Rentrée scolaire : l’apprentissage virtuel conforté et une rallonge de 2 milliards
TORONTO – La prochaine rentrée scolaire ontarienne pourra se faire en classe ou à la maison. Le gouvernement laissera le choix aux parents et renforce les outils d’apprentissage à distance pour ceux qui opteront pour la solution virtuelle. Plus de deux milliards d’investissements supplémentaires doivent permettre de rectifier le tir, entre autres en santé mentale, retard scolaire, recrutement de personnel et matériel de protection…
« Tant de gens voudraient garder les enfants en classe, mais on écoute le médecin-hygiéniste en chef et c’est pourquoi on agit pour réduire transmission », a expliqué le ministre de l’Éducation, laissant aux parents le choix de mettre ou non leur enfant en classe. « On a la responsabilité de planifier la rentrée et on doit le faire plusieurs mois à l’avance », a-t-il signifié, balayant les accusations de vouloir faire de l’apprentissage virtuel une norme provinciale gravée dans la durée.
« On devrait plutôt investir dans les salles de classe », a réagi la députée néo-démocrate Marit Stiles. « Cette nouvelle situation normale ne va pas fonctionner pour la majorité des enfants et des familles. On ne peut pas se permettre une autre année d’apprentissage virtuel permanent ». L’élue de Davenport estime que « le gouvernement a abandonné les Ontariens pour faire des économies sur le soutien qu’il devrait apporter en classe ».
Dans son plan d’attaque budgétaire pour la prochaine rentrée scolaire, dévoilé ce mardi, le gouvernement renouvelle et bonifie plusieurs soutiens temporaires liés à la COVID-19 dans le système éducatif, totalisant plus de 1,6 milliard de dollars en ressources.
Santé mentale et engagement des élèves sur le radar
Derrière ces investissements, au-delà du soutien pour se protéger de la COVID-19, le ministère de l’Éducation a voulu gommer plusieurs faiblesses apparues au cours de la pandémie, particulièrement les conséquences induites sur le retard académique et la santé mentale des élèves.
Il accorde ainsi plus de 85 millions de dollars dans la récupération et le renouvellement des acquis. La plus grosse partie de l’enveloppe ira dans l’apprentissage pendant l’été et le « réengagement des élèves ».
La priorité est concentrée sur la lecture et les mathématiques, mais aussi le tutorat en ligne par l’intermédiaire, côté francophone, de TFO et du système Eurêka! qui rejoint autour de 85 000 élèves de la 1re à la 12e année. Ce système doit offrir des ressources pour les enseignants et les parents afin de soutenir les compétences en langue française.
Pour répondre aux attentes en santé mentale, le gouvernement incite les conseils scolaires à embaucher des professionnels du secteur pour accompagner les élèves de manière personnalisée, en lien avec les partenaires communautaires.
En injectant plus de 380 millions additionnels dans la dotation en personnel, Stephen Lecce tente par ailleurs d’endiguer, pour partie, un vif défi : celui du recrutement et de la rétention de personnel en éducation de lange française.
Les subventions pour les besoins des élèves (SBE), débloquées cette année, seront maintenues et complétées, à la rentrée prochaine, par un financement additionnel de soutien en langue, via le Programme d’appui aux nouveaux arrivants (PANA). Au total, ce financement des SBE atteindra 25,60 milliards de dollars, en hausse de 2% par rapport à 2020-2021, soit un financement provincial moyen par élève de 12 686 $.
Apprentissage virtuel : un énorme risque, selon l’AEFO
Anne Vinet-Roy met en doute « l’exactitude et la pertinence » des chiffres annoncés ce mardi : « Avec ce gouvernement et le ministre de l’Éducation actuel, on doit toujours se méfier », commente la présidente de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO).
Elle s’inquiète aussi de la direction que prend la province dans l’apprentissage à distance. « Se lancer dans quelque chose de plus gros et continuer à offrir le choix aux parents peut être bon pour certains élèves, mais pas pour d’autres. À plus grande échelle, c’est un « énorme risque d’enlever de l’argent au système d’éducation traditionnel. »
Selon Mme Vinet-Roy, le gouvernement se détourne de l’enjeu principal : rendre les écoles sécuritaires. « Si les écoles étaient vraiment si sécuritaires comme le dit le gouvernement, les parents choisiraient tous d’envoyer leurs enfants à l’école. Mais on en n’est pas là. »
« Au lieu d’investir dans les salles de classe et la baisse du nombre d’élèves, le gouvernement investit dans l’apprentissage en ligne », constate la leader syndicale qui pointe « un manque de cohérence entre la volonté affichée du gouvernement de garder les enfants en classe et ses gestes concrets ».