Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford. Source: capture d'écran Youtube

L’Ontario a annoncé hier qu’elle imposait une mesure d’urgence et un ordre de rester à la maison pour toute la province jusqu’au 8 février. Cette mesure s’applique aussi au Nord qui doit fermer malgré un faible taux d’hospitalisations et de cas de la COVID-19. Certains se demandent si la mesure n’est pas injustifiée à la lumière des chiffres.

Mercredi, le Nord de l’Ontario comptait 17 hospitalisations dont quatre personnes aux soins intensifs et les bureaux de santé répertoriaient tous entre 20 et 50 cas actifs du coronavirus.

Cette nouvelle décision gouvernementale fait suite à la fermeture des commerces non essentiels le lendemain de Noël.

À Greenstone, où près de 30 % de la population est francophone, le maire Renald Beaulieu dit s’inquiéter pour les petits commerces de sa ville avec ce nouveau confinement.

« J’ai de la misère avec le fait que certains de nos petits commerçants sont vraiment affectés. Je sais que ce n’est pas pareil dans les grandes villes, mais il y a des services qui sont essentiels pour nous ici et qui sont obligés de fermer à cause de la loi. C’est déjà difficile pour nous d’attirer des gens alors je suis concerné. Mais je veux vraiment encourager les gens à suivre les règles, je sais que ce n’est pas facile, mais ça ne s’en va pas pour le mieux en ce moment, on va vers le pire. »

Il aimerait toutefois que la situation soit différente lorsque le gouvernement évalue les risques dans le Nord.

« Il faut être traité un peu différemment dans le Nord. Le problème quand on parle du Nord, on inclut Parry Sound et les petites villes alentour, mais pour nous, notre région du Nord à Greenstone, Longlac et Hearst, c’est différent parce qu’on n’a pas beaucoup de population et l’on est très espacé. »

Même si Hearst est relativement plus épargné que le Sud, le maire de la ville à majorité francophone refuse de pointer du doigt la décision de la province.

« Je lève mon chapeau au premier ministre, il suit les ordres de Santé Canada et Santé Ontario. On n’a pas le choix de le supporter. Il y a encore des gens qui ne comprennent pas », affirme Roger Sigouin.

Le maire de Hearst, Roger Sigouin. Archives ONFR+

Pour ce dernier, un traitement différent pour le Nord comparativement au reste de la province n’aurait pas de sens.

« Ça va assez bien dans le Nord et le gouvernement l’a prouvé en gardant les écoles ouvertes, mais il reste qu’il y a plusieurs choses que le gouvernement ne peut pas faire juste pour le Sud. Tout le monde doit embarquer et le message est urgent, car si ça va plus loin que ça, on sera encore là pour deux à trois ans. »

Des commerçants qui s’adaptent

Pour certains commerçants, le confinement imposé après la période des fêtes a été un coup dur.

« C’est plus dur dernièrement, les ventes ont définitivement baissé depuis Noël et là, les gens ne pourront pas sortir de chez eux alors ça n’aura pas un impact positif, mais c’est quand même dur à dire, car ce n’est pas commencé encore », pense le propriétaire du restaurant Between the Bun, Paul Chaput.

Ce dernier dit avoir dû laisser aller tous ses employés après le temps des fêtes.

« En ce moment, je suis tout seul et j’opère sept jours par semaine. On va voir si l’économie remonte. Je vais essayer de les (ses employés) ramener le plus vite possible », se désole le propriétaire du restaurant de Thunder Bay.

Roger Sigouin dit comprendre la situation des petites entreprises et espère que le fédéral pourra amener plus d’aide pour ceux-ci avec les nouvelles annonces du gouvernement ontarien.

« C’est très inquiétant pour les petites entreprises. J’espère que le gouvernement fédéral va être capable de cogner aux portes de ces petites entreprises pour les supporter durant le prochain mois. Dans ma famille, mes deux enfants ont leur propre entreprise, alors je comprends la situation, mais il reste qu’on est en guerre contre quelque chose que les gens ne voient pas et il faut en être conscient de ça. »

L’achat local pour se maintenir au-dessus

Pour plusieurs, la fameuse vague d’achat local permet d’assurer une certaine source de revenus en attendant la réouverture complète, comme à l’ère pré-COVID-19.

« Le monde était très bon quand c’est venu le temps d’acheter local. J’ai un gros support de la communauté, on est un petit commerce local, je viens d’ici et je ne connais pas mal tout le monde dans la communauté, alors ça aide. Les gens de North Bay sont d’un grand support. Je ne peux certainement pas m’en plaindre », avance Paul Chaput.

De son côté, malgré les pertes de vente dans le Sud, le fromager de Kapuskasing, François Nadeau avoue avoir profité de l’éclosion du commerce en ligne, notamment durant le temps des fêtes.

« On a eu des pertes dans les revendeurs, beaucoup de ce qu’on vendait dans le Sud a diminué de beaucoup comparativement à l’an dernier, mais l’achat local est resté stable alentour de Kapuskasing. On a trouvé deux à trois sources de ventes grâce à la vente en ligne qu’on n’effectuait pas auparavant. »