Toronto : le Centre francophone rêve de bâtir des logements sociaux
TORONTO – Face à la crise du logement et aux obstacles rencontrés par certains francophones vulnérables pour se trouver un toit, le Centre francophone du Grand Toronto (CFGT) caresse le rêve de développer ses propres logements sociaux. Un projet ambitieux sur cinq ans, mais aligné avec les priorités fédérales en infrastructures.
« La barrière de la langue affecte un individu dans toutes les sphères de la vie. Nos clients sont presque sans-abris parfois. J’ai moi-même été immigrante. Et quand on ne parle pas la langue et qu’on appelle un propriétaire, le taux de rejet est très élevé. Les personnes à faible revenu, les femmes et les personnes racisées francophones se retrouvent très vulnérables », constate la directrice du CFGT, Florence Ngenzebuhoro.
Elle évoque aussi l’arrivée d’étudiants à l’Université de l’Ontario français. Ils auront besoin d’un toit, dit-elle.
L’initiative tombe à point : le gouvernement fédéral annonçait le matin même attribuer un milliard de dollars pour la création de logements abordables. Le hic? Un projet solide doit lui être présenté d’ici le 31 mars. Objectif : créer rapidement jusqu’à 3 000 logements partout au pays.
L’assemblée générale de l’organisme, lundi soir, a été l’occasion de confirmer que tous les efforts seraient déployés pour tenter le coup.
« Nous allons lancer une entreprise sociale pour développer le concept des logements sociaux pour les francophones à Toronto. Puis, ça ira de l’avant si nous avons du financement pour les créer », précise la directrice de l’organisme franco-torontois.
« Si on est chanceux, en 2025, on aurait des logements », dit-elle.
Le Centre francophone du Grand Toronto paye un million de dollars par an en loyer pour occuper ses sept emplacements. Une grande part de ce montant est dépensé pour payer le loyer de son siège social du 555, rue Richmond Ouest, au cœur de Toronto.
Pourrait-il déménager son siège social, dont le bail se termine en 2029, au sein de ce nouveau complexe locatif? Ou pourrait-il mêler ces logements sociaux à une offre locative classique pour pouvoir dégager des profits sur la location de ces dernières unités? Tous les scénarios sont en train d’être explorés.
Florence Ngenzebuhoro évoque les difficultés actuelles pour son organisme d’aider ses clients à se trouver un logement, même auprès de partenaires ou de la Société torontoise des logements sociaux. De pouvoir accueillir, puis loger ces clients, sans passer par un intermédiaire serait bénéfique, croit-elle.
En 2019, ONFR+ évoquait le cas de dizaines d’itinérants francophones. À l’époque, Mme Ngenzebuhoro disait vouloir les aider.
« Ça m’avait touché votre article, j’en avais les larmes aux yeux. J’aimerais que le Centre francophone puisse avoir des travailleurs de rue, mais on ne peut pas tout faire. On y arrivera peut-être un jour », dit-elle, à ce sujet.
Le Centre francophone du Grand Toronto sert actuellement 15 000 francophones, selon ses estimations. Il souhaite en servir 10 000 de plus d’ici 2025. Cela passera par l’ajout de trois centres de service, puis l’accroissement de l’offre de services en ligne.
Son point de service à l’aéroport Pearson a permis d’accueillir près de 2 500 francophones entre avril 2019 et mars 2020.
Le CFGT a un budget est d’un peu moins de 12 millions de dollars.