Perspectives financières « négatives » pour l’Ontario
TORONTO – L’agence de notation Moody’s évalue de manière « négative » les perspectives financières de l’Ontario. Selon l’agence, les défis financiers à venir pour la province obligeront l’Ontario à s’ajuster afin que sa dette ne devienne pas un fardeau financier trop important. Sa cote de crédit n’est toutefois pas encore affectée.
JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72
L’agence Moody’s estimait jusqu’ici la perspective financière de l’Ontario de « stable », jugeant ainsi que la province était en mesure de faire face aux pressions financières liées à sa dette.
Mais le budget du 28 mars dernier a changé son analyse. Le déficit de 6 milliards de dollars prévu, ainsi que l’absence de retour à l’équilibre budgétaire avant 2024 auront un impact sur la dette de la province, note Moody’s.
« Moody’s estime que les exigences financières liées à la dette augmenteront plus rapidement que prévu et que celle-ci sera plus difficile à gérer que le croit l’Ontario. »
Chaque année, l’Ontario doit payer environ 12 milliards de dollars en intérêt sur sa dette, qui est évaluée à 325 milliards de dollars.
Selon l’agence, si la province ne fait rien, « la pression financière ne sera pas adressée dans le futur par l’Ontario ».
Sans surprise, le Parti progressiste-conservateur (Parti PC) de l’Ontario n’a pas manqué l’occasion de s’attaquer à la gestion des finances publiques du gouvernement de Kathleen Wynne.
« Kathleen Wynne et les libéraux ont brisé leur promesse de conserver l’équilibre budgétaire et ont plongé les Ontariens dans une spirale de déficits », a lancé Vic Fedeli, le porte-parole du Parti PC en matière de finances.
« Les intérêts sur la dette empêchent le gouvernement d’investir dans nos écoles, nos hôpitaux et nos routes », a-t-il ajouté.
Même si Moody’s a changé son évaluation de la perspective financière de la province, la cote de crédit de l’Ontario reste la même.
Charles Sousa défend ses choix
Le ministre des Finances de l’Ontario, Charles Sousa, n’a pas fait de cas de la décision de Moody’s. Selon lui, l’important est surtout de conserver la cote AA2 de la province.
« Moody’s a reconnu que nous avions une économie diversifiée, avec des sources pour gérer notre dette de manière prudente. Nous sommes parmi les meilleures économies du G7 », a-t-il insisté à la sortie de la période des questions, le mercredi 18 avril.
M. Sousa a ajouté qu’il avait été « prudent » dans la rédaction de son budget et avait conservé des fonds de réserve pour faire face aux éventualités.
« C’est important d’être conscient des problèmes qui peuvent survenir, mais nous devions investir dans les domaines importants pour les Ontariens. »
Il a également insisté que le gouvernement de Kathleen Wynne avait fait un « choix » de faire des déficits pour les prochaines années.
Le NPD déplore la stratégie
John Vanthof, député du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario dans la circonscription de Timiskaming-Cochrane, a rappelé qu’à pareille date l’an dernier, le gouvernement martelait que les trois prochains budgets allaient être équilibrés. Il a insisté que les agences de notation de crédit, comme Moody’s, sont très sensibles à ce genre d’instabilité et de tergiversation.
« Ce n’est pas le niveau de la dette qui m’importe, mais la manière de gérer les fonds publics », a-t-il expliqué.
« Une année, le gouvernement dit qu’il va équilibrer le budget et l’année suivante, à la surprise de tous, on prévoit un déficit. C’est très inquiétant! »
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