Recevoir des services de soins dans sa langue donnerait une meilleure santé
Recevoir un service de santé en français en tant que francophone en Ontario et au Canada résulte en de plus faibles chances d’avoir des problèmes de santé, conclut une étude.
C’est ce que dressent comme portrait 11 chercheurs dans cette étude publiée dans le journal de l’Association médicale canadienne (CMAJ). Elle recense des chiffres tirés des admissions dans les hôpitaux et dans les soins de santé à domicile entre avril 2010 et mars 2018 de près de 190 000 adultes en Ontario et au Canada. Recevoir un service en français équivalait à une durée de séjour 7 % plus courte que les francophones qui obtiendraient un service dans une autre langue.
« Nous avons constaté que les francophones et les allophones qui ont reçu des soins médicaux concordants en termes de langue étaient moins susceptibles d’avoir des événements indésirables, plus susceptibles d’avoir des séjours hospitaliers plus courts et moins susceptibles de mourir à l’hôpital par rapport à leurs homologues qui ont reçu des soins linguistiques discordants », écrit l’étude.
44,4 % des francophones disent avoir été traités par un médecin parlant leur language ce qui est plus bas que les anglophones, mais plus haut que les allophones (1,6 %). Le taux de bilinguisme plus élevé chez les Franco-Ontariens et la forte présence du français dans certaines régions ontariennes pourraient expliquer cet écart, selon l’enquête.
« La législation provinciale exige la prestation de services en français dans certaines régions (ex., l’Est et le Nord de l’Ontario). Ainsi, certains patients francophones peuvent avoir bénéficié de soins linguistiques concordants dans ces hôpitaux (p. personnel infirmier, personnel de soutien à la personne) bien qu’ils aient été traités par médecins anglophones. »
Plus de déclin de santé chez les francophones
Le fait d’encourir moins de risques lorsqu’on obtiendrait un service dans sa langue serait dû à une meilleure communication ce qui pourrait permettre au médecin de mieux détecter certains symptômes ou problèmes, suggère l’étude. Une mauvaise communication entre le patient et le médecin résulterait à faire des « tests supplémentaires et parfois inutiles » qui augmenterait la possibilité de risques ou la durée d’un séjour à l’hôpital.
L’étude souligne que les francophones étaient plus susceptibles de vivre dans des milieux ruraux plus pauvres et défavorisés ainsi que d’être plus âgés.
« Le fardeau de la multimorbidité chronique était similaire dans tous les groupes linguistiques. Cependant, tant les francophones que les allophones avaient plus de troubles cognitifs que les anglophones. Comparativement aux anglophones, les allophones étaient plus susceptibles d’avoir des limitations fonctionnelles et les francophones étaient plus susceptibles d’avoir des déclins de santé plus importants », écrit-on.
Le chercheur recommande aux administrateurs d’hôpitaux la « mise en place de mesures pour accroître la prestation de soins linguistiques concordants » aux patients vivant dans des situations en milieu minoritaire.