L’Ontario accueille un congrès pancanadien sur l’éducation francophone
MARKHAM – La 78e édition du congrès de l’Association canadienne d’éducation de langue française (ACELF) débarque à Markham de jeudi à vendredi. Près des 400 congressistes se rassembleront lors d’un rendez-vous annuel et interprovincial, afin de partager leurs bonnes pratiques en manière d’éducation francophone.
Ce jeudi, la province accueillera ateliers, remises de prix et échanges de ressources entre les acteurs de la communauté éducative francophone du pays. « Le but du congrès est de fournir du matériel pour les écoles en collaboration avec les universités francophones, pour que les jeunes puissent vivre leur propre construction identitaire », explique le Néo-Brunswickois Marcel Larocque, qui préside l’ACELF depuis cinq ans.
Ce dernier explique qu’en ayant lieu dans une province comme l’Ontario qui compte de nombreuses communautés francophones en situation minoritaire, ce rassemblement permet de rallier les acteurs de la région aux discussions pancanadiennes relatives aux enjeux éducatifs, en y soulignant l’expertise franco-ontarienne locale.
« Que l’on vienne de la péninsule acadienne du Nouveau-Brunswick, ou de Gravelbourg en Saskatchewan, ou encore du centre-ville de Toronto, les trois écoles francophones n’ont pas les mêmes réalités, mais les défis sont souvent les mêmes », indique le président.

En représentant l’ouest du pays, l’Ontario, le Québec et le Canada atlantique, l’ACELF demeure l’un des seuls organismes en éducation incluant autant de provinces et de territoires.
« En allant de région en région et en discutant de pédagogie et de francophonie, chacun apporte de son milieu et ça permet de voir ce qui se fait dans telle ou telle localité », poursuit-il.
Ce dernier note que cela donne une meilleure possibilité pour les enseignants des écoles avoisinantes de s’y présenter : « Notre but, c’est que ça retourne vers les écoles, vers les enfants, vers les élèves, puis ça donne des idées, afin de renforcer leur propre construction identitaire. »
Cette année, les Franco-Ontariens assureront la présentation de près de la moitié des ateliers, avec les conseils scolaires Viamonde et MonAvenir comme principaux partenaires, marquant ainsi la forte présence de l’Ontario français au congrès.

Mettre l’accent sur l’IA
L’un des thèmes soulignés cette année insiste sur le tournant numérique avec l’intelligence artificielle (IA) au cœur des défis éducatifs en milieu francophone.
« Comment utiliser l’intelligence artificielle vers l’apprentissage, comment adapter l’aspect technologique et apprivoiser les nouvelles méthodes d’enseignement? », observe M. Larocque.
Selon la conseillère pédagogique Laurie Couture, l’IA constitue un allié important à l’éducation francophone dans la mesure où son utilisation demeure surveillée. En effet, l’IA offre l’opportunité d’enrichir l’enseignement du français en contexte minoritaire selon elle, ce qui peut encourager les élèves dans l’expression de leur identité et culture francophone.
« L’IA peut nous aider parfois à aller plus loin que ce qu’on aurait pu penser faire. Par exemple, l’évaluation, la différenciation pédagogique, l’adaptation des contenus pour les élèves ayant plus de difficultés ou bien ceux ayant des capacités supérieures constituent des thématiques importantes », affirme la formatrice.
Certains intervenants s’accordent à dire que l’IA suscite une réticence généralisée au sein de la profession enseignante. Toutefois Mme Couture voit les choses autrement : « Tant que le lien va rester au centre de la pratique d’un enseignant avec ses élèves, l’IA ne peut pas le menacer. »

Pendant que plusieurs provinces se sont dotée de guides d’utilisation de l’IA, en Ontario, le ministère de l’Éducation veut imposer des formations sur l’IA et la cybersécurité aux enseignants.
« C’est important en tant que société de s’intéresser à ce qui se passe présentement avec l’intelligence artificielle à la maison et pas juste à l’école », ajoute Laurie Couture.
Fin septembre, à la suite d’utilisations nocives de plateformes telles que ChatGPT, notamment de la part de plus jeunes, des politiques de contrôle parental ont été introduites. Néanmoins, une partie des experts souhaite des mesures de protection plus durable. Une délégation d’une vingtaine de jeunes venus de partout viendra alimenter le dialogue générationnel lors du congrès afin de favoriser la collaboration des provinces.
Halifax sera l’hôte de la 79e édition. L’étendue du réseau éducatif pancanadien amène le congrès à se réunir chaque année pour discuter des enjeux de l’heure.
« C’est un événement où les gens sont intéressés par l’éducation de langue française, peu importe qui ils sont, conseillers scolaires, universitaires, membres de la communauté, enseignants, jeunes, etc. » souligne Marcel Larocque sur le plus grand rassemblement pancanadien en éducation,
« L’ACELF étant pancanadienne, elle se promène partout », convient-il.