Nouvelle tournée et album pour Yao
OTTAWA – L’incontournable figure de la culture franco-ontarienne, Yao, lance son quatrième album Kintsugi le 27 mai et débute une nouvelle tournée, ce mercredi, à Contact ontarois, qui se conclura le 18 juin à Gatineau avec entre-temps des spectacles à Ottawa (12 mai), Québec (16 mai) et Toronto (20 mai).
« J’ai très hâte de présenter ce nouveau spectacle! On a hâte de comparer les réactions du public européen qu’on vient d’avoir avec les réactions du public canadien », lance Yao en entrevue avec ONFR+.
De retour d’une tournée en Suisse, en Belgique et en France, l’artiste est heureux de la réception qu’il a connue pour son nouveau spectacle. « Ça faisait chaud au cœur, car c’est un peu un défrichage pour nous dans la perspective que ce sont des nouvelles chansons que l’on fait pour la première fois devant public », raconte-t-il.
Il espère bien vivre une aussi bonne ambiance devant ses amateurs locaux. « Je m’attends à beaucoup de chaleur. Du fait de la pandémie avec deux ans sans activité, je pense qu’il y aura une très belle énergie de la part du public canadien qui me connaît pour mes spectacles intimes », exprime-t-il. « C’est un projet très personnel. »
Personnel et thérapeutique
Pour ce nouvel album, Yao est allé puiser dans ses racines. Kintsugi navigue entre le hip-hop, l’alternatif, le slam avec un côté funk et soul aux sonorités afros. Il en résulte onze chansons originales.
Le kintsugi est un art japonais consistant à réparer des vases ou des assiettes en céramique avec des métaux précieux tels que l’or. Une fois réparée, l’œuvre d’art prend de la valeur et ses fissures attirent l’œil.
« Je suis parti de cette idée pour faire un kitsungi de l’homme en mettant la lentille sur mes propres blessures et essayer d’en faire quelque chose de beau en retrouvant de la beauté dans le chaos », raconte Yao à ONFR+. « Je pense que les gens vont se reconnaître dans beaucoup des chansons alors que de nombreuses vies ont été chamboulées dans les deux dernières années. »
J’ai essayé de retrouver la beauté dans le chaos – Yao
« Ce n’est pas vrai que toute adversité nous rend plus forts. Toute adversité nous détruit. La seule vérité du processus est qu’une fois que l’on est en mille morceaux, on a le choix de rester en mille morceaux ou de se reconstruire. C’est dans cette idée de se reconstruire que m’est venue cette image d’une assiette en céramique qu’on répare un morceau à la fois, une chanson à la fois », poursuit-il.
Amenant le public à ressentir de l’espoir, de la résilience et de la peine, Yao décrit chacune de ses chansons comme un « état d’âme ». Dans son univers artistique, le chanteur souhaite que les spectateurs se questionnent profondément sur eux tout en appréciant tous les moments de l’expérience musicale. « Ils peuvent se concentrer juste sur le texte ou encore juste écouter la musique ou faire les deux. C’est un album qui est fait pour être écouté comme ça. »
« Mon meilleur projet jusqu’à présent »
Yao a enregistré son premier album solo Généris en 2011. Rendu à son quatrième, l’artiste se plaît à raconter les différentes émotions qui l’ont traversé au cours de sa carrière. « Au premier album, on est comme un gamin qui découvre son premier Noël. On est excité de partager avec le public. Au quatrième album, il y a une certaine pression. Il y a une attente de l’industrie et du public. »
Ces expériences de vie ont mené Yao a acquérir une certaine maturité comme figure du secteur culturel.
« Je suis un artiste beaucoup plus mûr, plus ancré dans sa folie créative. J’ai beaucoup plus confiance dans mes délires, explique-t-il. Je me permets d’être plus créatif, d’oser pousser mes propres limites sans craindre une réaction du public qui serait à l’encontre de ce que je recherche. »
Si l’artiste a changé durant son parcours, il est toujours resté fidèle à la musique francophone et à la défense de la langue française au Canada.
« La francophonie est un moyen de renforcer notre coopération culturelle. Partout où tu vas, tu trouves quelqu’un qui parle français. Le français me permet de me connecter à des gens aux cultures différentes des miennes. On arrive à partager. C’est la beauté de la francophonie canadienne qui est si différente d’un bout à l’autre du pays et qui se rejoint autour de la même table », conclut-il.