Lutte contre le racisme : « Développer un climat de bienveillance » – Brigitte Langlais

Brigitte Duguay Langlais, coordonnatrice du Réseau de l’immigration francophone de l’Est Ontario. Source: RIFO

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

Brigitte Duguay Langlais est coordonnatrice du Réseau de l’immigration francophone de l’Est Ontario.

LE CONTEXTE :

Le Réseaux en Immigration francophone de l’Ontario (RIFO) ont lancé ce vendredi une stratégie de lutte contre le racisme coïncidant avec la 9e Semaine nationale de l’immigration francophone, dont la thématique Une francophonie aux mille saveurs.

L’ENJEU :

Dans l’optique du renforcement des capacités communautaires, les trois RIFO se sont liés à l’auteur Body Ngoy et les membres de Santé psychologique d’Orléans (SPO) pour outiller leurs partenaires dans la lutte contre le racisme et la discrimination.

« Pourquoi avoir mis en place une stratégie de lutte contre le racisme?

Il faut savoir que les réseaux en immigration francophone travaillent depuis 2007 à l’accueil et l’immigration des nouveaux arrivants francophones. Depuis deux ans à peu près, le ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté [qui est l’un des principaux bailleurs de fonds] a mis sur pied un parcours d’immigration francophone facilitant l’intégration et l’inclusion de ces derniers dans nos communautés.

Nous avons pris conscience, à travers ce parcours d’intégration, que les gens arrivent à s’enraciner s’ils peuvent vivre sans contraintes sociales apparentes. Il était donc nécessaire de travailler sur le racisme et toute forme de discrimination en vue de créer un climat d’ouverture et d’acceptation qui soit propice à l’installation des immigrants francophones en Ontario.

Quelle est l’audience primordiale de cette stratégie?

La stratégie est orientée vers les prestataires de services. Notre objectif est de sensibiliser la majorité blanche francophone à travers les organismes communautaires présents sur le terrain. Notre clientèle se compose principalement des organismes, des entreprises à la fois publiques et privées, qui travaillent directement avec les nouveaux arrivants. Vu que nous ne sommes pas un service direct, nous nous sommes donné pour mission de renforcer les capacités des intervenants et travailleurs de première ligne, mais aussi de sensibiliser la population sur nos initiatives. Dans cette logique, nous voulions sensibiliser sur le privilège blanc et les impacts que cela peut avoir dans notre quotidien. Je pense vraiment que lorsque l’on comprend mieux un problème, nous sommes en mesure de mieux intervenir.

Quelles les mesures et actions vont être conçues pour sensibiliser les organismes à ce sujet?

Nous avons conçu des outils et des formations pour appuyer les organismes communautaires dans leur lutte contre le racisme. Il s’agit entre autres de bandes dessinées de trois à cinq images, courtes, claires et concises. Chacune d’entre elles livre des messages percutant et intéressant, pour nous faire réaliser l’ampleur du problème. Les bandes dessinées vont être jointes avec un outil d’accompagnement qui précise le message et les arguments à utiliser en cas de débat sur la bande dessinée.

Notre second outil consiste en des capsules vidéo adressées aux intervenants et chefs d’entreprise ou organisme communautaire, dans le but de sensibiliser. Ces capsules pourront être transformées au fur et à mesure en balado pour accommoder une plus grande audience. L’objectif principal de ces outils est d’assurer l’éducation populaire des différents acteurs communautaires.

Quels résultats espérez-vous en bout de course?

Au terme de cette campagne, nous espérons avoir amélioré le processus d’accueil et d’intégration des nouveaux arrivants. Nous voulons qu’ils arrivent à prendre leur place et qu’ils puissent s’enraciner au sein de nos communautés. Nous voulons développer un climat de bienveillance pour que les immigrants se sentent mieux accueillis. »