Prorogation : les libéraux ne démentent pas
TORONTO – Le gouvernement libéral de l’Ontario ne dément pas formellement une rumeur de prorogation de la Législature après l’adoption du budget et de quelques projets de loi clés, possiblement à la fin avril.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault
Une rumeur circule à Queen’s Park à l’effet que la première ministre Kathleen Wynne se préparerait à écourter la session parlementaire de près de deux mois, et qu’elle profiterait de l’occasion pour remanier son conseil des ministres.
Loin de démentir la rumeur, Mme Wynne l’a plutôt attisée lorsqu’elle a dit à la presse parlementaire de « rester branché » pour la suite des choses, jeudi 24 mars. « Il y a encore beaucoup de travail à faire dans la province », a-t-elle esquivé.
La composition du conseil des ministres de l’Ontario n’a pas changé d’un iota depuis les dernières élections, il y a près de deux ans. C’est un fait rare dans l’histoire récente de la province.
Le ministre Yasir Naqvi est demeuré évasif, lui aussi. « Nous avons un ordre du jour législatif très ambitieux devant nous. Il y a d’importants projets de loi sur la table », a-t-il déclaré. « Il y a le budget. Il y a aussi un projet de loi sur le stress post-traumatique chez les premiers répondants. Et nous n’avons pas encore commencé les consultations (sur un projet de loi) sur le changement climatique ».
Le clan Wynne pourrait théoriquement faire adopter son budget et quelques-uns de ses projets de loi les plus importants d’ici trois à quatre semaines.
Le progressiste-conservateur Victor Fedeli s’est dit peu étonné que les libéraux songent à écourter la session parlementaire. « Ils sont embourbés dans des histoires de gaspillage, de mauvaise gestion et des scandales et je pense que c’est la vraie raison pour laquelle ce gouvernement essaie de se sauver », a-t-il insinué.
« C’est décevant, encore une fois, de voir les libéraux jongler avec l’idée de fermer la Législature », a réagi à son tour la chef néo-démocrate Andrea Horwath aux rumeurs de prorogation. « Il faut que l’opposition puisse faire son travail. Le gouvernement n’est pas du tout ouvert et transparent. Il n’écoute rien. C’est l’occasion ici (dans la Législature) de lui demander de rendre des comptes. »
La dernière prorogation à Queen’s Park remonte à 2012, lorsque l’ancien premier ministre Dalton McGuinty avait annoncé son départ. Le parlement provincial n’avait alors pas siégé pendant quatre mois.
Sunshine List
Le gouvernement de l’Ontario a par ailleurs dévoilé, le 24 mars, sa liste annuelle des employés du secteur public touchant un salaire de 100000$ et plus – communément appelée la Sunshine List. On y retrouve cette année 115432 noms, soit près de 4000 noms de plus que l’an dernier.
Le fonctionnaire le mieux payé de la province demeure Tom Mitchell, ex-président d’Ontario Power Generation (OPG), qui a touché un salaire de 1,5 million $ l’an dernier avant de prendre sa retraite. Le haut gestionnaire francophone le mieux payé est le Dr Bernard Leduc, grand patron de l’Hôpital Montfort à Ottawa, avec 435844$.
La première ministre Kathleen Wynne a gagné l’an dernier 208974$ et la chef néo-démocrate Andrea Horwath, 158157$. Le chef progressiste-conservateur Patrick Brown ne figure pas sur la liste puisqu’il a commencé à percevoir un salaire d’élu à Queen’s Park à la fin de l’été dernier seulement. Son prédécesseur par intérim, Jim Wilson, un élu de longue date, a récolté pour sa part 168103$.
Le seuil de 100000$ n’a pas changé depuis que la Loi sur la divulgation des traitements dans le secteur public est entrée en vigueur en 1996, et il n’a pas été rajusté afin de tenir compte de l’inflation. Si ce seuil avait été rajusté pour suivre l’inflation, il serait aujourd’hui de 146774$ et la liste serait 83% plus courte.