Le campus de l'Université d'Ottawa. Archives ONFR+
Société

Postsecondaire : 72 % des jeunes franco-ontariens de l’Est et du Nord étudient en français

Le campus de l'Université d'Ottawa. Archives ONFR+
L'Université d'Ottawa. Photo : Archives ONFR

Une étude de Statistique Canada révèle que les jeunes francophones de l’Est et du Nord de l’Ontario poursuivent plus souvent leurs études postsecondaires en français que ceux du reste de la province, mettant en lumière d’importantes inégalités régionales.

Entre 2016 et 2021, près des trois quarts (72 %) des jeunes adultes de l’Est et du Nord de l’Ontario ayant fréquenté une école secondaire francophone ont choisi une université de langue française ou bilingue.

Dans le reste de la province, cette proportion chute à 23 %, selon une étude de Statistique Canada intitulée « Les jeunes adultes qui ont fréquenté une école secondaire de langue française ont-ils poursuivi leurs études postsecondaires en français? ».

Le portrait est similaire au niveau collégial : 62 % des diplômés du secondaire francophone de l’Est ontarien et 58 % de ceux du Nord ont opté pour un collège francophone, contre 14 % ailleurs en Ontario.

Signée Étienne Lemyre, l’analyse s’appuie sur les parcours de plus de 49 000 jeunes adultes qui résidaient au Canada hors Québec à la fois en 2016 et en 2021. 

« Ces nouvelles données mettent en lumière des iniquités, notamment régionales et en matière de domaines d’études, qui persistent dans l’accès aux études postsecondaires en français au pays », souligne l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne, (ACUFC) qui a appuyé l’étude de Statistique Canada.

Soins de santé : le choix du français

Selon le rapport, qui se base sur le recensement de 2021, le choix de la langue d’enseignement varie également selon le domaine d’études. Les jeunes adultes se dirigeant dans des domaines axés sur les services aux personnes et les autres métiers (comme les domaines de la santé, de l’éducation et du droit) étaient nettement plus susceptibles de choisir une université de langue française ou bilingue.

Ainsi, en Ontario, 53 % des étudiants inscrits dans ces domaines ont étudié en français, contre 97 % au Nouveau-Brunswick.

De manière plus détaillée, 48 % des jeunes adultes ontariens inscrits dans les programmes des domaines de la santé, des arts, du commerce, des sciences humaines, de l’éducation ou des sciences sociales (SACHES) ont poursuivi leurs études en français, contre 35 % dans les sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM).

Les filières en lien avec les soins de santé affichent même un taux d’inscription en français de 60 %, contre 40 % en éducation.

« Plusieurs facteurs influencent la prise de décision des élèves, dont la proximité du lieu d’études et la variété des programmes offerts », peut-on lire dans le communiqué de l’ACUFC.   

L’étude s’intéresse aussi aux motivations des jeunes francophones qui choisissent de poursuivre leurs études dans leur langue.

La facilité d’apprendre dans leur langue (60 % au collège, 47 % à l’université) est évoquée par la majorité des francophones ayant poursuivi leurs études collégiales ou universitaires en français. Mais pour plus de la moitié (53 %), l’identité linguistique a également pesé dans la balance.

À l’inverse, une majorité de ceux qui ont étudié en anglais affirme que le programme souhaité n’était offert qu’en anglais. 

« Cette raison était mise de l’avant par 54 % des adultes d’expression française ayant fait des études collégiales en anglais et par 40 % de ceux qui ont fait des études universitaires en anglais (au baccalauréat) », relève l’étude. 

Ces données, précise Statistique Canada, concernent uniquement les jeunes adultes citoyens canadiens vivant hors Québec. 

Emploi : les diplômés francophones avantagés?

Sur le marché du travail, les différences de langue d’enseignement influencent aussi l’utilisation du français.

« La population étudiante diplômée d’un établissement postsecondaire francophone ou bilingue est cinq fois plus susceptible d’utiliser le français le plus souvent dans son milieu de travail que celle diplômée des établissements anglophones », fait observer l’ACUFC.

Et d’ajouter : « Ce phénomène rappelle l’importance d’un accès élargi aux études postsecondaires en français partout au pays pour répondre à des enjeux sociaux pressants. »

Le taux d’emploi, quant à lui, demeure globalement similaire entre diplômés francophones et anglophones (68 % contre 67 %), mais les écarts régionaux sont significatifs.

En Ontario, le taux d’emploi atteint 75 % chez les diplômés du postsecondaire francophone, contre 64 % pour ceux du système anglophone.

Dans les provinces de l’Ouest canadien et les territoires, la tendance est semblable (78 % contre 73 %).

A contrario, au Nouveau‑Brunswick, les jeunes diplômés ayant étudié dans un établissement de langue française ou bilingue (58 %) avaient un taux d’emploi inférieur à celui des personnes ayant étudié dans un établissement de langue anglaise (72 %).

« Plusieurs raisons peuvent expliquer les écarts observés, dont la situation de l’emploi dans les régions de résidence spécifiques des jeunes adultes », explique-t-on dans le rapport. 

Appel à l’action 

Pour l’ACUFC, les conclusions de cette étude confirment la nécessité de renforcer le parcours éducatif en français.

« Cette étude souligne l’importance de poser des gestes cohérents et structurants pour renforcer les possibilités de faire des apprentissages de qualité en français tout au long du continuum éducatif partout au pays, y compris au palier postsecondaire », affirme l’organisme.

L’association réitère sa volonté de collaborer avec les gouvernements et les communautés afin d’accroître l’attractivité des établissements francophones et bilingues et de mieux faire connaître la valeur ajoutée des études en français.

De son côté, Statistique Canada conclut en rappelant l’importance stratégique des parcours scolaires francophones hors Québec pour la formation d’une main-d’œuvre capable de travailler dans les deux langues officielles et pour la préservation des communautés minoritaires francophones. 

Les résultats de cette étude pourront être utilisés pour « orienter le développement de nouveaux programmes en français » dans les domaines et les régions où l’offre demeure limitée, indique l’organisme.