Après une étape de Coupe du monde décevante en Chine, Ivanie Blondin a déjà le regard tourné vers la suite de sa saison. Photo : Matthias Schrader/AP Photo

[ENTREVUE EXPRESS]

Ivanie Blondin est l’étoile franco-ontarienne du patinage de vitesse canadien. Sur le départ groupé ou au 3000 mètres, en individuel, ou par équipe, l’Ottavienne qui vit à Calgary fait partie des meilleures au monde. 

LE CONTEXTE :

La patineuse de vitesse a connu un début de saison d’abord couronné de succès aux Championnats des quatre continents, puis lors de la première étape de Coupe du monde au Japon, avec trois médailles d’or, une d’argent et deux de bronze. L’étape suivante de Coupe du monde, il y a une semaine en Chine, a en revanche vu la Franco-Ontarienne ne signer aucun podium.

L’ENJEU :

Ivanie Blondin revient en détails sur son début de saison, notamment sur sa disqualification lors du départ groupé à Pékin, avant de se projeter sur les prochaines échéances à venir : l’étape de Coupe du monde chez elle à Calgary, les Championnats du monde et, à plus long terme, les Jeux olympiques de 2026.

« Pour commencer, revenons sur la dernière étape de Coupe du monde en Chine. Fait très rare, vous n’avez fait aucun podium. Ça avait déjà été compliqué la saison dernière. Comment l’expliquez-vous? 

J’ai vraiment beaucoup de misère avec la Chine. Ce n’est pas que je n’aime pas. Je ne sais même pas comment l’expliquer. L’année passée, c’était quelque chose d’un peu différent, parce que j’étais très malade. J’avais une grosse fièvre le soir avant la compétition. J’étais comme « en mode survie » toute la fin de semaine, jusqu’au dimanche. 

Cette année, je n’étais pas trop malade. J’avais un peu le nez qui coulait, mais surtout, physiquement, j’étais ‘éclatée’.  À la fin de la compétition, le dimanche, j’avais déjà eu quelque chose comme 15 courses dans les jambes, deux semaines et demie avant. Ça fait que c’était, peut-être, un peu trop. Je pense que je n’aurais peut-être pas dû faire toutes les courses aux Quatre Continents, mais en même temps, je pense que c’était bon dans un sens, parce que ça me donnait comme un bon feeling pour rentrer dans les deux premières étapes de Coupe du monde, en sachant où j’étais physiquement et mentalement.

C’est pour ça aussi que j’ai si bien performé dans le 3000 mètres à la Coupe du monde numéro un (médaille d’or). Il y a du positif et du négatif.

Vous terminez huitième sur le 3000 mètres lors de la deuxième étape. Comment analysez-vous cette performance inhabituelle? 

J’étais dans le mix, juste à une demi-seconde du podium. Ça fait que c’est vraiment pas si grave que ça. C’était juste une erreur que j’ai faite au début de la course, où je suis partie un peu trop vite. Puis, mon dernier tour était un peu trop lent. Il aurait vraiment fallu trouver le juste milieu. Physiquement, peut-être que j’aurais dû prendre ça un peu plus relax sur le premier tour.

Puis, sur les quatre premiers tours, garder un peu d’énergie pour en avoir un peu plus à la fin. Mais c’est ça. Ça a été comme vite, vite, vite, puis après ça, vraiment lent. 

C’est comme ça qu’on apprend aussi. J’ai 34 ans, mais à chaque course, on apprend toujours quelque chose de nouveau. Puis, on s’ajuste pour les prochaines. Ce n’était pas nécessairement une mauvaise semaine. Physiquement, j’étais un peu fatiguée.

Vous avez aussi eu des mésaventures sur le départ groupé, votre point fort pourtant…

Au départ groupé, il y a vraiment eu un gros problème sur les deux derniers tours. Il y a eu de vifs débats avec les officiels, mais ils n’ont rien voulu savoir. On aurait pu avoir genre 15 qualifications dans cette course-là, mais ils ont regardé seulement à un moment.

Ce qui s’est passé, c’est que j’ai essayé de faire un dépassement. Il restait 600 mètres de course, un tour et demi. J’étais en avant d’une Italienne pour me placer directement en arrière des filles du Pays-Bas. Puis, l’Italienne m’a prise par l’épaule et elle m’a tirée en arrière. Je me suis défendue pour garder ma position. J’ai pris son bras et je l’ai tiré. 

Mais après, comme je l’avais prise par le bras, elle a pris la fille devant elle, puis elle l’a tirée aussi. Donc, la manière dont j’ai vu ça, c’est que oui, j’ai répondu, mais l’Italienne a fait un pas supplémentaire. Je n’avais rien à voir avec ça. Pour moi, l’officiel a eu une réaction un peu ridicule. Techniquement, avec ce qui s’est passé, ça aurait dû être deux disqualifications, pour le partage de responsabilité.

Comme vous l’avez dit, c’était une course très mouvementée, avec beaucoup de bousculades qui n’ont pas été sanctionnées. À quel point c’est frustrant que cela vous tombe dessus? 

Oui, ce n’était pas juste. J’ai un problème avec autre chose aussi. L’officiel qui était en charge ne voulait pas montrer la vidéo. C’est lui qui a pris la décision finale. Il ne voulait pas écouter les autres officiels, qui avaient des commentaires différents. C’est vraiment un sujet à aborder pour le futur. Il y a plusieurs autres choses qui se sont déroulées durant la course. Je criais tout du long parce que je me faisais bousculer.

C’est vraiment fou, mais c’est comme ça. J’ai plutôt vu ça comme de la malchance. Je me suis dit ‘ok, peu importe, on passe à autre chose’.

Après ces deux premières étapes de Coupe du monde très intenses physiquement, sur quoi vous concentrez-vous désormais? 

Premièrement, la récupération. Cette semaine, c’est vraiment une semaine de récup’, puis on s’en va le 19 décembre à Salt Lake, puis Park City. On retourne sur le focus de l’entraînement pour se préparer pour la deuxième partie de la saison.

Dans la deuxième partie de la saison, il y aura notamment la troisième étape de Coupe du monde à Calgary, où vous vivez désormais. Qu’est-ce que cela représente pour vous de patiner à domicile? 

C’est tout le temps excitant de compétitionner à la maison. L’année passée, quand on a eu les Championnats du monde à Calgary, c’était incroyable. La foule! Je n’ai jamais vu l’ovale à Calgary si plein. Ils ont même dit que la dernière fois qu’ils ont eu une foule comme ça, c’était lors des Jeux olympiques. C’était quelque chose d’incroyable à voir. J’espère que ce sera la même chose cette année.

Mes parents ont déjà réservé leur vol d’Ottawa. Ça fait que je suis excitée de les avoir ici, aussi.

Les Jeux olympiques sont-ils déjà dans un coin de votre tête? 

J’y pense ici et là, mais je dirais que c’est encore un peu loin. En ce moment, je suis concentrée sur les prochaines Coupes du monde, puis les Championnats du monde de cette année. 

Mais vous savez,  je commence déjà à penser à ce que je vais faire l’été prochain. Est-ce que je vais faire plus de vélo? Est-ce que je vais retourner m’entraîner sur la glace ou avec l’équipe durant l’été? Je parle à quelques nouvelles équipes de vélo en ce moment, pour l’été prochain. Ce n’est pas encore officiel, mais on va voir. J’y pense quand même un peu. »