Politique

Santé en français : l’enjeu francophone qui dominera la rentrée à Queen’s Park

Les députés regagnent les bancs de Queen’s Park ce lundi pour la reprise des sessions parlementaires, après 4 mois et demi de pause estivale. Photo : Sandra Padovani/ONFR

TORONTO – Pour la rentrée parlementaire de Queen’s Park, plusieurs priorités sont en ligne de mire des députés franco-ontariens, dont un thème commun, l’accès à la santé en français. De son côté aussi, l’AFO veut que les besoins des francophones soient pris en compte dans la stratégie de soins interconnectés du ministère de la Santé. Quant aux soins de longue durée, la ministre Natalia Kusendova-Bashta mène un projet de loi pour la traduction de plus de ressources à destination des aînés francophones.

Après 4 mois et demi de pause estivale, depuis le 5 juin dernier, ce lundi, les députés regagnent leurs sièges à Queen’s Park pour la reprise de la session parlementaire.

Le projet de loi 14 déposé par la ministre des Soins de longue durée Natalia Kusendova-Bashta (Loi de 2025 sur le soutien aux personnes âgées et aux fournisseurs de soins), comprend une particularité pour les aînés francophones.

Adopté en première lecture, l’un de ses objectifs principaux est de renforcer la qualité de vie et la protection des personnes âgées, et de soutenir les proches aidants.

Mais celui-ci vise également à renforcer la prise en compte des besoins culturels et linguistiques des résidents, exigeant que les foyers de soins de longue durée disposent de programmes spéciaux.

« Pour les aînés francophones, nous voulons également augmenter l’information disponible en français. Le ministère va lancer une enquête pour connaitre les besoins des résidents. Nous avons des fonds de traduction et on souhaite les mettre à profit », explique la ministre à ONFR.

Une semaine plus tôt, le gouvernement avait annoncé faire passer le financement annuel permanent des foyers de soins de longue durée à 1,92 milliard de dollars pour soutenir l’augmentation des effectifs.

Si le montant exact attribué aux francophones n’est pas détaillé, Natalia Kusendova-Bashta indique que la dotation est « la même pour tout le monde et proportionnelle au nombre de résidents ».

D’ajouter : « Nous avons dépassé ce printemps la cible de quatre heures de soins directs en moyenne par jour pour les résidents, prodigués par du personnel infirmier et des préposés. »

« Crise de la santé » pour les francophones

Pour le président de l’AFO Fabien Hébert, en entrevue avec ONFR, un des dossiers prioritaires est celui de la santé. « Concernant la nouvelle initiative qui a été lancée par le ministère de la Santé sur les équipes de soins interconnectées et la réduction des listes d’attente aux soins primaires, on est en train de faire remarquer à la ministre (de la Santé) que les besoins de la communauté francophone ne sont pas nécessairement pris en compte. »

Fabien Hébert, le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO). Photo : gracieuseté

Via une enveloppe de 2,1 milliards de dollars, le gouvernement s’est en effet engagé à mettre les 235 000 personnes inscrites sur la liste d’attente d’Accès Soins en relation avec un médecin de famille ou une équipe de soins primaires d’ici le printemps 2026.

« Le gouvernement de la province a lancé une première vague d’investissements au printemps passé, puis cet automne – 235 millions de dollars pour créer et agrandir 130 équipes de soins primaires, puis 250 millions pour 75 équipes – de ces premiers financements, il y a eu très peu d’initiatives francophones, note celui-ci. On veut s’assurer dans le futur que les francophones aient des soins qui sont adaptés de façon linguistique et culturelle. »

« La crise dans notre système de santé est ressentie fortement par les francophones », a quant à elle commenté la députée néo-démocrate France Gélinas (Nickel-Belt), dont c’est l’une des priorités de la rentrée.

« Les agences offrant des soins de santé sont couvertes par la Loi sur les services en français (LSF), l’offre active, tandis que les cliniques privées ne le sont pas à date et ne démontrent aucun intérêt envers nous. »

La députée libérale Lucille Collard (Ottawa-Vanier) mentionne elle aussi vouloir œuvrer pour la défense de la lentille francophone dans les soins de santé et dans les soins de longue durée pour les personnes aînées.

L’éducation et la culture francophone au cœur des enjeux

Parmi les priorités de Mme Collard, un financement adéquat des arts et de la culture, sans oublier l’éducation francophone. Dans la prochaine semaine, la députée libérale entend déposer d’ailleurs un projet de loi visant la protection et la promotion des librairies franco-ontariennes.

« En éducation : protéger nos droits à une éducation par et pour les francophones, mais aussi un financement équitable qui les respecte, notamment par des investissements à la hauteur de ceux qui sont faits dans le système anglophone, pour des infrastructures de classe mondiale, du soutien pour les élèves, et des programmes parascolaires. L’accès aux écoles dans les régions non desservies est crucial puisque le manque d’écoles favorise l’assimilation », défend-elle.

Concernant la crise de pénurie d’enseignants, « j’ai proposé une solution qui consiste à réduire de deux à un an la période de certification », explique celle-ci.

Autre priorité majeure en éducation pour la députée de Nickel-Belt France Gélinas, le projet de loi 33 : « Il a été déposé en première lecture et on veut s’assurer que les droits constitutionnels des Franco-Ontariens seront respectés. Une menace à notre système scolaire est une menace à notre survie. »

Pour le postsecondaire, elle conclut sur l’Université de Sudbury qu’elle souhaite voir dotée des « ressources promises et qu’on assure non seulement sa survie, mais son épanouissement ».