Un directeur municipal unilingue anglophone pour la Ville d’Ottawa
OTTAWA – Encore une fois, la Ville d’Ottawa a voté une dérogation pour permettre l’emploi d’un unilingue anglophone à un poste pourtant désigné bilingue à l’embauche par la politique de la municipalité.
SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz
Le poste de directeur municipal de la Ville d’Ottawa sera occupé par Steve Kanellakos à compter du 2 mai. Il remplacera Kent Kirkpatrick, contraint de quitter ses fonctions pour des problèmes de santé, mais capable de tenir une conversation en français.
« C’est important pour moi d’améliorer mes compétence en français, et je vais retourner prendre des cours de français », a fait savoir M. Kanellakos en anglais lors de sa présentation aux médias, lundi 8 février. « C’est une question (la francophonie) importante pour la communauté, et aussi une dynamique pour la communauté. »
La politique de bilinguisme de la Ville d’Ottawa adoptée en 2001 est pourtant claire : « Tous les candidats externes considérés pour des postes de gestion de niveau 1 à 3 doivent être bilingues. Les seules exceptions, après qu’un vaste effort de recrutement a été déployé, devront obtenir l’approbation du Conseil. »
C’est réuni à huit clos que le conseil municipal d’Ottawa a nommé M. Kanellakos lundi en début d’après-midi.
En tant que directeur municipal, son poste entre effectivement dans la catégorie de niveau 1.
Si le candidat ne répond pas aux exigences linguistiques à l’embauche, celui-ci doit en vertu de la politique atteindre les compétences linguistiques du poste en suivant une formation offerte aux employés de la Ville.
Le hic, c’est que M. Kanellakos a occupé de 2008 à 2015 le poste de directeur municipal adjoint à la Ville d’Ottawa. Une fonction de niveau 2 et donc également assujettie à la politique de bilinguisme de la Ville d’Ottawa. Or, il apparaît clairement que son français n’a jamais progressé.
Le cas n’est pas unique puisque sur les 19 postes de haut-cadre désignés bilingues à l’embauche par la Ville d’Ottawa, la plupart bénéficient d’une dérogation du conseil municipal pour permettre l’emploi d’un unilingue.
Souvent cité en exemple pour son bilinguisme, le chef de police d’Ottawa, Charles Bordeleau, n’entre pas dans ces postes de haut-cadre.
M. Kanellakos, qui avait quitté la Ville d’Ottawa en février 2015, est actuellement directeur municipal de la Ville de Vaughan dans la région de Toronto.
Ambivalence
Joint par #ONfr, le président de l’ACFO d’Ottawa Alexandre Mattard-Michaud ne cache pas son amertume. « Je ne mets pas en doute la compétence de M. Kanellakos, ni son envie d’apprendre le français, mais on voit encore l’ambivalence de la Ville d’Ottawa. Le maire Jim Watson a pourtant dit que le français est un préquis pour l’embauche dans ce genre de poste. On voit qu’il y a une flexibilité avec le français qui est vraiment traité comme une langue d’importance secondaire. »
Pour le responsable de l’organisme porte-parole des francophones d’Ottawa, la désignation bilingue de la capitale reste nécessaire. « Ce genre de manques de la part de la Ville nous donne des munitions pour mieux revendiquer et demander une loi. »