Parti libéral de l’Ontario : nouvelle stratégie pour la course à la chefferie

John Fraser, chef intérimaire du Parti libéral de l'Ontario
John Fraser, chef intérimaire du Parti libéral de l'Ontario, au cours du rassemblement annuel du parti. Crédit image: Parti libéral de l'Ontario

HAMILTON – Le rassemblement annuel du Parti libéral de l’Ontario a eu lieu cette fin de semaine. Réunissant près de 1 500 personnes, il s’agissait du plus important depuis 20 ans. Au programme : constitution du nouveau conseil exécutif et modernisation des modalités de vote direct pour l’élection du prochain leader du seul parti sans chef à Queen’s Park, depuis 2022.

Près de 1 500 membres délégués se sont réunis cette fin de semaine à Hamilton pour l’assemblée annuelle du Parti libéral. Selon John Fraser, son chef intérimaire, il s’agissait d’« une opportunité de développement du parti pour être plus fort en amont des élections de 2026 ».

Parmi les temps forts, la création du nouveau conseil exécutif, la nomination de l’ex-ministre des Transports Kathryn McGarry comme présidente et le changement du système de vote pour les membres du parti qui donneront leur voix directement au candidat de leur choix pour l’élection du prochain leader, en utilisant un bulletin préférentiel.

« Tous les membres du Parti libéral de l’Ontario auront un rôle plus direct à jouer dans la sélection du prochain premier ministre de l’Ontario », a commenté M. Fraser.

Dans son discours de samedi, qui se voulait fédérateur, il a appuyé l’importance que revêt cette élection : « Je sais que tous les libéraux de l’Ontario sont ravis d’élire un nouveau chef, car, contrairement au NPD, le Parti libéral de l’Ontario aura une vraie course à la chefferie compétitive pour élire celui qui amènera des milliers de nouveaux membres et saura parler avec les Ontariens de ce qui compte pour eux. »

Les 1500 délégués libéraux ont adopté de nouvelles règles de vote pour élire leur prochain chef. Crédit image : Parti libéral de l’Ontario

Le député d’Ottawa-Sud nous avait confié la semaine dernière que trois candidats libéraux avaient déjà indiqué leur intention de se lancer dans la course – Yasir Naqvi, député fédéral Ottawa-Centre, Nathaniel Erskine-Smith, député fédéral Beaches-East York et Ted Hsu, député provincial Kingston et les Îles – ajoutant que cinq autres potentiels candidats y songeaient également, sans préciser de noms.

Dans leur quête d’un leader, les libéraux avaient précédemment essuyé quelques revers, tentant d’approcher Mike Schreiner, chef du Parti vert de l’Ontario, la députée Mitzie Hunter (Scarborough-Guildwood), ancienne candidate à la chefferie en 2019 en réflexion pour la course à la mairie de Toronto, ou encore Bonnie Crombie, mairesse de Mississauga. Tous avaient tour à tour décliné.

Charles Sousa, ancien ministre des Finances de l’Ontario, avait également refusé le leadership pour devenir député fédéral.

Trois élus convoitent pour l’heure la chefferie : les députés fédéraux Nathaniel Erskine-Smith et Yasir Naqvi, ainsi que le député provincial Ted Hsu. Source : Twitter

Selon la politologue Geneviève Tellier, le fait que « ça n’ait pas attiré les foules » est inquiétant pour un parti aussi important dans l’histoire de la province. « C’est souvent indicateur de la santé d’un parti », explique-t-elle.

Puis de rappeler « qu’il n’y avait pas foule non plus pour prendre la tête du parti néo-démocrate », y voyant un déclin de l’engouement pour la politique en général ainsi qu’un réalignement d’une gauche qui se cherche encore.

« Un nouveau chef est nécessaire rapidement pour donner une impulsion » – Geneviève Tellier

Au pouvoir pendant près de 15 ans, le Parti libéral a eu à sa tête des leaders durables : Dalton McGuinty de 2003 à 2012 et Kathleen Wynne, de 2013 à 2018, première femme premier ministre de l’Ontario. Mais la défaite des libéraux en 2018 en faveur du Parti progressiste-conservateur semble avoir inversé cette tendance depuis.

Après une première période d’intérim transitoire assurée par John Fraser, en juin 2022 Steven Del Duca avait démissionné après seulement deux ans à la tête du parti et sa défaite lors du dernier scrutin provincial.

Selon Mme Tellier, ne pas avoir de chef depuis si longtemps porte préjudice à l’image du parti, qui pourrait s’être fait oublier, d’autant qu’il ne jouit plus d’un statut de parti officiel à Queen’s Park : « Sans leadership public, le parti ne peut pas vraiment se positionner sur des orientations de fond. »

« Un nouveau chef est nécessaire rapidement pour donner une impulsion à ce parti-là, amorcer une réflexion sur les deux dernières défaites et une nouvelle stratégie pour la suite. »