Nouveau gouvernement, nouvelles désignations avec Durham et Vaughan?
La modernisation de la Loi sur les services en français (LSF) reste, à l’aube des élections, l’espoir de nombreux organismes francophones à travers la province. Déçus par les difficultés du processus, ceux-ci veulent encore y croire.
ROZENN NICOLLE
rnicolle@tfo.org | @Rozenn_TFO
« Quand serons-nous dans une région désignée à Durham? » a-t-on pu entendre le soir du débat provincial entre les représentants francophones des trois grands partis politiques, le mardi 29 mai dernier. Ce cri du cœur chargé d’impatience, c’est Sylvie Landry, ancienne présidente de l’Assemblée des communautés francophones de l’Ontario (ACFO) de Durham-Peterborough, qui l’a lancé depuis l’audience.
Après 10 années à la tête de l’association, Mme Landry a passé le flambeau, le mois dernier, à Achille Fossi, mais continue d’espérer obtenir, un jour, des services en français dans sa région.
« À Pickering, il y a une dame qui comprend le français, mais on m’a envoyée à un autre Service Ontario qui se trouve à un peu plus de 20 km en me disant que la région n’était pas désignée », s’insurge Mme Landry. Et d’ajouter : « Et le gouvernement permet que ces bureaux fassent ça. »
Les efforts de Mme Landry pour voir la région de Durham désignée en vertu de la LSF n’ont pas été couronnés de succès. La désignation attendue depuis 2009, avait volontairement été limitée à Oshawa, par la suite. Sans succès.
L’espoir d’une province entièrement désignée
À l’aube des élections, la question de cette refonte se pose toujours.
Du côté des organismes, on se dit prêt à travailler avec tous les partis, quelle que soit l’issue des élections. On rêve cependant à la désignation complète de la province.
« Moi je suis une rêveuse, j’aime rêver à cet idéal. Je pense que c’est possible. Il y a comme un momentum depuis deux ans, si on garde ce momentum, je pense que c’est possible, mais c’est un travail de longue haleine », confie Nadia Martins, directice générale de l’Association des francophones de la région de York (AFRY), en entrevue avec #ONfr.
En 2016, l’organisme avait commencé des démarches pour que la Ville de Vaughan, dans la banlieue de Toronto, devienne assujettie à la LSF. Des démarches aujourd’hui sur la glace.
« En 2018, on devrait avoir accès aux services en français dans toutes les régions de l’Ontario. Pas forcément dans tous les Services Ontario, mais au moins un dans chaque région. On ne demande pas l’impossible, mais ce qui est raisonnable », tranche Mme Landry. « À Durham, on compte sept écoles de langue française. On n’en ferme pas, on en ouvre, et quand on les ouvre, elles sont pleines », a-t-elle ajouté.
Des engagements électoraux favorables
Du côté des partis, chacun y va de ses promesses et on n’écarte pas cette option.
« Dans les premiers cent jours, on va faire une refonte complète (de la loi) », a répondu Marie-France Lalonde, ministre sortante aux Affaires francophones, à la question posée par Mme Landry. Une promesse qui avait déjà été faite par les libéraux en 2016, sans que cela ne se concrétise.
Les néo-démocrates et les progressistes-conservateurs se sont également dits en faveur d’une modernisation de cette loi, sans pour autant l’inscrire dans leur programme ou donner plus de détails. Le NPD a lui été un peu plus loin en promettant une grande consultation sur le sujet si le parti arrivait au pouvoir.
Un processus qui repose sur les organismes
L’accès aux services en français, garanti par la Loi sur les services en français (LSF), se limite à des régions dites désignées. Ces désignations se font par le gouvernement et selon des critères précis : au moins 10 % de francophones dans ladite région, ou pour les centres urbains, un total de 5 000 francophones. Des critères qui peuvent toutefois être subsidiaires si les élus en décident ainsi. Le processus, quant à lui, est long et complexe. Il nécessite, entre autres, l’appui de l’ensemble des députés provinciaux de la région.
« Le fardeau ne devrait pas être aussi lourd pour la communauté et un politicien local ne devrait pas avoir autant de pouvoir dans une décision provinciale. » – Nadia Martins, directrice générale de l’AFRY.
« Le fardeau de tout le travail tombe sur les épaules de la communauté, et au final la prise de décision revient aux politiciens. On est en 2018, mais il y a encore des gens qui ne comprennent pas les enjeux de la francophonie », regrette Mme Martins.
Pour l’heure, la directrice de l’AFRY se concentre sur la dernière victoire en date : la désignation de Markham en 2015. Les différents ministères avaient deux ans pour s’organiser à offrir leurs services, un délai qui prendra fin le 1er juillet prochain. « À partir de cette date, les gens peuvent réclamer leurs services en français », s’enthousiasme-t-elle.
Selon elle, le succès de cette désignation pourrait influencer les prochaines, notamment celle de Vaughan, qui reste clairement dans sa ligne de mire.