième et avant-dernière année d’études, il est aussi employé de banque à temps partiel. Rapidement, il prend également la tête de l’association étudiante de l’UOF et entame les protocoles avec l’administration universitaire pour obtenir le statut légal de l’association.

Une soif de découverte toujours présente

S’il comptait explorer l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud, l’Océanie et l’Afrique, cette installation précoce n’a pas entamé ses penchants de baroudeur.

« Depuis mon arrivée ici, j’ai visité le Pérou et la Colombie. J’avais déjà fait le tour des pays du Moyen-Orient à l’histoire et à la culture riches, des pays européens. J’ai exploré la Thaïlande, la Malaisie, ou encore les Philippines. »

Pour Nicolas, voyager est le moyen d’observer et de comprendre les contours de la culture locale, une approche pour laquelle il considère nécessaire de vaincre sa peur de l’inconnu pour sortir de sentiers battus.

« Oser aller à la rencontre des locaux, leur parler et goûter à la cuisine locale. Avoir un regard ouvert et sortir de nos idées préconçues. Faire du tourisme ne m’intéresse pas autant que de m’imprégner des lieux et de leurs habitants. »

Toujours aux prémices de son parcours d’immigration, Nicolas souhaite y aller étape par étape pour bâtir une vision à long terme éclairée. Entamer un master ou entrer dans le monde du travail, il n’écarte pour l’heure aucune option.

Ce qu’il sait, c’est qu’il souhaite continuer à prospérer et à évoluer au Canada.

Un projet d’avenir

Nicolas Sefrani lors de l’assemblée générale de l’association étudiante de l’UOF en sa qualité de président de l’association. Photo : Gracieuseté

Trilingue en français, anglais et allemand, il comprend l’arabe et parle un peu l’hébreu. Celui-ci raconte qu’en Suisse, l’intégration des langues est systémique de l’école à l’université et fait partie de la culture, bien que le découpage régional en divise l’usage.

« Une particularité que j’apprécie au Canada : même s’il y a le Québec francophone et le Nouveau-Brunswick bilingue, il y a des communautés francophones partout. Chez moi, il n’y a pas de communautés italophones ou germanophones dans chaque canton par exemple, c’est plus segmenté. »

« C’est une opportunité canadienne que chacun puisse connaitre la culture de l’autre au sein de la même province, sans avoir à en sortir. »

Nous confiant qu’une des difficultés rencontrées a été de se reconstituer une vie sociale en repartant à zéro, il partage ses idées de projets dans le social et le communautaire pour les nouveaux arrivants.  

« Toronto est la ville la plus diversifiée et multiculturelle au monde. Tout le monde ne parle d’ailleurs pas l’une ou l’autre des langues officielles et une de mes aspirations serait que chacun se sente accueilli et à l’aise », explique celui-ci. 

Son envie, tisser des réseaux d’intégration systémiques mettant les communautés isolées en lien les unes avec les autres : « pour favoriser la découverte des lieux, de la culture et des langues sur place. D’un côté, mettre en relation les communautés et, de l’autre, favoriser leur intégration ».

Notamment en renseignant et en mettant en avant les compétences linguistiques multiples d’établissements, d’organismes, de centres référents friendly à travers la ville qui peuvent aider les nouveaux arrivants et les faire se sentir à la maison.

Un projet de passerelles multiculturelles sur lequel il compte bien se pencher, à l’échelle de la ville, de la province, voire un jour, pourquoi pas, à l’échelle du pays.

Chaque jour de la Semaine nationale de l’immigration francophone, ONFR vous fait découvrir un portrait d’immigrant francophone en Ontario, son parcours, ses défis, ses succès.