Services bilingues obligatoires : les compagnies aériennes mitigées

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OTTAWA – La proposition du sénateur acadien, René Cormier, d’étendre les obligations de services bilingues d’Air Canada à toutes les compagnies aériennes offrant des vols intérieurs est accueillie avec peu d’enthousiasme, alors que la Chambre des communes doit se pencher sur les amendements proposés par le Sénat dans les prochains jours.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

En marge d’une conférence de presse de l’Association du transport aérien du Canada (ATAC), le président de Canadian North, Steve Hankirk, se montre quelque peu inquiet de la proposition formulée par le sénateur acadien.

« Comme compagnie, nous essayons de traiter nos passagers du mieux que nous le pouvons. Mais je suis inquiet de l’impact d’une telle mesure pour une compagnie comme la nôtre qui opère avec des moyens limités. Il faut que cette loi soit raisonnable, car notre réalité dans le nord est très différente. »

Sa compagnie aérienne offre des vols vers le Nunavut et les Territoires du Nord-Ouest. Son site internet est bilingue, en anglais et en Inuktitut, mais M. Hankirk assure que sa compagnie fait de son mieux pour diffuser aussi ses messages à bord en français, via une bande sonore préenregistrée.

Parmi les nombreux amendements proposés au projet de loi C-49 sur la modernisation de la Loi sur les transports au Canada, le sénateur Cormier propose que l’Office des transports du Canada prenne, « après consultation du ministre, des règlements relatifs aux vols à l’intérieur du Canada, pour régir l’obligation, pour le transporteur, de fournir des services dans les deux langues officielles ».

 

Pas besoin d’une loi, dit WestJet

La compagnie Porter, qui serait particulièrement touchée par la proposition de M. Cormier, a refusé la demande d’entrevue d’#ONfr.

Par courriel, la compagnie explique : « Le projet de loi C-49 étant encore en évaluation, il est prématuré de nous prononcer sur des suggestions individuelles comme celle-ci ».

Du côté de WestJet, on explique avoir beaucoup investi, dans la dernière décennie, pour améliorer l’offre de services bilingues, citant un site internet et un système de réservation disponibles en français et en anglais et la mise en place, il y a trois ans, d’un centre d’appel bilingue à Moncton.

« Toutes les annonces faites à bord sont en français et en anglais et nous continuons à travailler fort pour attirer des employés bilingues, pas seulement en cabine, mais pour tout notre service à la clientèle. Nous assumons ces efforts et les coûts qui y sont associés non parce que c’est obligatoire, mais parce que nous croyons qu’attirer des clients francophones est un bon choix d’affaires. »

La compagnie juge toutefois inutile d’imposer une telle obligation dans la loi.

 

Pas difficile, selon Air Transat

Le son de cloche est légèrement différent pour la compagnie québécoise Air Transat, dont les vols intérieurs sont surtout des correspondances.

« Le français et l’anglais font partie de notre ADN et nous n’aurions pas de difficulté si cette proposition était retenue. Nos agents de bord ont tous un niveau fonctionnel de bilinguisme français et anglais et 25 % d’entre eux parlent même une troisième langue! Nous serions donc prêts à vivre avec cette proposition qui ne changerait pas grand-chose pour nous », explique la directrice, affaires publiques et communication d’Air Transat, Odette Trottier.

 

 


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