La première ministre élue du Nouveau-Brunswick, Susan Holt, s'adresse à ses partisans à Fredericton, le lundi 21 octobre 2024. Crédit image: LA PRESSE CANADIENNE/Stephen MacGillivray

La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) se réjouit du retour des libéraux au pouvoir avec leur cheffe Susan Holt, qui a remporté hier les élections provinciales. Les libéraux ont rasé l’ensemble des circonscriptions francophones, se dirigeant à Fredericton avec une large majorité.

Le Parti libéral du Nouveau-Brunswick a remporté 31 sièges, six au-delà des 25 nécessaires pour une majorité. Les progressistes-conservateurs, avec 16 sièges, et le Parti vert, avec deux sièges, ferment les dernières marches du podium.

L’ensemble des régions acadiennes sur la côte est, comme Shédiac et Bouctouche, sont entre les mains des libéraux. Idem dans le nord de la province, dans des villes comme Caraquet, Bathurst et Restigouche, où les libéraux ont remporté l’ensemble des comtés francophones, et ce avec une forte majorité. L’ensemble des circonscriptions avec une majorité de francophones ont voté pour le parti de Susan Holt, donnant ainsi 17 sièges aux libéraux.

« Le premier ministre (Blaine Higgs) a dit qu’il n’avait pas besoin du vote francophone. Je crois qu’il a réalisé qu’il a fait erreur, ce (hier) soir », lance la présidente de la SANB en entrevue, Nicole Arseneau-Sluyter qui soutient que « les électeurs ont parlé ».

De plus, en classant les comtés par le pourcentage de résidents francophones, il faut attendre à la 24e circonscription pour trouver un vainqueur du Parti progressiste-conservateur. Les 22 premières circonscriptions sont allées aux libéraux tandis que Tantramar, au 23e rang, a élu une représentante du Parti vert.

« Je pense qu’ils (les francophones) ont voté (massivement) pour les libéraux, car ils voulaient un changement de gouvernement, pense le politologue Mario Lévesque. Cette sorte de conservatisme avec M. Higgs, ce n’est pas le parti conservateur qui les rejoint. »

Avec cette victoire, les libéraux retournent au pouvoir pour la première fois depuis 2018. Susan Holt devient ainsi la première femme élue comme première ministre dans l’histoire du Nouveau-Brunswick. 

« Les Néo-Brunswickois veulent un changement. Ils veulent quelque chose de différent et c’est à nous de livrer une nouvelle politique », a-t-elle lancé dans son discours de victoire à Fredericton, saluant « la plus belle province du Canada et la seule bilingue ».

Blaine Higgs aura failli à son objectif de retourner pour un troisième mandat, lui qui avait été élu en 2018 et en 2020. Il a aussi perdu son siège dans Quispamsis hier. Même s’il ne s’est pas engagé formellement à quitter son poste, le leader progressiste-conservateur a affirmé qu’il aurait des discussions dans les prochains jours à ce sujet.

« Ce n’était pas la soirée que l’on voulait, mais les gens du Nouveau-Brunswick ont parlé (…) Susan, vous avez mérité la confiance des gens et je vous souhaite un bon succès », a affirmé le premier ministre sortant dans son discours de défaite, entièrement en anglais.

Le premier ministre du Nouveau-Brunswick Blaine Higgs.
Blaine Higgs tentait de se faire réélire comme premier ministre pour une troisième reprise. Crédit image : Stéphane Bédard

Pour Mario Levesque, les électeurs ont envoyé comme message qu’ils voulaient un gouvernement « plus balancé sur leurs priorités », comme le logement abordable, la crise des soins de santé et le coût de la vie. Tous des enjeux dont « on n’entendait pas les progressistes-conservateurs parler », souligne le professeur de l’Université Mount Allison.

« D’habitude, on dit que le monde ne vote pas pour un gouvernement, ils se débarrassent d’un gouvernement. Moi, je dirais que le message de M. Higgs n’a pas résonné avec le monde », observe le politologue.

Qui est Susan Holt?

Née à Fredericton, elle est une ancienne cheffe d’entreprise et fonctionnaire, comme présidente du Conseil d’entreprises du Nouveau-Brunswick et conseillère de l’ancien premier ministre Brian Gallant. Susan Holt a fait ses études à l’Université Queen’s de Kingston, en Ontario, et a été élue en 2022 comme cheffe des libéraux. Elle n’est pas francophone à la base, mais a appris le français à l’immersion complète en français dès son plus jeune âge, affirmait-elle en entrevue à l’Acadie Nouvelle. 

La présidente de la SANB affirme l’avoir rencontrée à plusieurs reprises et croit qu’elle sera une bonne personne avec qui transiger concernant les enjeux francophones touchant la province. L’organisme porte-parole des Acadiens demande notamment la création d’un secrétariat entièrement consacré aux langues officielles ainsi que d’un ministère de l’Éducation dédié au système scolaire francophone.

« Je pense qu’il va y avoir une belle relation de travail avec le gouvernement Holt et la SANB. On est positif. Il y a beaucoup plus de représentants acadiens et francophones qui ont été élus ce soir. Au dernier gouvernement, on en avait juste un », affirme Nicole Arseneau-Sluyter.

Nicole Arseneau-Sluyter est la présidente de la SANB. Photo : Gracieuseté SANB.
Nicole Arseneau-Sluyter est la présidente de la SANB. Photo : Gracieuseté SANB.

Lors de la campagne électorale, Susan Holt a fortement parlé des enjeux d’accès au système de santé et de logement abordable, promettant notamment d’imposer un plafonnement provincial sur les loyers de 3 %.

« Le monde veut de l’espoir un peu et ils ont vu ça avec le Parti libéral hier soir, souligne Mario Levesque. Mme Holt a continué sur son agenda, elle voulait parler du système de santé, du logement abordable et elle a continué sur son message. Ça a résonné avec le monde », analyse le professeur en sciences politiques de l’Université Mount Allison.

Sur la scène provinciale, les libéraux ont récolté près de 48 % des voix contre 35 % pour les progressistes-conservateurs, alors que le taux de participation a atteint 66 %, selon les derniers chiffres d’Élections Nouveau-Brunswick.