Deux députés francophones d'opposition ont interpelé ce mercredi le gouvernement sur les problématiques de santé touchant les Franco-Ontariens. Archives ONFR

TORONTO – En ce 20 mars, Journée internationale de la Francophonie, la pénurie de main-d’œuvre francophone en santé s’est de nouveau invitée dans les débats de l’Assemblée législative, l’opposition officielle dénonçant la pénurie généralisée de personnel francophone dans le Nord et le gouvernement annonçant l’ajout de 90 préposés aux soins francophones dans les foyers de soins de longue durée.

La députée néo-démocrate France Gélinas s’est adressée à la chambre en français ce mercredi, dressant un portrait critique de la pénurie des médecins dans le Nord de l’Ontario : « 62 900 personnes sont sans médecin à Sudbury, Manitoulin et Parry Sound. 65 % des médecins de famille envisagent de quitter leur pratique dans les cinq prochaines années, principalement dû à la paperasse. »

« En donnant accès à des équipes aux médecins de famille, on permettrait d’ajouter l’équivalent de 2000 médecins dans le système. »

« Est-ce que le premier ministre va financer les équipes interdisciplinaires et libérer le temps des médecins de famille dans le nord de l’Ontario qui peuvent parler français? », a demandé l’élue de Nickel Belt, en référence à un projet de loi récent du NPD destiné à alléger les médecins en administratif, pour augmenter la capacité de traitement de patients.

Après une première réponse négative et une seconde relance de la députée d’opposition, la ministre de la Santé Sylvia Jones ne répond que partiellement à la question : « C’est ce que nous voulons également. Il y a de nombreuses équipes multidisciplinaires dans le Nord, en particulier pour les soins de longue durée. Nous faisons des placements et c’est ce que les médecins nous réclament. »

« Que faites-vous pour augmenter le nombre de lits de soins de longue durée pour francophones dans le Nord? », a scandé un peu plus tard dans la matinée le député de Mushkegowuk-Baie James Guy Bourgouin, ajoutant que « les francophones du Nord de l’Ontario sont les grands oubliés de la santé ».

« C’est une question importante et je rappelle l’investissement de 10 milliards de dollars envers les foyers pour des besoins multilingues », a rétorqué Stan Cho, ministre des Soins de longue durée.

« La réalité ne reflète pas vos paroles. Sous votre gouvernement, on voit un lit pour 3400 francophones contre un lit pour 170 anglophones. Vous nous avez promis 68 lits à Kapuskasing, il y a deux ans. Quand va-t-on les avoir? », a insisté M. Bourgouin face au ministre Cho qui a alors évoqué une extension de formation pour 90 nouveaux préposés aux soins francophones.

Augmentation du nombre de préposés francophones dans les soins de longue durée

Dans l’après-midi suivant, le ministère des Soins de longue durée annonçait par voie de communiqué les détails de l’élargissement d’un programme d’apprentissage (le Programme accéléré d’apprentissage rémunéré pour PSSP), qui permettra à 90 employés francophones des centres de soins de longue durée de devenir des préposés aux services de soutien à la personne (PSSP), avec un investissement de 2,5 millions de dollars.

Le Collège Boréal vient élargir ce programme pour englober le personnel francophone de la province et former 90 PSSP d’ici à 2025.

« Notre gouvernement vient aider les employés des foyers de soins de longue durée à faire avancer leur carrière en devenant des PSSP, en plus d’augmenter les soins directs offerts aux résidents des foyers situés dans des collectivités rurales, éloignées et du nord, a déclaré le ministre Cho. L’élargissement du Programme accéléré d’apprentissage rémunéré pour PSSP permettra d’aider encore plus de résidents francophones de partout en Ontario à recevoir des services culturellement adaptés, dans la langue de leur choix. »

« Notre gouvernement investit pour renforcer la capacité de la main-d’œuvre francophone dans nos foyers de soins de longue durée, a fait valoir Natalia Kusendova, adjointe parlementaire de la ministre des Affaires francophones. »

« Avec sa solide expertise, son approche pratique et ses nombreux campus situés dans les régions où se trouvent de fortes communautés francophones, le Collège Boréal est un établissement idéal pour participer au volet francophone du programme. La santé de toutes et de tous est au cœur de nos priorités, et il est essentiel que nos aînés francophones aient accès à des services en français et des soins linguistiquement appropriés. Cet investissement démontre l’engagement continu de notre gouvernement à améliorer la disponibilité des services en français en Ontario. »