La ministre des Finances Chrystia Freeland démissionne du cabinet
OTTAWA — La ministre des Finances Chrystia Freeland a annoncé qu’elle quittait le cabinet, la même journée où elle se devait de présenter la mise à jour économique d’automne.
Celle qui était aussi la vice-première ministre en a fait l’annonce sur le réseau social X lundi matin dans une lettre adressée au premier ministre Trudeau où elle écorche aussi ce dernier.
« Vendredi dernier, vous m’avez dit que vous ne vouliez plus que je sois votre ministre des Finances et vous m’avez proposé un autre poste au sein du Cabinet. Après y avoir réfléchi, j’ai conclu qu’à mes yeux la seule voie honnête et viable est de démissionner du Cabinet », annonce-t-elle.
Elle indique à Justin Trudeau « qu’en prenant votre décision, vous avez clairement indiqué que je ne possède plus cette confiance de façon crédible et que je ne possédais plus l’autorité qui l’accompagne ».
Elle explique son départ sur un « désaccord sur la meilleure voie à suivre pour le Canada » entre elle et le premier ministre. Depuis plus d’une semaine, des histoires dans le Globe and Mail faisait référence de tensions entre le bureau de Justin Trudeau et celui de la ministre des Finances, notamment sur les dépenses du gouvernement.
Chrystia Freeland s’était engagé à ce que le déficit ne dépasse pas les 40 milliards de dollars lors du budget du printemps de 2024, mais la semaine dernière, elle a laissé entendre qu’elle ne serait pas capable de respecter cette promesse.
Elle écrit que « le pays est confronté à un grand défi » avec Donald Trump qui menace d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur le Canada et que « nous devons prendre cette menace au sérieux ». Pour ce faire, elle estime que le gouvernement fédéral doit mieux gérer « notre capacité fiscale aujourd’hui, pour que nous puissions disposer des réserves dont nous pourrions avoir besoin lors d’une guerre tarifaire ».
« Je sais que les Canadiennes et Canadiens reconnaîtraient et respecteraient une telle approche. Ils savent quand nous travaillons pour eux et ils savent quand nous nous concentrons sur nous-mêmes. Il est inévitable que notre mandat au gouvernement prenne fin », indique-t-elle.
« Toutefois, la manière dont nous ferons face à la menace à laquelle notre pays est présentement confronté nous définira pour une génération, et peut-être pour bien plus longtemps », avertit-elle.
« C’est cette conviction qui a motivé mes efforts acharnés cet automne pour gérer nos dépenses de manière à nous donner la flexibilité dont nous aurons besoin pour relever les graves défis présentés par les États-Unis », ajoute-t-elle.
Depuis samedi, plusieurs items comme des vêtements et de la nourriture à emporter sont désormais exemptés de taxe sur les produits et services/taxe de vente harmonisée (TPS/TVH), une mesure qui coutera près de 3 milliards de dollars selon le Directeur parlementaire du budget. Autre mesure annoncée, une promesse d’envoyer un chèque de 250 $ en avril aux travailleurs canadiens gagnant moins de 150 000 $ par année.
Réagissant au départ de Mme Freeland, le chef conservateur Pierre Poilievre a appelé Jagmeet Singh à renverser le gouvernement libéral pour aller en élections dès que possible avant l’arrivée de Donald Trump au pouvoir.
« M. Trudeau devrait déposer la mise à jour économique cette après-midi et permettre un vote ce soir pour permettre à la Chambre des communes de montrer oui ou non si on a la confiance ou si on va aller en élection pour reprendre le contrôle de notre pays », a réclamé le chef conservateur en conférence de presse.
Plusieurs ministres démissionnaires
Cette dernière précise dans sa missive qu’elle restera députée dans sa circonscription de Toronto et qu’elle entend se représenter aux prochaines élections. Sa démission suit celle aussi du ministre du Logement Sean Fraser qui a annoncé lui aussi qu’il quitterait le cabinet, suite à un remaniement et qu’il ne se représenterait pas aux prochaines élections, citant des raisons familiales pour expliquer son départ.
Cela fait suite aux départs d’autres ministres depuis l’été de Pablo Rodriguez (Transports), Seamus O’Regan (Travail) et Randy Boissonnault (Emploi et Langues officielles). Filomena Tassi, Marie-Claude Bibeau, Carla Qualtrough et Dan Vandal ont annoncé qu’il ne seront pas candidats aux prochaines élections.
Ottawa doit présenter ce lundi en fin de journée son énoncé économique d’automne en principe, mais au moment de mettre à jour ce texte vers 11 h, l’embargo, prévu à 10 h, n’avait toujours pas été levé pour les journalistes.
Chrystia Freeland est au conseil des ministres depuis 2015, elle qui a occupé les rôles de ministre des Affaires étrangères et jusqu’à 2020. Elle est par la suite nommée ministre des Finances en août 2020. Elle a été élue pour la première fois en 2013 lors d’une élection partielle.