Objectif relance à tout prix pour Doug Ford

Le premier ministre de l'Ontario. Doug Ford. Archives ONFR+

[ANALYSE] 

TORONTO – Le 7 juin, Doug Ford célébrait la première année de son élection à la tête de l’Ontario. Mais l’an II du gouvernement progressiste-conservateur a véritablement commencé jeudi dernier.

On s’attendait à ce que Doug Ford change ses ministres, mais pas autant. Les démotions de Vic Fedeli, Caroline Mulroney, ou Lisa Thompson montrent l’urgence d’une nouvelle impulsion pour le premier ministre. Le départ le lendemain de son chef de cabinet, le controversé Dean French, a donné un peu plus d’ampleur à ce remaniement.

Et maintenant? Car avec 22,4 % d’intentions de vote selon le sondage publié par Recherche Mainstreet le mois passé, le parti de Doug Ford n’a plus les faveurs de l’opinion. Le gouvernement a maintenant trois ans pour redresser la barre. Mais le peut-il encore?

L’an II de Doug Ford risque de ressembler à sa première année : des coupes et encore des coupes en vue d’équilibrer un budget dont le déficit est maintenant pointé à 10,3 milliards de dollars. Le hic, c’est que la marge de manœuvre sera encore plus étroite pour y parvenir. D’autant que les coffres de la province ne seront pas remplis par une augmentation des impôts de la part du gouvernement.

La politique est bien souvent l’art de tenir en haleine plus que les résultats. Or, Doug Ford se vante d’avoir déjà livré 85 % de son programme. Force est d’admettre que le premier ministre a fait vite durant cette première année. Les réformes de la santé et de l’éducation ont été présentées dès le printemps, l’environnement en a eu aussi pour son grade… Comment le premier ministre va-t-il dès lors pouvoir maintenant capter l’intérêt des Ontariens?

L’hypothèse de voir un Doug Ford plus conciliant et distribuant quelques bonbons après les gros sacrifices des 12 premiers mois n’est pas à exclure. Mais cette stratégie n’est pas toujours couronnée de réussite. L’ex-premier ministre Philippe Couillard au Québec en sait quelque chose. De même son homologue Stephen Harper au fédéral.

Besoin d’un premier ministre plus transparent

S’il veut sortir de l’ornière, Doug Ford devra en réalité devenir plus transparent. C’est même le défi premier pour reconstruire un lien de confiance avec ses électeurs. La plupart ne lui ont pas pardonné sa promesse de campagne non tenue de ne couper aucun fonctionnaire.

De la même façon, beaucoup de ses partisans avaient vu en lui un champion contre le gaspillage du précédent gouvernement libéral et la « politique entre amis ». À cet égard, le coût de trois milliards de dollars à la suite du retrait de l’Ontario du marché du carbone ou encore la nomination avortée de l’ami de Doug Ford, Ron Taverner, à la tête de la Police provinciale de l’Ontario (PPO) ont déçu.

Des circonstances favorables

Mais le gouvernement pourrait éventuellement s’en sortir grâce à des circonstances favorables. D’une, l’économie ne tourne pas si mal. Le taux de chômage stabilisé à environ 6 % et la bonne santé actuelle de l’économie américaine dont l’Ontario est si dépendant sont des indicateurs encourageants.

Et puis, le chef du gouvernement, fut-il décrié, n’a toujours pas d’adversaire à sa taille dans l’opposition. La néo-démocrate Andrea Horwath reste peu audible, tandis que les libéraux ne connaîtront pas leur chef avant 2020.

Pour se relancer lors de cette deuxième année de mandat, Doug Ford n’aura peut-être qu’un adversaire qui pourrait lui faire du tort : lui-même.

Cette analyse est aussi publiée dans le quotidien Le Droit du 25 juin.