Trudeau critique la gestion des langues officielles par Blaine Higgs
De passage à Moncton, le premier ministre Justin Trudeau a critiqué la récente gestion du dossier de la Loi sur les langues officielles par son homologue du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs.
« Malheureusement, on voit trop souvent que ce sont les gouvernements conservateurs à travers le pays qui s’attaquent aux langues officielles en milieu minoritaire », a reproché le premier ministre canadien en conférence de presse ce vendredi matin.
Ce dernier a été questionné sur la plus récente mise à jour concernant la révision de la Loi sur les langues officielles (LLO). Le gouvernement Higgs a déposé un projet de loi visant à la réviser afin de créer un secrétariat aux langues officielles, mais qui sera un regroupement d’employés des différents ministères travaillant déjà sur le dossier des langues officielles. Le gouvernement provincial a toutefois retiré l’obligation de réviser la LLO tous les dix ans, ce qu’a récriminé Justin Trudeau.
« Les gens savent très bien que le Parti libéral, au niveau fédéral, va toujours être là pour protéger les langues officielles en situation minoritaire », a-t-il souligné. « Nous avons une équipe extrêmement forte pour veiller à la protection des minorités. »
Actuellement, le gouvernement en place doit déterminer la marche à suivre pour procéder à cette révision, que ce soit via un comité parlementaire ou encore un processus indépendant. Cette dernière option est ce que le gouvernement a effectué en 2021 en nommant deux commissaires, auteurs d’une trentaine de recommandations. Toutefois, les progressistes-conservateurs n’ont retenu aucune de ces recommandations en déposant leur plus récent projet de loi.
À noter que les troupes de Blaine Higgs sont majoritaires à l’Assemblée législative néo-brunswickoise, ce qui signifie qu’à moins d’un revirement ce projet de loi sera adopté. La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) a critiqué le projet de loi 37, déposé mardi, affirmant qu’il ne « répondait en rien aux demandes exprimées par la communauté acadienne et francophone ».
« Pour une minorité linguistique officielle, à chaque fois qu’on tombe dans une forme de statu quo et le projet de loi C-37 est clairement un statu quo », a dénoncé le président de la SANB Alexandre Cédric Doucet.
L’organisme demande au premier ministre Blaine Higgs de laisser son parti voter librement sur le projet de loi.
Pas la première fois
Ce n’est pas la première fois que le premier ministre et des membres de son gouvernement critiquent Blaine Higgs sur la question de la langue. Il y a quelques mois, Justin Trudeau avait critiqué la nomination de Kris Austin à un comité chargé de superviser la Loi sur les langues officielles. Ce dernier est notamment connu pour ses prises de position anti-bilinguisme.
Il proposait, alors qu’il était chef de l’Alliance des gens du Nouveau-Brunswick, la fin de la séparation du réseau de santé anglophone et francophone, d’éliminer le Commissariat aux langues officielles et de réduire les exigences linguistiques dans la fonction publique, en plus de qualifier le bilinguisme officiel de « gaspillage de fonds publics ».
« Ça n’a aucun sens de choisir quelqu’un dans une commission pour protéger les langues officielles et le français et qui a démontré, tout au long de sa carrière, qu’il n’est pas intéressé de tout à protéger le français, les langues officielles et le bilinguisme au Nouveau-Brunswick! », avait vivement critiqué à l’époque M. Trudeau.
Alors que le Nouveau-Brunswick avait proposé de supprimer le programme d’immersion française, la ministre des Langues officielles Ginette Petitpas Taylor avait dénoncé le geste, menaçant de couper les fonds fédéraux en éducation pour la province si elle posait un tel geste.
Ottawa a récemment annoncé un financement de 3,8 milliards de dollars pour le prochain Plan d’action sur les langues officielles, soit un financement ajouté d’un milliard de dollars par rapport au dernier plan.
Plus de détails à venir…