Raymond Théberge entre continuité et prudence

Le commissaire aux langues officielles,

OTTAWA – Tout juste entré en fonction, Raymond Théberge veut donner le ton. En entrevue avec #ONfr, mardi 13 février, le nouveau commissaire aux langues officielles du Canada établit ses priorités : la petite enfance et l’immigration.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

« Il n’y a jamais eu autant d’élèves dans les écoles de langue française en milieu minoritaire, aujourd’hui (…) pourtant c’est là que ça se passe en raison de l’exogamie. On doit s’assurer que les cibles fixées pour les immigrants francophones sont atteintes. Il y a du positif, des défis, mais je pense que l’avenir est prometteur. »

Les mots soigneusement choisis, M. Théberge fait montre de prudence. Air Canada, considéré comme le mauvais élève de la Loi sur les langues officielles, est même cité à mots cachés. « On a beaucoup de plaintes du public voyageur. »

Interrogé sur l’éditorial de François Gravel dans L’Acadie Nouvelle peu après sa nomination, intitulé « Un commissaire parfait… pour le gouvernement », M. Théberge contre-attaque.

« À titre de commissaire, mon rôle est clairement défini. Ce n’est pas un rôle de recteur (…). Quand on traite avec les institutions fédérales, on doit être sans équivoque en termes de respect de la loi. C’est important que le commissaire joue ce rôle sans diverger aucunement. »

Petite note de différence avec son prédécesseur, Graham Fraser, le nouveau chien de garde en matière de langues officielles se dit prêt à aller plus loin. « On a le pouvoir d’enquête et d’aller devant les tribunaux. Le commissariat a des pouvoirs et on doit s’en servir. »

 

Pas d’amendes prévues

Pour le reste, il s’agit davantage de continuité. Sur la modernisation de la Loi sur les langues officielles, M. Théberge se fait vague. Le septième commissaire aux langues officielles officiera pourtant en 2019, date du cinquantième anniversaire de la loi. De là à ajouter des pouvoirs coercitifs au commissaire, voire des amendes? « Est-ce que pour les récidivistes, on doit accorder de nouveaux pouvoirs? On est en réflexion. Donner des amendes aux ministères n’est pas une solution. »

Raymond Théberge en entrevue avec Benjamin Vachet. Crédit photo : Sébastien Pierroz

Des critiques avaient plu sur M. Théberge avec sa position ambiguë sur le bilinguisme des juges à la Cour suprême du Canada. Avec #ONfr, il rectifie sa position… prudemment. « Actuellement, c’est au bon vouloir du premier ministre. Tant qu’on n’a pas une loi, on est à la merci de son bon vouloir. »

Originaire du Manitoba et ancien recteur de l’Université de Moncton, M. Théberge le confirme : « J’ai toujours vécu en situation minoritaire, j’y ai étudié et travaillé en tant que fonctionnaire. »

Aux premières loges de la crise linguistique des années 1980, à titre de directeur de la Société franco-manitobaine (SFM), M. Théberge se souvient. « Il fallait presque que ces événements aient lieu pour qu’on transitionne vers une nouvelle réalité. Ces événements bien souvent définissent une communauté, et on ne sait jamais quand ils vont se reproduire. »

 

L’entrevue vidéo de Raymond Théberge avec #ONfr sera diffusée ce mardi 13 février