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Rénovations au point mort pour une école d’Ottawa : des parents exaspérés

L'école élémentaire publique Marie Curie toujours en attente de rénovations. Photo : Marie-Christine Gagnon

OTTAWA – Des problèmes de réhabilitation ne sont toujours pas réglés au sein de l’école publique élémentaire Marie-Curie. Des travaux retardés et du financement manquant ont déjà repoussé le retour dans l’école pour de nombreux élèves déplacés dans les locaux de l’ancienne école secondaire St. Patrick dans le quartier d’Alta Vista. Plusieurs parents s’impatientent et déplorent l’inaction du gouvernement provincial et la négligence dans le financement des rénovations de leur école de quartier, alors que l’Ontario vient d’annoncer la construction de quatre nouvelles écoles francophones à Ottawa.

« J’ai acheté une maison proche de l’école élémentaire publique Marie-Curie pour que mes enfants puissent y aller à pied et pour que mes plus petits soient à la garderie scolaire La Clémentine », a déclaré Marie-Christine Gagnon à ONFR.

Le projet de vie de cette mère de famille est pour le moment en suspens, d’une part, car elle a été contrainte d’envoyer ses enfants dans une autre garderie, située à vingt minutes en voiture. D’une autre part, son autre enfant qui fréquente l’école Marie-Curie doit prendre le bus pour rejoindre l’école temporaire située sur la rue Heron.

Dans une communication adressée vendredi dernier au député provincial libéral John Fraser et plusieurs médias, Anne-Marie Leuchs, elle aussi parent d’élève, s’inquiète de la situation rappelant dans sa missive qu’en attendant que le site initial de Marie-Curie soit totalement rénové, l’école temporaire n’est pas, là non plus, adaptée.

Depuis 2022, l’école élémentaire publique Marie-Curie est inhabitée. Photo : Marie Christine Gagnon

« Malgré les efforts considérables du personnel scolaire, ce bâtiment est totalement inadéquat pour les élèves du primaire. L’eau qui sort des robinets n’est pas potable. Les plafonds fuient. Les élus devraient avoir honte. C’est une école élémentaire dans la capitale du Canada et l’eau des robinets est impropre à la consommation. »

Pour autant, Mme Leuchs assure que « la communauté scolaire est merveilleuse. Le personnel est excellent. Les enfants sont brillants et engagés. »

Les retards de rénovation s’accumulent

Tout commence avant la pandémie. Le gouvernement ontarien avait octroyé un investissement de 4 millions de dollars au Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO) afin de permettre la rénovation et l’amélioration des espaces physiques de l’école élémentaire publique Marie Curie. En 2020, d’après le Conseil scolaire, « l’entrepreneur initialement chargé du projet s’est malheureusement désisté ». Les travaux qui devaient se terminer pour la rentrée scolaire 2021-2022 sont, à ce jour, toujours en cours. 

D’après Anne-Marie Leuchs, d’abord le budget initial était trop faible, puisqu’il ne reflète pas les coûts de construction ayant explosé post-pandémie.  

Anne-Marie Leuchs est une mère d’élève. La semaine dernière, elle a demandé au député de la circonscription de son quartier de discuter de la situation de l’école Marie-Curie à Queen’s Park. Le député John Fraser lui a répondu par l’affirmative. Gracieuseté de Anne-Marie Leuchs

Pour l’instant, avec ce financement et d’après les informations que révèle le site internet de l’école, une partie des travaux ont été terminés, tel que la construction d’une nouvelle salle sensorielle, le remplacement du plancher dans le gymnase ou encore la réparation de la brique extérieure.

D’un autre côté, l’école temporaire (anciennement l’école secondaire St. Patrick) ne serait pas, à son tour, adaptée à des petits élèves, pense Mme Leuchs : « L’école temporaire est une école secondaire. Ce n’est pas la fin du monde, mais les toilettes ne sont pas adaptées pour les petits, par exemple. »

Marie-Christine Gagnon dit voir le temps qui passe. Elle qui habite tout proche du site initial de l’école Marie Curie, affirme y être allée plusieurs fois et constater que les travaux n’avancent pas.

« Je n’ai pas cherché à avoir de réponses auprès du conseil scolaire, mais les dernières nouvelles datent quand même de décembre 2023 », se souvient-elle.

Mme Gagnon estime, aujourd’hui, qu’il est temps d’en savoir plus. Pour elle, le site temporaire est obsolète, « il fait très chaud et il y a des problèmes de climatisation, il paraît que l’eau n’est pas potable aux robinets sauf pour deux abreuvoirs, ce n’est pas attrayant et ce qui me choque, c’est la cour extérieure, il n’y a pas de modules de jeux. »

« On dirait plutôt un centre de détention qu’une école. »

Le conseil scolaire souhaite à présent détruire l’école élémentaire

Par échange de courriel avec ONFR, le conseil scolaire confirme que : « Le projet de reconstruction de l’école élémentaire publique Marie-Curie demeure une priorité pour le Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO). » 

Si le CEPEO parle d’une reconstruction, c’est bien parce qu’en décembre 2023, ils ont annoncé aux parents d’élèves via une mise à jour de la situation que « la location sur le chemin Heron a été prolongée en raison du dépassement majeur du budget prévu pour les travaux. Des travaux exploratoires ont permis d’observer que le coût envisagé pour les travaux rapprocherait le coût d’une nouvelle construction. »

Le CEPEO a pris la décision de démolir pour reconstruire l’école. Le côut des réparations serait équivalent. Photo : Marie-Christine Gagnon

De ce fait, le conseil explique avoir plutôt proposé au gouvernement de démolir complètement l’école et de construire un nouvel établissement avec des espaces plus modernes, « répondant aux besoins de la communauté scolaire, des familles avec de jeunes enfants, et à la croissance démographique prévue. »

Anne-Marie Leuchs déplore le manque de nouvelles depuis décembre 2023 à propos de ce rebondissement majeur.

« Le CEPEO devait nous revenir au printemps 2024, mais on dirait le gouvernement ne donne aucune nouvelle », croit-elle.

Si le gouvernement provincial repense un financement pour la démolition et la construction d’une nouvelle école, le CEPEO espère un réaménagement sur le chemin Quinlan pour l’année scolaire 2026-2027. 

Pourtant, dans nos échanges, le CEPEO écrit : « Le conseil espère que sa demande sera favorablement considérée dans la prochaine occasion de soumettre cette demande de financement au ministère de l’Éducation de l’Ontario. »

Il semble donc que rien ne soit encore fixé.

« Nous avons besoin de réponses », insiste Marie-Christine Gagnon. « L’école sera-t-elle construite quand nos enfants entreront au secondaire? »

Les deux mères de famille sont du même avis, soit que la province est capable d’agir plus rapidement sur ce dossier.

« C’est pourquoi j’ai interpellé le député provincial M. Fraser, puisque l’école Marie-Curie se trouve dans sa circonscription », explique Anne-Marie Leuchs.

Dans sa lettre adressée au député, Mme Leuchs soulève une question que partage également Mme Gagnon. Elles ont constaté que trois des quatre nouvelles écoles francophones de la région et qui ont reçu un financement du gouvernement de l’Ontario, vendredi dernier, se trouvent dans des circonscriptions conservatrices.

« C’est une excellente nouvelle pour ces écoles et pour la communauté francophone, croit Mme Gagnon, mais nous, nous attendons toujours. »

De son côté, Mme Leuchs ne peut s’empêcher de voir un délai injustifié dans le traitement de ce dossier : « L’école élémentaire publique Marie-Curie est une école extrêmement diverse, probablement l’une des plus diversifiées de la ville. Ses enfants représentent l’avenir de l’Ontario et du Canada. Ils méritent un bâtiment bien meilleur que celui qu’ils occupent actuellement et qu’on commence enfin à leur accorder de l’attention. Les retards dans ce dossier ressemblent de plus en plus à du racisme systémique », suppose-t-elle.