Ottawa-Vanier : la succession de Nathalie Des Rosiers lancée
[ANALYSE]
OTTAWA – Et de quatre! La circonscription provinciale d’Ottawa-Vanier vivra sa quatrième élection en cinq ans. La démission de l’élue libérale Nathalie Des Rosiers effective depuis le 31 juillet oblige les électeurs à revenir aux urnes au courant de l’automne.
Mais l’essentiel se jouera probablement le 7 septembre, date de l’investiture du candidat libéral. Château fort libéral depuis 1971, Ottawa-Vanier ne devrait pas changer de couleur à moins d’un rebondissement exceptionnel.
Imprenable Ottawa-Vanier? Lors de l’élection partielle de 2016, le candidat-vedette du Parti progressiste-conservateur, l’ancien ombudsman André Marin, avait terminé très loin de Nathalie Des Rosiers. Malgré la déconfiture de son parti aux dernières élections générales, la députée avait alors conservé sans problème son siège de députée.
Rockcliffe, la Côte-de-Sable et Overbrook, autant de quartiers d’Ottawa-Vanier où vit une population à priori cosmopolite, progressiste, et où les employés de la fonction publique ont pignon sur rue. Une vote dès lors plus favorable au Parti libéral de l’Ontario. La longévité du député Mauril Bélanger au fédéral, ou encore les postes occupés à Queen’s Park par les élus Bernard Grandmaître et Madeleine Meilleur ont contribué à entretenir le « mythe libéral » dans la circonscription.
Quatre candidats
Le 7 septembre, ils seront au moins quatre à espérer obtenir l’investiture : Adam Ferguson, l’étudiant en sciences politiques Dominique Persechino, la présidente de l’Association communautaire de Vanier, Lauren Touchant, et la présidente du Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO), Lucille Collard, déclarée il y’a tout juste quelques jours.
Cette dernière part avec un avantage sur ses trois concurrents. D’une, son statut de présidente d’un conseil scolaire lui donne une certaine notoriété dans la communauté. Par ailleurs, son carnet d’adresses lui permet de bénéficier du soutien de l’ancien recteur de l’Université d’Ottawa, Alan Rock, ou encore du conseiller municipal de Rideau-Vanier, Mathieu Fleury, un temps pressenti pour briguer l’investiture.
Déjà candidate à l’investiture en 2016, Mme Collard s’était inclinée contre Mme Des Rosiers non sans un parfum de controverse. Quelque 105 membres recrutés selon ses soins n’avaient pu prendre part au vote à la dernière minute.
Revancharde et favorite, Lucille Collard ne devra pas minimiser les obstacles. Et cela commence par une éventuelle division des voix autour des candidats francophones.
Un phénomène déjà observé lors de l’investiture libérale fédérale il y a deux ans. Si Mona Fortier l’avait emporté au milieu d’une pléiade de candidats francophones, la deuxième place de Khatera Akbari, issue des communautés culturelles d’Ottawa, avait rappelé l’importance du « vote ethnique » dans cette circonscription très multiculturelle. Avec moins de 30 % de francophones, Vanier n’est plus le fief francophone d’autrefois.
L’enjeu de conserver un député francophone
Quoi qu’il en soit, cette élection partielle dans Ottawa-Vanier doit être observée d’un œil aiguisée. D’une parce qu’effectivement, il est préférable qu’un francophone garde la main dans ce territoire. Les départs de Nathalie Des Rosiers et Marie-France Lalonde, le temps de parole réduit d’Amanda Simard du fait son étiquette de députée indépendante, voilà autant de mauvaises nouvelles pour la représentation franco-ontarienne.
De plus, il s’agit bel et bien d’un test pour le gouvernement de Doug Ford, en difficulté. À l’inverse, un succès net et probant du candidat libéral pourrait redonner un élan au parti, réduit maintenant à six députés.
Le candidat libéral investi le 7 septembre prochain sera bien plus qu’un candidat. Et une partie de l’avenir du parti dépendra de lui.
Cette analyse est aussi publiée dans le quotidien Le Droit du 12 août.