Recensement : le français gagne du terrain à Toronto
TORONTO – Les francophones sont plus nombreux dans la métropole du pays, selon les données du recensement 2016. En fait, c’est en grande partie grâce à Toronto et à sa région que la province peut compter sur une croissance de sa population franco-ontarienne depuis 2011. Selon les leaders franco-torontois, le gouvernement provincial doit prendre acte de cette croissance… et agir.
ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg
Selon ces données, il y a plus de Torontois ayant le français comme langue maternelle et plus de Torontois s’expriment en français à la maison. Fait à noter : plus de citoyens n’ayant pas l’une des deux langues officielles du Canada comme langue maternelle ont également le français comme langue officielle de prédilection.
Dans le cas de la langue parlée à la maison, 63 470 Torontois ont indiqué parler français au moins régulièrement à leur domicile, comparativement à 57 520 en 2011. Le poids démographique des Franco-Torontois demeure par ailleurs stable, connaissant une légère hausse. Au centre-ville de Toronto, quelque 48 930 possédaient même le français comme langue maternelle en 2016, soit 4 000 de plus qu’en 2011, indique Statistique Canada sur son site.
Comme c’est le cas ailleurs au pays, le taux de bilinguisme à Toronto a augmenté passant de 8,8 % en 2011 à 9, 1% en 2016. Ces facteurs semblent confirmer les prédictions de plusieurs acteurs franco-ontariens qui prévoient une hausse soutenue de la présence francophone dans la métropole du Canada.
Des intervenants francophones se réjouissent
Fatima Zadra, présidente de l’Association des communautés francophones de l’Ontario à Toronto (ACFO Toronto), représente parfaitement la nouvelle francophonie torontoise. En 2011, lors du dernier recensement, elle n’était ni à Toronto, ni au Canada.
« L’immigration explique assurément en bonne partie la présence de plus de Franco-Torontois. La Ville est dynamique au niveau économique et culturel. C’est ce qui m’a attiré ici et j’ai connecté tout de suite avec la communauté francophone », se réjouit-elle. Celle qui mène la destinée du porte-voix des francophones de Toronto dit constater depuis un bon moment, un changement sur le terrain. Elle entend et rencontre davantage de Franco-Torontois.
Elle constate aussi avec raison que plus de Torontois disent maîtriser le français et l’anglais, depuis 2011. « C’est une bonne chose pour Toronto, alors que plus de gens peuvent profiter des différents aspects de la vie torontoise et de la communauté francophone. Ils jouissent des deux langues officielles », souligne-t-elle.
Le printemps dernier, elle interpellait les dirigeants de la Ville. Elle le fait à nouveau forte de ces nouvelles données. « Il y a plus de francophones, il faut plus de services en français. Et la municipalité doit s’engager avec la province. Il faut plus de volonté politique », insiste Mme Zadra.
Le Centre francophone de Toronto (CFT) est sur la même longueur d’onde. « Les chiffres de Statistique Canada confirment ce que le Centre francophone de Toronto avance depuis de nombreuses années, à savoir que le poids démographique de la francophonie ontarienne se déplace vers le Sud-Ouest de la province. C’est d’ailleurs une tendance qui va aller en s’accélérant d’ici 2020. Les besoins en matière de livraison de services aux francophones vont donc s’accroître dans notre région », fait valoir Francine Dutrisac, directrice générale par intérim du Centre francophone de Toronto.
Mme Dutrisac souligne que le visage de cette francophonie torontoise est aussi en train de changer. La livraison des services en français doit aussi tenir compte des origines diverses des immigrants francophones. « La région du Grand Toronto va jouer une place de plus en plus prépondérante dans l’essor de la présence francophone en Ontario », dit-elle.
Au cours des dernières années, d’autres acteurs ont constaté une augmentation du nombre de francophones à Toronto. Le consulat de France, notamment, a confirmé à plusieurs reprises que le nombre de ses ressortissants était en croissance en Ontario, surtout dans le coeur économique de la province.
Un influx de francophones dans tout le Grand Toronto
Le Grand Toronto a tout autant un pouvoir d’attraction auprès des francophones. La région métropolitaine étudiée par Statistique Canada inclus une vingtaine de municipalités, notamment Brampton, Markham, Ajax et Aurora. Le nombre de citoyens qui ont le français comme langue maternelle est passé de 87 090 en 2011 à 92 835 en 2016.
Plus de Canadiens de cette région parlent aussi le français à la maison au moins régulièrement, soit 121 355 personnes en 2016 comparativement à 111 125 personnes en 2011. Cela signifie que plusieurs personnes qui n’ont pas le français comme langue maternelle l’utilise néanmoins à la maison.