Robert Paquette, la fierté en héritage
LONDON – Artiste légendaire de la francophonie canadienne, Robert Paquette a marqué son époque avec la fondation du groupe CANO, de La nuit sur l’étang, le premier album de chansons francophones originales d’Ontario Dépêche-toi soleil, la liste de ses accomplissements pourrait remplir un article à elle seule! Invité par au festival de la Country Music Association (CMA) Ontario, il sera en spectacle à London le 2 juin alors qu’un hommage lui sera rendu.
« C’est intéressant de présenter dans un festival surtout anglophone avec la musique country, les gens ne sont pas nécessairement au courant de l’existence de la musique country francophone en Ontario », explique Robert Paquette en entrevue avec ONFR+, qui se réjouit de la volonté des organisateurs de faire découvrir ses chansons au public anglophone.
Le chansonnier sudburois est invité sur la scène pour un Legacy revival concert avec d’autres pionniers de la musique ontarienne. Il n’en est pas à sa première reconnaissance notamment avec l’entrée de sa chanson Bleu et blanc au temple de la renommée de la musique canadienne en 2018. « Au-delà des récompenses, ça fait déjà plaisir de pouvoir continuer ce métier à l’âge que j’ai. J’ai pu faire ça toute ma vie, je n’ai pas été obligé d’aller trouver une »vraie job » », se réjouit-il.
Rendu à 72 ans, Robert Paquette se sent encore comme s’il en avait 18 à l’intérieur de lui-même. « Les croyances qu’on avait plus jeune dans l’importance d’une culture ne partent jamais », affirme-t-il.
Les croyances qu’on avait plus jeune dans l’importance d’une culture ne partent jamais.
Robert Paquette
Cette culture, Robert Paquette l’a fait découvrir à d’innombrables spectateurs des Amériques et de l’Europe en se présentant toujours comme un fier Franco-Ontarien. « On peut sortir un gars de Sudbury mais on ne peut pas sortir Sudbury du gars », lance-t-il.
Le premier feu de la 400/69
À l’heure des hommages, l’auteur de Moi, j’viens du nord se rappelle du vide qui existait dans la francophonie ontarienne avant la révolution culturelle dont il a été un acteur.
« Quand j’étais jeune, la culture à laquelle on avait accès c’était surtout la littérature qui venait de la France ou du Québec, la musique c’était la même chose. Il n’y avait pas grand-chose qui nous appartenait », se souvient-il. « On était une génération de jeunes artistes qui voulaient s’identifier à l’Ontario français. »
Il va sans dire que Robert Paquette en garde des souvenirs inoubliables.
« La première fois que tu commences à écrire des chansons et que les gens semblent aimer ce que tu fais. C’est déjà énorme », s’exclame-t-il.
En prenant leur place en théâtre, littérature, chanson et autres arts visuels, les Franco-Ontariens ont développé une identité propre qu’ils revendiquent fièrement aujourd’hui.
« La génération de mes grands-parents a défriché la terre du nord de l’Ontario, la génération de mes parents y a pris racine, ma génération a commencé à s’en sentir fière », résume Robert Paquette.
La génération de mes grand-parents a défriché la terre du Nord de l’Ontario, la génération de mes parents y a pris racine, ma génération a commencé à s’en sentir fière.
Robert Paquette
L’auteur-compositeur-interprète a grand espoir pour la continuité de l’essor de la culture franco-ontarienne.
« Il y a plus d’auteurs, roman, poésie, de gens de théâtre, qu’il n’y en a jamais eu », félicite-t-il. Qu’il s’agisse des nouveaux festivals, de l’expansion de TFO, des maisons d’édition, des nouveaux artistes de la relève, Robert Paquette voit de nombreux signes que sa culture est promise à un bel avenir.
Il reste cependant pragmatique face aux défis qui sont encore bien présents pour la pleine émancipation des francophones de la province.
« Je sais qu’il faut se battre tous les jours. Les acquis sont acquis, mais ils ne sont pas là en permanence. Il faut les protéger si on veut plus de nouvelles reconnaissances, plus de débouchés, plus d’ouvertures », explique-t-il. « C’est pour ça que la parole est importante ».