De gauche à droite, les premiers ministres Wab Kinew (Manitoba), Doug Ford et Tim Houston (Nouvelle-Ecosse) lors de la rencontre estivale 2024 des premiers ministres des provinces et territoires. Photo : Secrétariat du Conseil de la fédération

MISSISSAUGA – Réunis autour de Doug Ford ce lundi à Mississauga, les 12 autres premiers ministres provinciaux et territoriaux du Canada ont affiché un «  front uni » face à la menace de tarifs douaniers américains à hauteur de 25 % au Canada.

Parmi les questions et thèmes discutés, il a été question de sécurité énergétique, de soins de santé et de relations canado-américaines, relatives à l’annonce du Donald Trump d’imposer une taxation de 25 % sur tous les produits en provenance du Canada.

En conférence de presse cet après-midi, le premier ministre ontarien et président du Conseil de la fédération, Doug Ford, a ensuite annoncé que les premiers ministres du Canada feraient front uni malgré le « chaos à Ottawa », qualifiant la situation d’instable au fédéral, après la démission de la ministre de finances Chrystia Freeland.

Une volonté de prise de décisions basées sur des consensus concernant le commerce, la sécurité des frontières et de l’Arctique et les relations Canada-États-Unis.

« Jusqu’au 20 janvier quand Trump sera assermenté, nous allons rester unis et travailler ensemble. Il y aura beaucoup de forces de notre côté lorsqu’on négociera. Les seules personnes qui pâtiraient d’un manque de collaboration seraient les Canadiens et les Américains et qui serait le grand gagnant? La Chine et ses produits bon marché », a-t-il déploré.

La première ministre de l’Alberta Danielle Smith d’ajouter : « Notre énergie canadienne va rendre les prix moins couteux. Chaque province a des forces à avancer sur la table, minerais spéciaux et ressources naturelles. Voici les types d’arguments que nous allons avancer. »

« Il y a encore des problèmes à la frontière. Il faut investir de l’argent et des ressources humaines. Ça devrait être notre seule priorité »
— François Legault, premier ministre du Québec

Les premiers ministres exhortent également le gouvernement fédéral à accélérer l’atteinte de la cible fixée par l’OTAN de 2 % du PIB pour les dépenses en défense, en lien avec les infrastructures stratégiques et les implications plus larges pour le partenariat économique et de sécurité du Canada avec les États-Unis.

Les premiers ministres ont discuté de l’engagement du premier ministre fédéral quant à présenter un plan complet pour la sécurité frontalière, qui doit inclure les ressources humaines et financières supplémentaires et nécessaires.

« Notre priorité devrait être de s’assurer que nous avons réglé ce problème. Il (Donald Trump) a été clair, si vous ne traitez pas le problème des frontières, j’imposerai ce tarif de 25 %. Il y a encore des problèmes frontaliers c’est certain et il faut investir, ça devrait être notre seule priorité », a tranché François Legault, le premier ministre du Québec.

Un argument appuyé par Doug Ford qui évoque la nécessité d’appuyer la GRC pour sécuriser la frontière, ajoutant que c’est la responsabilité du gouvernement fédéral.

Les discussions entre les premiers ministres se poursuivront jusqu’au 20 janvier et le Conseil de la fédération se rendra à Washington en février « en vue de consolider encore davantage l’établissement de partenariats solides avec les États-Unis ».

L’ombre de l’arrivée au pouvoir de Trump aux États-Unis

À l’origine de cette menace, l’exigence de Trump que le Canada et le Mexique renforcent leurs frontières contre le flux migratoire illégal et le passage de drogues telles que le fentanyl.

Si de tels tarifs entraient en application, Doug Ford avait dèjà évoqué en plusieurs pistes de réplique comme couper les exportations d’électricité de l’Ontario ou encore imposer des frais douaniers sur le bourbon américain, une approche qui n’est pas partagée par d’autres provinces telles que le Québec ou l’Alberta.

Fin novembre, juste après l’annonce du président élu Donal Trump, les premiers ministres s’étaient réunis virtuellement avec le premier ministre canadien Justin Trudeau. Celui-ci avait appelé à l’unité entre les provinces et territoires pour faire front commun dans les négociations. 

« Avec l’arrivée d’une nouvelle administration aux États-Unis, cela n’a jamais été aussi important que les premiers ministres du Canada travaillent ensemble pour protéger les emplois canadiens et développer des partenariats plus solides des deux côtés de la frontière », a ainsi déclaré le premier ministre ontarien comme mot d’ordre des rencontres du Conseil de la fédération.