Politique

En cas de mauvaise gestion, « conseil scolaire francophone ou pas, je prendrai le contrôle », dit Calandra

Le ministre de l'Éducation de l'Ontario, Paul Calandra, rend visite aux élèves de l'École catholique Pape-François à Stouffville, en Ontario, le vendredi 2 mai 2025. Photo : La Presse Canadienne/Nathan Denette

OTTAWA – Le ministre de l’Éducation Paul Calandra a complimenté le « travail spectaculaire » des conseils scolaires francophones de l’Ontario, mais a assuré que s’ils « sortaient des rails », tout comme pour certains conseils scolaires anglophones, il n’hésiterait pas à intervenir et à prendre le contrôle. Il a toutefois réitéré qu’il n’envisageait « aucun changement au modèle de gouvernance du côté francophone ».

C’est ce qu’a dit le ministre de l’Éducation lundi en conférence de presse à Orléans, au Collège Catholique Mer Bleue, à l’occasion de l’entente sur l’éducation francophone en Ontario avec le gouvernement fédéral de près d’un milliard de dollars.

Au sujet du projet de loi 33 conférant plus de pouvoir au ministère de l’Éducation, Paul Calandra a glissé qu’il n’y aurait probablement pas de bras de fer avec les conseils scolaires s’ils étaient tous à l’image des francophones.

« On ne serait pas dans cette situation si tout le monde faisait ce que les conseils scolaires francophones faisaient », les a-t-il complimentés.

« Mais, même pour les conseils francophones, s’ils sortent des rails, s’ils ne font pas ce qu’ils sont censés faire, s’ils ne tiennent pas des budgets équilibrés, si les résultats ne sont pas bons pour leurs élèves, alors, qu’il s’agisse d’un conseil scolaire francophone ou anglophone, j’interviendrai et je prendrai le contrôle », a prévenu celui-ci.

De trancher : « Les conseils que nous avons pris en charge sont des conseils qui ont refusé ou n’ont pas réussi à prendre des décisions dans le meilleur intérêt de leurs élèves. »

« En l’état actuel des choses, il est très difficile pour le ministère de l’Éducation d’assumer la responsabilité d’un conseil qui a déraillé. C’est très complexe. Le projet de loi 33 me permet d’intervenir plus rapidement », justifie le ministre.

« Aucun changement au modèle de gouvernance francophone »

Quant à la décision de réformer le système de gouvernance côté anglophone, en marge de la nouvelle loi, Paul Calandra a expliqué qu’elle n’était pas encore actée : « Avons-nous encore besoin de conseillers dans le système? Je n’ai pas encore pris de décision finale à ce sujet. »

« Je peux vous dire que du côté francophone, il y aura toujours des conseillers scolaires. Je n’ai envisagé aucun changement au modèle de gouvernance du côté francophone, tant public que catholique. »

Le bureau du ministre de l’Éducation avait en effet confirmé que les conseils francophones et catholiques anglophones resteraient inchangés, car protégés par la Constitution canadienne.

« Je comprends les droits constitutionnels. Si un conseil de langue française se retrouve dans une situation difficile qui exige qu’il soit endossé par la province, nous respecterons les droits constitutionnels des Franco-Ontariens d’être éduqués et représentés par des conseillers scolaires de langue française », a-t-il assuré.

Selon lui, toute prise en charge d’un conseil dans ce cas-ci conservera tout de même une forme de conseillers scolaires élus, comme c’est le cas du côté catholique anglophone. 

Plus de gains à venir pour les francophones?

« Je pense que les conseils francophones font un travail absolument spectaculaire. Les résultats de leurs élèves au cours des dernières évaluations de l’OQRE, ont été exemplaires. Ils ont mené la province de l’Ontario », a salué le ministre de l’Éducation.

Il a également étayé le fait que de plus en plus de familles cherchent à inscrire leurs enfants auprès de conseils francophones de part et d’autre de la province, « et nous avons du mal à construire suffisamment d’écoles pour eux, ou, ironiquement, à faire en sorte que le système public transfère des écoles qui devraient revenir au côté francophone. Le projet de loi 33 me permettra de le faire ».

Toujours en réponse aux questions d’ONFR, M. Calandra a énoncé le cas d’une région dans le Nord de l’Ontario, dont un conseil francophone connaitrait « une croissance massive », tandis que le conseil public anglophone serait en déclin.

« Le conseil en question a refusé de transférer des écoles qui sont pratiquement vides au conseil francophone. Après le projet de loi 33, j’interviendrai et je transférerai ces écoles du système public anglophone au système français, et dans tout autre conseil à travers la province de l’Ontario qui pense pouvoir empêcher les élèves francophones d’apprendre ou leur faire passer des heures dans un autobus parce qu’ils veulent s’accrocher à une école sans raison. »

Pour conclure, Paul Calandra a affirmé qu’il récompenserait le succès, mais qu’il serait « très exigeant envers ceux qui ne donnent pas à nos élèves l’occasion de réussir ».

Article écrit avec les informations de Pascal Vachon.