Qualité de l’air : « Passer plus de temps à l’extérieur n’est pas une bonne idée »
[ENTREVUE EXPRESS]
QUI :
Professeur à l’École d’épidémiologie et de santé publique de l’Université d’Ottawa, Éric Lavigne est l’auteur d’une étude sur les risques de santé associés à la pollution des feux de forêt.
LE CONTEXTE :
Les feux de forêt qui frappent le Québec et le Nord ontarien se soldent en une qualité de l’air poreuse notamment dans la région d’Ottawa où elle est évaluée à 10 sur 10, soit le risque le plus élevé. Une partie de la fumée devrait aussi se transporter dans le sud de la province et dans le Grand Toronto au cours des 24 prochaines heures.
L’ENJEU :
La Santé publique d’Ottawa recommande aux gens d’éviter les activités extérieures comme la course en plus de recommander le port du masque, comme le N95. L’agence de santé prévient aussi que le risque plus élevé signifie que les symptômes associés à une mauvaise qualité de l’air sont plus susceptibles de se manifester.
« Quels sont les symptômes qui peuvent être associés à une telle mauvaise qualité de l’air?
À court terme, ce sont surtout des risques respiratoires comme des symptômes qui peuvent s’apparenter à des allergies. On parle d’irritation au niveau des yeux, des voies nasales et respiratoires, la gorge qui est sèche et une toux sèche. On peut ressentir ces symptômes-là, peu importe si les gens ont des maladies chroniques ou s’ils sont en bonne santé. Les symptômes les plus sévères sont ceux qui ont des conditions de santé plus fragile, on parle d’une toux qui est grave, une respiration sifflante, des douleurs sévères à la poitrine et parfois des migraines sévères.
Qu’est-ce que les gens devraient éviter de faire?
Si on pense à la région d’Ottawa où le niveau de risque est de 10, il est important de réorganiser ses activités prévues à l’extérieur, ne pas faire d’exercices exigeants à l’extérieur et, si on fait partie des populations à risque, comme les personnes âgées, femmes enceintes et personnes avec maladies chroniques, il faut vraiment s’assurer de réduire son exposition à l’extérieur.
Y a-t-il des mesures proactives que les gens peuvent prendre chez eux?
Garder les fenêtres fermées pour éviter le plus possible le va-et-vient de l’ouverture des portes pour éviter que l’air de l’extérieur entre. Si on a un système d’échangeur d’air, il faut s’assurer qu’il soit en mode recirculation et on peut utiliser un purificateur d’air, car il va permettre de purifier en quelque sorte l’air à l’intérieur. On peut s’en procurer un peu partout en magasin, mais il faut s’assurer qu’il a la certification HEPA pour filtrer les particules fines.
Peut-il y avoir des risques plus à long terme d’une telle exposition?
Le risque à long terme n’est pas clair si on décide d’aller jogger une seule fois ou deux fois en deux jours. Par contre, ce qu’on voit avec les risques à long terme, ce sont des régions qui sont affectées d’année en année par les feux de forêt peu importe si l’on passe beaucoup ou moins de temps à l’extérieur. Il va y avoir potentiellement des risques d’exposition à long terme qui vont engendrer peut-être des maladies respiratoires. Passer plus de temps à l’extérieur n’est pas une bonne idée, car ça risque d’être néfaste même pour les gens en bonne santé.
Pour les gens plus à risque qui ressentiraient des symptômes plus graves, que conseilliez-vous?
Évidemment, ça dépend toujours du type de symptômes. Si les gens ne sont pas certains, consulter des services comme le 811 est une très bonne idée. Ces gens-là ont aussi parfois accès à des médicaments de secours qui peuvent aider à alléger des symptômes. Comme les gens qui sont asthmatiques vont peut-être avoir un certain nombre de doses quotidiennes recommandées, là ils peuvent peut-être l’augmenter. Si on a des symptômes graves (difficulté à respirer, toux sifflante et très grave, etc.), ça serait alors important d’aller à l’urgence. »