« On espère inspirer d’autres communautés » : des Franco-Ontariens ouvrent le premier refuge pour sans-abri de Temiskaming Shores
[ENTREVUE EXPRESS]
QUI :
Yves et Lianne Paillé sont un couple d’entrepreneurs franco-ontariens de New Liskaerd. Ensemble, ils travaillent sur un projet de refuge pour personnes vivant en situation de sans-abrisme depuis cinq ans.
LE CONTEXTE :
Le refuge Zack’s Crib est le premier du Témiscamingue ontarien, les refuges les plus proches étant situés dans des villes comme North Bay ou Timmins.
L’ENJEU :
Avec 12 lits, ce refuge pourrait à lui seul héberger la moitié de la population sans-abri dans la région de Temiskaming Shores.
« D’où vient l’idée derrière le projet?
Il y a cinq ans on a eu des problèmes avec notre garçon qui a souffert de troubles de santé mentale et de toxicomanie, et là on a été obligé de lui dire que la maison n’était plus une option pour lui. À l’époque et jusqu’à l’ouverture de notre refuge, il n’y avait aucune place dans le Témiscamingue ontarien pour l’accueil de ces personnes alors on s’est dit qu’il fallait qu’on fasse quelque chose. C’est vraiment un projet de cœur, car on voulait aider d’autres jeunes, d’autres familles.
C’est une décision difficile pour un parent alors on voulait leur faciliter la tâche, là ils savent qu’il y a Zack’s Crib. Personne ne mérite de coucher dehors. On espère inspirer d’autres communautés à faire la même chose. Que d’autres (le fassent) ce serait notre plus grand rêve.
Comment avez-vous financé la construction du refuge?
C’est ce qui a été le plus long. Il y a des fonds pour des rénovations, mais pour la construction, des fonds de capital, il n’y en a pas. On a fait des levées de fonds, écrit des lettres à toutes les entreprises, aux particuliers etc. On est chanceux, car dans la région on a beaucoup de ressources naturelles, forestières et on a de l’agriculture, ça l’a aidé. On a acheté le bâtiment il y a trois ans, mais avec la COVID-19 les coûts des matériaux ont beaucoup augmenté et tout était au ralenti. L’autre obstacle c’était que les contracteurs étaient tous occupés ailleurs, mais on a fini par en trouver un et là, de misère, le projet a pu décoller.
Avez-vous d’autres ambitions pour ce projet?
En ce moment, on se concentre sur l’ouverture, mais il y a plusieurs étapes, on va voir comment ça va aller. On a 12 lits, ce qui est beaucoup pour la région, mais on veut aller au-delà de ça. On ne veut pas que les jeunes se disent que Zack’s Crib est leur lieu permanent, mais on souhaite brancher les personnes sans-abri avec les ressources qui existent aux alentours. L’idéal serait, plus tard, d’avoir une maison de transition où plusieurs petits appartements pourraient accueillir des personnes sans domicile fixe pour les familiariser avec le fait d’avoir un lieu permanent avant qu’ils puissent se retrouver seul entre quatre murs.
Quels sont les critères pour passer la nuit dans l’abri?
On a deux entrées, une à l’arrière puis une devant où l’on fait une sorte de triage. Tant que vous n’êtes pas agressif, on va vous accepter tel que vous êtes. C’est premier arrivé, premier servi. Nos invités, comme on les appelle, pourront arriver à 22 h la semaine et jusqu’à 8 h le lendemain matin et la fin de semaine de 10 h et 16 h. On a des casiers pour garder les affaires et on va offrir un petit-déjeuner le matin en plus de les aiguiller vers des ressources pour leur journée en fonction de leurs besoins et des raisons qui les ont amenés à être en situation de sans-abrisme.
Combien de personnes travailleront à l’accueil et la coordination du centre?
On a une directrice, un coordinateur, des employés à temps plein, à temps partiel et des contractuels. Tout a été pas mal planifié. On a embauché un consultant qui a même travaillé gratuitement la première année tellement il croyait en notre cause. Puis on fonctionne sur une subvention du gouvernement ou une subvention privée. Même si on est un organisme à but non lucratif, on a un budget, puis il faut le suivre serré.
Allez-vous ouvrir à temps pour Noël?
Oui, c’est pour très bientôt ça c’est sûr. »