Estelle Duchon, PDG par intérim du Centre francophone du Grand Toronto, à l'un des deux kiosques d'accueil des nouveaux arrivants de l'Aéroport international Pearson de Toronto, aux terminaux 1 et 3. Photo : Gracieuseté du CFGT

TORONTO – En cinq ans depuis sa création, le point d’accueil francophone de l’Aéroport international Pearson est passé de 2500 nouveaux résidents permanents francophones pris en charge en 2019 à 3500 en 2023-2024. Mandaté par le ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration du Canada (IRCC), le Centre francophone du Grand Toronto (CFGT), qui offre désormais des services pré-départ et post-arrivée, s’est également vu confier l’accueil des anglophones et des allophones. Parmi eux, 19% sont en fait francophones.

Situés aux terminaux 1 et 3, ces kiosques de services d’aiguillage en français à l’Aéroport Pearson s’adressent aux nouveaux résidents permanents, fraichement sortis de l’avion.

De quatre agents d’accueil en 2019, l’équipe est passée à 17 membres bilingues et plurilingues en cinq ans.

Nombre de résidents permanents francophones accueillis à l’aéroport Pearson de Toronto par année, incluant la baisse significative de 2021-2022 due à la pandémie de COVID-19. Photo : gracieuseté du CFGT

Sollicitée par l’IRCC en 2022, l’expansion de leurs services d’accueil aux nouveaux résidents permanents anglophones et allophones, à travers des équipes bilingues, a été une opportunité pour le Centre francophone du Grand Toronto (CFGT) de toucher plus de francophones.

« Avant ça, c’est Malton Neighbourhood Services qui assumait la charge du mandat anglophone, et ce durant une vingtaine d’années. Ceux-ci maintenaient qu’ils n’accueillaient peu ou pas de francophones, explique Aïssa Bibi Nauthoo, en charge du programme au CFGT. Or, nous avons tout de même enregistré 19% de francophones (parmi les groupes considérés comme anglophones ou allophones) cette dernière année. »

« Cette nouvelle offre active nous a en effet permis d’observer que, souvent, il y a certains membres de familles qui parlent français. On est alors capable de les diriger vers des organismes et services francophones », illustre celle-ci.

« Les travailleurs temporaires ou les étudiants internationaux qui arrivent et qui ont besoin de services en français n’ont malheureusement pas accès à ce service », déplore-t-elle toutefois, espérant une mise à jour plus exhaustive du mandat. « Ils finissent par s’assimiler dans des environnements anglophones, et ça a un impact sur le poids démographique à long terme. »

Répartition des résidents permanents francophones par pays de provenance et villes de destination depuis 2019-2020. Photo : Gracieuseté du CFGT

Quant aux pays de provenance des nouveaux arrivants, ils varient, selon Aïssa Bibi Nauthoo. « Le Cameroun a toujours été le premier pays en tête de classement, mais pour ce qui est des autres pays, ça change. Le Liban apparait maintenant dans le top 3 mais, avant 2019, c’était la France. »

« Les données dépendent aussi de l’aéroport d’arrivée, ajoute Meryem Taleb, également en charge du programme. Certains francophones arrivent à Montréal, par exemple. Par ailleurs, de nombreux résidents temporaires comme les PVTistes arrivent d’Europe, mais ce ne sont pas les profils pour lesquels nous sommes mandatés. »

Le processus à la sortie de l’avion

« Dès l’atterrissage et après être passées par les services d’immigration, les personnes sont référées à nos services d’information. Une fois arrivées au kiosque, elles sont prises en charge par un des agents », décrit Mme Taleb.  

La documentation présentée aux nouveaux résidents permanents explique entre autres comment se procurer un Numéro d’assurance sociale (NAS), la carte Assurance-santé (OHIP), la Prestation ontarienne pour enfants ou encore comment s’orienter dans les études primaires, secondaires et postsecondaires au besoin.

Mme Taleb ajoute : : « Nous donnons également un passeport d’accueil et d’établissement qui référence les fournisseurs des services d’établissement, en fonction de la destination finale de résidence. »

« Recueillir leurs données fait également partie du processus pour nous permettre par la suite de mettre en lien ces nouveaux arrivants, via une base de données en ligne, avec les organismes partenaires avec lesquels nous travaillons et qui offrent des divers services : le Collège Boréal à Toronto par exemple, le Point d’accueil francophone (PAF) à Ottawa, l’Association canadienne-française de l’Ontario, etc. »

Quelques-uns des 17 membres de l’équipe d’accueil du Centre francophone du Grand Toronto à l’aéroport Pearson. Photo : Gracieuseté du CFGT

Photo : Gracieuseté du CFGT

Photo : Gracieuseté du CFGT

Des services pré-départ et post-arrivée uniquement pour les francophones depuis un an

Un suivi d’intégration a été mis en place pour les francophones uniquement. Les organismes référents dans la ville d’établissement contactent alors ces nouveaux venus.

« Pour les francophones qui choisissent de s’établir à Toronto par exemple, le Centre francophone offre des services post-arrivée avec des conseillers à l’établissement qui prennent contact avec les nouveaux arrivants dans les 24 à 48h », ajoute Mme Taleb.

Une évaluation individuelle des besoins permet alors la mise place d’un plan d’intégration : emploi, logement, aide juridique, services de famille, santé primaire, santé mentale et éducation.

Depuis juillet 2023, le CFGT a instauré des Services pré-départ pour l’Ontario, incluant un contact avec le nouveau résident permanent francophone avant son arrivée au Canada.

Aissa Bibi Nauthoo nous informe que la lettre d’acceptation de visa de l’IRCC contient désormais l’information sur ces prestations pré-départ : « Les francophones sont invités à s’inscrire sur une plateforme ‘Connexion francophone’ pour bénéficier de services, notamment une sensibilisation sur le mode de fonctionnement canadien (scolaire, bancaire, marché du travail, etc.) »

« Les nouveaux inscrits à destination de l’Ontario sont contactés par les conseillers de pré-départ pour préparer la personne à la vie ici au Canada et l’orienter sur la meilleure ville d’établissement. La meilleure façon de prendre une décision éclairée », conclut celle-ci.