« Oser notre francophonie serait d’avoir notre université » – Ronald Caza

L'avocat Ronald Caza. Archives ONFR+

ROCKLAND – La crise évitée de peu au collège agricole d’Alfred démontre l’importance, pour les francophones de l’Ontario, d’avoir le plein contrôle de leurs établissements d’enseignement, estime l’avocat de renom Ronald Caza.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Et le chaînon manquant est celui d’une université « par et pour les francophones », de l’avis du juriste spécialiste du droit des minorités.

« Oser notre francophonie serait d’avoir notre université franco-ontarienne », a martelé Me Caza lors du 16e Banquet de la francophonie de Prescott et Russell, dont il était l’invité d’honneur, le samedi 29 mars. « Nous nous sommes pris en main. Nous avons obtenu nos écoles élémentaires de langue française. Puis, nos écoles secondaires. Et enfin, nos collèges. Mais il nous manque toujours notre université ».

Les francophones de l’Ontario doivent se mobiliser pour obtenir cette université, mais aussi demeurer sur le qui-vive pour éviter de perdre des acquis comme le collège d’Alfred, a exhorté Me Caza, qui s’est fait connaître, entre autres, pour sa défense de l’Hôpital Montfort, à Ottawa.

« Ce n’est pas que nous n’ayons jamais eu (nos universités). Nous les avons déjà eues et nous les avons perdues. Maintenant, il faut les regagner », a exhorté Me Caza, faisant allusion à l’Université Laurentienne et l’Université d’Ottawa, toutes deux fondées par des religieux francophones et devenues bilingues avec le temps.

Les leçons d’Alfred

Les Franco-Ontariens ont aussi failli perdre le collège d’Alfred, largué récemment pour des raisons financières par l’Université de Guelph, à laquelle le campus de formation agricole de l’Est ontarien était rattaché depuis une quinzaine d’années.

« On n’a pas regardé l’impact pour la communauté francophone », a déploré Me Caza, arguant dans le sens d’une gouvernance de la minorité.

Le seul établissement francophone d’enseignement de technologies agricoles et alimentaires de l’Ontario aurait fermé ses portes d’ici un an, n’eut été d’un sauvetage de la onzième heure par les collèges Boréal et La Cité. La survie de deux des six programmes actuellement offerts à Alfred serait assurée, du moins à court terme.

« Moi, je veux non seulement que le collège d’Alfred reste ouvert, mais aussi qu’il grandisse et qu’il continue à se développer pour qu’il y ait encore plus d’étudiants », a exprimé Madeleine Meilleur, ministre déléguée aux Affaires francophones de l’Ontario, en marge du banquet.

Mme Meilleur, nouvellement promue Procureure générale de l’Ontario, s’est aussi prononcée en faveur d’une gouvernance francophone, de même qu’une gouvernance régionale au niveau universitaire.

Bien que peu évoquée dans des termes clairs, l’affaire du collège d’Alfred a tout de même servi de toile de fonds à ce 16e Banquet de la francophonie de Prescott et Russell, qui avait lieu à Rockland.

« Il faut aider la relève agricole », a scandé Gilles Gratton, un des fondateurs du collège d’Alfred, au moment d’être admis à l’Ordre de la francophonie de Prescott et Russell.

Le conseiller scolaire François Bazinet, la choriste Nicole Charbonneau et la bénévole Louise Lalonde ont aussi été honorés pour leur contribution à la francophonie de l’Est ontarien. Gabrielle Goulet, jeune chanteuse originaire du village de Bourget, et Jean-Philippe Héroux, président de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO), out tous deux décroché un Prix jeunesse Thomas-Godefroy.