Paul Demers s’éteint à l’âge de 60 ans
ORLÉANS – L’artiste franco-ontarien, Paul Demers, est décédé à l’âge de 60 ans. L’annonce a submergé les médias sociaux, le samedi 29 octobre, dans la soirée.
SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierrozBENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
Les messages affluaient sur la page Facebook du chanteur au moment de mettre ces informations sous presse.
C'est avec tristesse que nous apprenons le décès du chanteur #PaulDemers. Nos condoléances à sa conjointe et à ses proches. #onfr #frcan
— FCFA du Canada (@fcfacanada) October 30, 2016
La nouvelle a pris de court une partie des Franco-Ontariens réunis samedi pour le Gala des Prix de reconnaissance de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), à Sudbury. Une minute de silence a été observée avant le spectacle d’Éric Dubeau qui clôturait l’événement.
Avant le spectacle d'Éric Dubeau, les congressistes observent une minute de silence en mémoire de Paul Demers. #CongresOnfr #onfr
— Mon Assemblée (@MonAssemblee) October 30, 2016
Ce dernier a rendu un vibrant hommage à celui qu’il considérait comme un de ses mentors.
Hommage de Eric Dubeau à Paul Demers #CongresOnfr #ONfr pic.twitter.com/2W5y6Uu37T
— ONFR TFO (@ONfr_TFO) October 30, 2016
À la sortie de son concert de clôture du gala de l’AFO, l’auteur-compositeur-interprète originaire de Perkinsfield reconnaissait qu’il avait été difficile de trouver la force de venir sur scène après avoir appris la nouvelle.
« Avec mes amis, avant le début du concert, on cherchait à s’alimenter de suffisamment d’énergie pour tenir plus de deux heures sur scène. On s’est alors souvenu de Paul et de ses moments de courage où il avait des chevilles enflées comme mes cuisses, mais qui arrivait à se lever et à aller sur scène pour faire un spectacle d’une heure et demi. On a tenté de puiser dans cette énergie-là pour faire le spectacle de ce soir. »
Ancien président de l’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM), dont Paul Demers était un des membres fondateurs et lui aussi ancien président, Éric Dubeau était très ému au moment de parler de la perte d’un ami.
« C’était un ami de longue date, mais aussi un mentor. C’est une journée de deuil pour la musique en Ontario français. À mon avis, on a perdu la plus grande voix de l’histoire de la musique franco-ontarienne. On a perdu aussi un grand champion du développement et de la consolidation des arts et de la culture. »
Dimanche en matinée, la ministre déléguée aux Affaires francophones, Marie-France Lalonde, a réagi au décès de Paul Demers, au micro de #ONfr. « M. Demers était un grand de ce monde, ses chaussures vont être difficiles à chausser. »
La députée et ministre @mflalonde réagit à la disparition de Paul Demers #CongresOnfr #ONfr pic.twitter.com/CfgiddbkYs
— ONFR TFO (@ONfr_TFO) October 30, 2016
Notre place
Depuis quelques jours, Paul Demers vivait ses derniers jours dans sa résidence d’Orléans où il souffrait d’un troisième cancer. Sa maladie était cette fois-ci incurable.
L’implication de ce natif de Gatineau dépasse les frontières artistiques. Sa chanson Notre Place, composée en 1989, reste considérée comme l’hymne national officieux de l’Ontario français.
« Quand je pense à Paul Demers, je pense à Notre place. Avec Mon beau drapeau, ce sont les hymnes des Franco-Ontariens. Quand on fait la Journée des Franco-Ontariens au mois de septembre, on chante notre place pour s’affirmer. C’est la chanson qui m’a toujours inspiré. Paul le chantait haut et fort et j’espère qu’on prendra notre place en sa mémoire », a réagi le président de l’AFO, Denis Vaillancourt.
L’artiste sudburois Yves Doyon a lui aussi rendu un vibrant hommage à Paul Demers.
« C’est un choc pour tout le monde même si on savait que c’était imminent. On sent la tristesse des gens et on est reconnaissant pour tout ce que Paul nous a légué. Paul, c’est la persistance, une force de caractère et une résilience incroyable. Paul était sympathique, il était généreux avec la relève. Il nous encourageait à prendre toute notre place. Quand on écrit des chansons, ce n’est pas pour ce qu’elles représentent pour nous-mêmes mais pour ce que les gens en font, pour qu’ils se les approprient et les intègrent dans leur quotidien. La chanson Notre place a pris tellement de place dans la vie de chaque personne… C’est ça qu’est le fun! »
Une école élémentaire catholique franco-ontarienne nommée « Notre-Place », en l’honneur de sa chanson, a ouvert ses portes à Orléans en août dernier.
Mais pour M. Dubeau, l’héritage de Paul Demers ne doit pas se limiter à cette chanson.
« Ce serait un péché mortel que de limiter notre souvenir collectif à Notre place. Paul Demers nous a rendu un grand service avec cette chanson qui est devenu notre hymne provincial, mais c’est avant tout un grand poète, un grand artiste, dont les chansons étaient d’une poésie et d’une richesse incroyables. Souvenons-nous de toutes ses chansons d’hier à aujourd’hui. Il nous a fait pleurer, rire et fêter pendant 40 ans. »
M. Vaillancourt a souligné l’importance du travail de l’auteur-compositeur-interprète pour l’Ontario français.
« C’est un artiste qui a inspiré une génération de jeunes, on n’a qu’à penser à toutes les soirées de La Nuit sur l’étang à Sudbury. Il sera là autrement, à travers sa musique et à travers les artistes qu’il a inspirés. On lui doit une fière chandelle car ce sont des artistes comme Paul qui ont fait bouillir et grandir la culture et la musique chez nous et c’est une richesse incontestable. »