Tetia Bayoro ou le bilinguisme comme source d’intégration
Pour cette immigrante d’origine ivoirienne, Tetia Bayoro, la vie est un long fleuve tranquille avec des vagues de rires aux éclats. En effet, la trentenaire affiche un rire sincère à toute épreuve malgré quelques difficultés rencontrées à l’aube de son installation au Canada, des difficultés qu’elle a choisi de surmonter par le biais du bilinguisme et de l’entrepreneuriat.
Née à Bouaké en Côte d’Ivoire il y a 36 ans de cela, Tetia Bayoro est aujourd’hui citoyenne canadienne binationale vivant à Ottawa. Toutefois, c’est bien au Québec qu’elle a d’abord élu domicile en 2007, à la quête du savoir.
« Après mon baccalauréat, celui du système français, j’ai intégré une université à Abidjan qui offre un programme canadien où j’ai décroché un bachelor en Administration des affaires. Après quoi, j’ai postulé pour suivre un MBA en Gestion internationale à l’Université de Laval au Québec, et j’étais prise », raconte-t-elle.
Et de poursuivre : « Mon but était de m’installer au Québec principalement à cause de la langue, mais je me suis retrouvée à faire un cursus en Gestion internationale et, qui dit internationale, dit la maîtrise d’au moins deux langues internationales. Alors, j’ai pris des cours d’anglais pour devenir bilingue. »
Le bilinguisme au service de l’intégration
Une fois le diplôme canadien et la langue de Shakespeare en poche, la jeune femme jette son dévolu en 2010 sur Vancouver par un mois de février sibérien. La mention du mois n’est pas anodine, car la ville connaissait une grande activité grâce aux Jeux olympiques d’hiver qu’elle accueillait.
Sur place, la jeune étudiante fraîchement diplômée enchaîne les petits boulots afin de parfaire son anglais par le plus efficace des moyens : le terrain.
Résultat des courses, elle est embauchée par une grande banque pour un poste bilingue, une étape importante comme elle l’explique : « C’est là où tout a commencé pour moi en ce qui est de l’ouverture à l’internationale. Il faut dire que j’ai également été en Chine en 2008 dans un programme d’échange d’étudiants, et cette expérience m’était aussi très enrichissante. Dans ce sens, on peut dire le Canada m’a ouvert une porte sur le monde. »
Suite à ces nouvelles expériences, cette aînée d’une fratrie de quatre enfants décide de s’installer à Ottawa, afin de retrouver sa sœur, elle aussi venue à la capitale pour étudier à l’université éponyme. In situ, Telia Bayoro lance sa propre affaire, et ce parallèlement à son travail de gestionnaire pour une firme américaine, un travail qu’elle mène à distance aujourd’hui.
Le Canada, un terrain fertile pour l’entrepreneuriat
« J’ai toujours eu cette fibre entrepreneuriale, et cela depuis mon enfance, même si ce n’était pas encouragé de la part de ma famille qui préférait un travail plus stable et la sécurité de l’emploi qui va avec. Je me rappelle que, lorsque j’étais au lycée, je préparais des petits snacks et des gâteaux à la maison, puis je les vendais à mes camarades d’école. Je peux vous dire que j’avais une bonne petite clientèle », se souvient-elle, rire aux lèvres.
Au-delà de la volonté certaine dont Mme Bayoro fait preuve afin de transformer la pensée en action, le rêve en réalité, elle a trouvé sur la terre d’accueil un terreau fertile pour sa passion à l’égard de l’entrepreneuriat.
« Il est beaucoup plus facile de faire de l’entrepreneuriat au Canada qu’en Côte d’Ivoire, notamment à cause de l’information disponible. Pour pouvoir monter une entreprise ici, il suffit d’investir du temps et dans la recherche de l’information, puisque tout est digitalisé, alors que, là-bas tout est compliqué avec des gens qui ont le monopole de l’information. Au Canada, je suis assise devant mon ordinateur et mon entreprise vit », apprécie-t-elle.
« Alors, si j’ai un conseil à fournir aux nouveaux arrivants, c’est d’entrer en contact avec les gens qui sont arrivés ici avant eux pour être informés. Mais attention, il ne faut pas prendre pour argent comptant tout ce qu’on dit, il faut aller se renseigner par soi-même chez des sources officielles et fiables. Ici, il n’y a rien qui est caché, l’information est disponible partout », ajoute-t-elle.
Du reste, avec la création à l’apogée de la pandémie de cette affaire de vente en ligne de collations d’inspiration ouest-africaine, Tetia Bayoro dit grandir en même temps que son entreprise. Ainsi, la boucle est bouclée, une boucle entamée à la cour de récréation il y a un quart de siècle de cela.
Chaque jour de la Semaine nationale de l’immigration francophone, ONFR+ vous fait découvrir un portrait d’immigrant francophone en Ontario, son parcours, ses défis, ses succès.