The story of us : les excuses ne suffisent pas, dit la FCFA

La télésérie Canada: The story of us suscite beaucoup de réactions. Photo: CBC

OTTAWA – Au lendemain des excuses du diffuseur public Canadian Broadcasting Corporation (CBC) pour sa télésérie, The story of us, la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada juge la réponse insuffisante, accusant la télésérie de diviser au lieu d’unir, et demande davantage.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

« CBC dit vouloir ouvrir la conversation avec un débat web. Or cette conversation, c’est à l’intérieur même de la série qu’on aurait dû la retrouver. La compagnie de production a confirmé que la série avait été produite uniquement à l’intention d’un public anglophone. Or, comment peut-on créer un dialogue porteur d’unité en présentant une seule perspective sur plusieurs des faits marquants de l’histoire du pays? CBC nous dit-elle qu’elle a une perspective historique anglophone pour les anglophones et francophone pour les francophones? », s’interroge la présidente de l’organisme, Sylviane Lanthier.

La polémique enfle depuis plusieurs semaines après la diffusion du premier épisode de la télésérie, Canada : The story of us qui vise, selon CBC, « à faire découvrir aux Canadiens leur pays et leur histoire et à les aider à tisser des liens ».

Le 30 mars, la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse (FANÉ) se disait déjà préoccupée par plusieurs approximations historiques.

Après plusieurs tergiversations, le diffuseur public a finalement présenté, le mardi 11 avril, et proposé de tenir une série de conversations numériques bilingues, en direct, pour « discuter de la série, des histoires qu’elle propose et, plus généralement, sur ce que pensent les Canadiens de leur histoire ».

La FCFA demande à la CBC que la conversation puisse se faire à une heure de grande écoute, avec des entrevues de leaders et d’historiens acadiens, de francophones et d’autochtones ayant un autre point de vue des moments spécifiques de l’histoire du Canada.

« Ces entrevues pourraient être diffusées après chaque épisode de la série, à heure de grande écoute, et affichées sur la page Web de la série sur le site de CBC; elles pourraient aussi être incorporées au matériel produit qui serait destiné aux écoles par la suite », propose l’organisme.

Franco-Ontariens oubliés

Pour l’archiviste en chef de l’Université d’Ottawa, Michel Prévost, la télésérie ne reflète pas l’explorateur Samuel de Champlain. « On a célébré le 400e de Champlain en 2015, et là on le représente comme un crotté. C’est la première fois qu’on présente Champlain comme un pouilleux, alors qu’il mettait ses grandes plumes et beaux habits pour rencontrer des gens. »

Et de poursuivre : « Que les Franco-Ontariens soient oubliés, c’est déjà un fait, mais que l’on représente ainsi Champlain… »

Pour Joel Belliveau, professeur d’histoire à l’Université Laurentienne, le constat est sensiblement le même. « L’épisode 1 que j’ai visionné passe beaucoup de temps à parler de leçon et de moral. Il n’y avait pas le temps manifestement pour parler de l’Ontario. »

L’historien de Sudbury est formel : « La CBC est redevable vis-à-vis des Canadiens. Cette télésérie entretient les deux solitudes. On y voit les officiers anglais tirés à quatre épingles tandis que Champlain apparait sale et échevelé (…) La série Le Canada : une histoire populaire diffusée en 2000 et 2001, qui était une collaboration entre la Société Radio-Canada et la CBC, avait été beaucoup plus équilibrée. »

Pour M. Prévost, il est clair que les Franco-Ontariens « sont oubliés » dans ce genre de rétrospectives. « En revanche le Ottawa Citizen a parlé des sœurs Dionne dernièrement. Pour une fois, nous n’avons pas été oubliés. »