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Tennis : Pierre Lamarche retrace l’année de la révélation de Victoria Mboko

La Canadienne Victoria Mboko pose avec son trophée après sa victoire contre la Japonaise Naomi Osaka en finale du tournoi Banque Nationale de Montréal, le jeudi 7 août 2025. Photo : La Presse canadienne/Christinne Muschi

De Burlington à Hong Kong, la jeune Victoria Mboko a vécu une ascension fulgurante en 2025. À seulement 18 ans, la prodige canadienne est passée de la 350e à la 18e place mondiale, s’imposant notamment face à Coco Gauff, Elena Rybakina et Naomi Osaka lors d’un parcours historique à Montréal. Son premier entraîneur, Pierre Lamarche, revient sur cette saison hors norme, entre promesse confirmée et maturité gagnée.

« C’est vraiment incroyable, le parcours qu’elle a fait en une année », lance Pierre Lamarche, figure incontournable du tennis canadien et fondateur de l’Académie ACE Tennis à Burlington. Le tout premier entraîneur de Victoria Mboko l’a découverte alors qu’elle n’avait que quatre ans et a accompagné ses premiers pas dans le tennis de haut niveau.

« De partir au-delà de la 300e place mondiale et de finir 18e, je ne sais pas si quelqu’un d’autre a déjà fait ça dans le tennis féminin. »

Que de chemin parcouru depuis ses premiers pas à l’Académie ACE tennis de Pierre Lamarche. Photo : gracieuseté de Pierre Lamarche

La saison de l’explosion

L’année 2025 aura été celle de l’éclat et de la confirmation. Après un hiver marqué par plusieurs titres sur le circuit Challenger, Mboko a gagné le droit de se produire sur la plus grande scène du tennis mondial : le circuit WTA.

Les débuts sur le circuit majeur ont été encourageants. À Roland-Garros, elle a atteint pour la première fois le troisième tour d’un Grand Chelem, avant de s’incliner avec les honneurs face à la Chinoise Qinwen Zheng (3-6, 4-6). Quelques semaines plus tôt, à l’Open de Miami, elle avait remporté sa première victoire sur le circuit WTA 1000 en battant la Colombienne Camila Osorio (7-5, 5-7, 6-3), confirmant qu’elle pouvait déjà rivaliser avec des joueuses installées du top 30.

Mais c’est à Montréal, en août dernier, que tout a véritablement basculé. Invitée par les organisateurs de l’Omnium Banque Nationale, la jeune Torontoise qui parle d’ailleurs très bien le français a signé un parcours sensationnel, battant successivement Coco Gauff, Elena Rybakina et Naomi Osaka pour remporter son premier WTA 1000.
Le genre de victoire qui fait passer du statut d’espoir à celui de joueuse du top 20 mondial. Mais après un tel exploit, le plus dur a été de confirmer.

Une période difficile

Touchée au poignet droit lors de l’Omnium Banque Nationale, puis ralentie par une légère élongation à la cuisse droite, la Canadienne a dû réduire sa préparation avant l’US Open. Elle n’a pratiquement pas pu s’entraîner pendant les dix jours précédant le tournoi, arrivant à New York diminuée physiquement. Elle s’est ainsi inclinée dès le premier tour face à la Tchèque Barbora Krejčíková (6-3, 6-2).

Une adversaire, selon Pierre Lamarche, « au jeu très complet et plein de coupures », dont la variété a contrarié le style plus direct de Mboko. L’entraîneur explique que ce type de profil technique, capable de casser le rythme et de multiplier les trajectoires différentes, reste difficile à manœuvrer pour une jeune joueuse qui mise avant tout sur la puissance et la vitesse d’exécution.

La suite de la tournée nord-américaine n’a pas été plus clémente, avec deux autres éliminations précoces : dès le deuxième tour à San Diego, battue par Jessica Pegula, puis au premier tour à Guadalajara face à Emma Navarro.

« Le pire qui aurait pu se passer, c’est que ces trois défaites lui fassent perdre la confiance qu’elle avait », ajoute Lamarche.

Rebond à Hong Kong

Mais Victoria Mboko a su rebondir lors de son dernier tournoi de l’année, à Hong Kong, où elle a retrouvé son meilleur niveau. La jeune joueuse y a battu successivement Bianca Andreescu et Leylah Fernandez, les deux têtes d’affiche du tennis canadien, pour s’offrir un deuxième titre d’envergure.

« C’est pour ça que la victoire à Hong Kong est incroyable pour elle. Elle a prouvé qu’elle avait le niveau et la résilience. »
— Pierre Lamarche

Ce retour en Asie lui a permis de terminer l’année sur une note forte avant les rencontres de barrage de la Coupe Billie-Jean-King, qui se tiendront la fin de semaine prochaine (du 14 au 16 novembre) au Club Sonoma de Monterrey (Mexique), sur surface dure extérieure. Elle y figure au sein d’une jeune équipe canadienne composée également de Marina Stakusic, Rebecca Marino, Kayla Cross et Ariana Arseneault.

Une grande marge de progression

Même s’il ne l’entraîne plus directement, Pierre Lamarche observe avec admiration les progrès de celle qu’il a vue grandir sur les courts de Burlington.

Pierre Lamarche reste très proche de sa protégée à qui il a transmis les bases du tennis. Photo : gracieuseté de Pierre Lamarche

« Son développement physique est remarquable, surtout dans la défensive et la contre-attaque. Elle a démontré des qualités que je ne savais pas qu’elle avait, » confie-t-il.

Mais l’entraîneur pointe aussi certains axes d’amélioration : « Son service est très bon quand il passe, mais son pourcentage n’est pas assez élevé, et elle aime trop servir à l’extérieur. Elle doit apprendre à mieux varier et à être moins prévisible. Et puis, à la volée, elle doit encore développer de meilleures sensations. »

Le futur d’une ambassadrice du tennis canadien

À 18 ans, l’Ontarienne que tout le monde appelle Vicky confirme la vitalité du tennis féminin canadien et prouve qu’une nouvelle génération peut désormais rivaliser avec l’élite mondiale. Son prochain objectif : confirmer en 2026 face aux meilleures, dans les Grands Chelems où elle sera désormais tête de série.

« Elle est là pour longtemps. Elle a la tête sur les épaules, elle apprend vite, elle comprend ce qu’il faut faire pour durer. »