Rentrée scolaire : l’opposition plaide pour des classes plus petites et pleines
TORONTO – Néo-démocrates et libéraux demandent au ministre de l’Éducation, Stephen Lecce, et au premier ministre, Doug Ford, de revoir leur copie. Le plan présenté pour le retour à l’école mettra les parents dans une situation impossible, disent-ils.
De passage, lundi matin, à l’école élémentaire publique Louise-Arbour, à Ottawa, la chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Andrea Horwath, a continué de marteler son message à l’attention du premier ministre Ford. Le plan pour la rentrée scolaire du gouvernement progressiste-conservateur est « chiche et risqué », selon elle.
« Ce plan n’inspire absolument aucune confiance aux enseignants et aux parents. À l’heure actuelle, cela va contraindre ces derniers à faire le choix impossible de garder leurs enfants à la maison, et donc ne pas pouvoir retourner au travail pour beaucoup d’entre eux, ce qui va encore plus pénaliser les femmes, ou d’envoyer leurs enfants à l’école avec la crainte liée aux risques sanitaires. »
« Pour assurer la relance économique, il faut un plan de relance en éducation. L’un ne va pas sans l’autre » – Lucille Collard
Ce message, c’est également celui des libéraux, peu convaincus par les solutions hybrides.
« Tous les parents que je croise me disent la même chose : ils n’ont pas confiance que ce plan respecte les règles sanitaires, notamment en ce qui concerne la distance physique dans les classes », lance la députée d’Ottawa-Vanier, Lucille Collard. « Certains vont devoir faire le choix très difficile de ne pas retourner au travail. »
Des classes hors des écoles
La solution passe, selon les deux principaux partis d’opposition à Queen’s Park, par une réouverture complète des écoles, à temps plein, dans des classes plus petites.
« Cela veut dire qu’il y aurait besoin davantage d’espace », reconnaît Mme Collard. « Mais il est possible d’être innovateur. Pourquoi, par exemple, ne pas utiliser les sous-sols d’églises, les centres communautaires, certains espaces de bureaux vacants, notamment au niveau de la fonction publique fédérale? »
Ce travail doit se faire de concert avec le gouvernement fédéral, ainsi qu’avec les municipalités, insiste la chef du NPD. Mme Horwath presse le gouvernement d’établir rapidement un plan d’urgence, alors que M. Ford a passé la semaine dernière à défendre celui dévoilé le 30 juillet.
« Le gouvernement doit travailler pour assurer un retour à l’école sécuritaire, cinq jours par semaine, cet automne. C’est ce que les parents demandent et attendent. Il doit investir davantage dans des espaces et des infrastructures adaptées aux besoins sanitaires, comme dans une meilleure ventilation, là où c’est nécessaire, et dans des améliorations, comme des robinets sans contact. Il doit aussi recruter plus d’enseignants et de personnels pour les écoles… Qu’il reconnaisse avoir échoué et se mette au travail! Il ne peut laisser les parents dans cette situation. Il doit s’y consacrer 24 heures sur 24, sept jours sur sept. »
Le ministre de l’Éducation, Stephen Lecce, a de nouveau défendu l’approche gouvernementale de ce dossier, en conférence de presse.
« Dans les zones à haut risque, nous avons forcé un plafonnement à 15 élèves par classe », a-t-il ainsi affirmé, même si à Windsor et dans le grand Toronto, les conseils scolaires francophones ne seront pas soumis à cette règle.
L’opposition fustige également un investissement bien trop insuffisant pour permettre aux conseils scolaires de faire face à la crise.
« La totalité du financement du gouvernement Ford pour le personnel supplémentaire pendant la période de rétablissement de la pandémie est de seulement 16 000 $ par école, un montant qui ne couvre même pas un seul membre du personnel à temps partiel », calcule le NPD.
Repousser la rentrée
Consciente des problèmes de pénurie d’enseignants dans les conseils scolaires francophones, Mme Collard suggère quelques pistes de solution.
« Il faut être flexible. On pourrait proposer à des enseignants retraités de reprendre du service et voir avec les étudiants en dernière année. Et puis, cela pourrait aussi permettre de s’attaquer enfin au problème de reconnaissance des compétences de nos nouveaux arrivants qui ont exercé en éducation dans leurs pays d’origine et qu’on pourrait intégrer dans nos écoles après une courte formation. »
Tout passe par la consultation, insiste l’ancienne présidente du Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario.
« C’est ce qui a manqué dans le premier plan. Le gouvernement avait donné jusqu’au 4 août aux conseils scolaires pour travailler sur trois scénarios, puis juste avant, il a dévoilé son plan sans aucune consultation. Il faut que le ministre s’assoie avec les conseils scolaires, les syndicats et les experts en santé pour travailler sur une solution. »
Le temps presse toutefois, à quelques semaines à peine de la rentrée.
« La course contre la montre est perdue », reconnaît Mme Collard. « Mais s’il faut repousser la rentrée de quelques semaines pour avoir un plan sécuritaire et cohérent, ce serait une meilleure solution que d’avoir l’année de perdue. »