Un retour en classe mitigé pour les parents franco-ontariens

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Cette semaine marque le retour des élèves ontariens sur les bancs de l’école. Certains ont commencé dès hier dans le Nord, d’autres reprennent aujourd’hui, notamment dans l’Est et à Ottawa, tandis qu’il faudra encore attendre pour toute une partie du Centre-Sud-Ouest à l’image du Grand Toronto. Après la tempête hivernale, un autre sujet préoccupe des parents : le risque d’explosion de cas de COVID-19. Certains sont soulagés que leurs enfants retrouvent la classe, tandis que d’autres préfèrent les garder à la maison.

« La santé mentale de mes enfants et moi a pris un coup depuis l’endurcissement des mesures sanitaires », confie Agathe Breton-Plouffe, mère de deux enfants. « Il est temps que les enfants retournent à l’école avec leurs amis. Il faut rester prudent, mais nous devons arrêter de vivre dans la peur de la maladie. La peur affecte négativement notre système immunitaire. Puisque nous ne pouvons pas échapper au virus, nous devons apprendre à vivre avec ».

Agathe Breton-Plouffe, mère de deux enfants et résidente dans la localité de Red Lae au Nord e l’Ontario. Gracieuseté

Pour cette résidente de Red Lake dans le Nord de l’Ontario, puisque les autres activités ont été annulées, l’école est le meilleur moyen de créer des interactions entre les enfants et développer leurs esprits créatifs.

Ce sentiment est partagé par Valérie Rousseau, mère de famille basée à Toronto, qui se dit comblée du retour de ces enfants dans les salles de classe.

« La santé mentale de mes enfants nécessite un apprentissage en personne, comme les autres enfants de la province. Ces derniers ont subi le plus grand nombre de fermetures d’école. Pour moi, garder les écoles fermées est cruel. S’il y a des parents qui ne se sentent pas bien, c’est tout à fait leur choix de garder leurs enfants à la maison. Mais pour moi, c’est clair que mes enfants ont beaucoup souffert avec les fermetures des écoles », déclare-t-elle.

Vanessa Rousseau, mère de famille vivant à Toronto. Gracieuseté

Des mesures sanitaires jugées insuffisantes

Malgré la mise en place de plusieurs mesures sanitaires par le gouvernement, de nombreux parents restent craintifs quant au respect des règles au sein des établissements scolaires.  

« Nous avons une enfant qui a une santé fragile plus à risques de complications sérieuses si nous attrapions la COVID-19. Nous avons donc choisi de garder à la maison nos trois enfants, qui n’ont reçu que leur première dose de vaccin jusqu’à présent. Nous réévaluerons dans quelques semaines », témoigne Carine Jacques Lafrance, une mère de famille d’Ottawa.

« Qu’importe l’épaisseur et la qualité du masque, les élèves doivent l’enlever pour manger », renchérit Myriam Laliberté, une autre maman d’Ottawa. « Si quelqu’un est infecté par le variant Omicron, tout le monde risque l’avoir. Face à cette situation, j’ai pris la décision de ne pas envoyer mes enfants à l’école pour l’instant. Je compte opter pour un retour progressif, une semaine après l’autre. Le secondaire me semble mieux. Ce dernier octroi la possibilité à ma fille de manger à l’extérieur si elle le souhaite. Au besoin, elle peut rester à la maison sans risque de répercussions ».

Ces préoccupations avaient en partie été soulevées par Anne Vinet-Roy, présidente de l’Association des enseignants et enseignantes franco-ontariens (AEFO), au micro d’ONFR+. Selon elle, les mesures prises étaient insuffisantes et trop importantes pour être mise en application de manière effective pour le 17 janvier.

Il faut préciser que lors de la conférence de presse du 12 janvier, le ministre de l’Éducation Stephen Lecce avait présenté des séries de mesures pour assurer un retour sécuritaire.

En plus d’un investissement de 1,6 milliard de dollars dans des ressources pour appuyer les conseils scolaires dans la lutte contre la COVID, le gouvernement compte déployer 70 000 unités de filtration de haute qualité. À cela, il met à la disposition des conseils scolaires 10 millions de masques N95 pour le personnel d’éducation et de services de garde. De même que 4 millions de masques à trois épaisseurs pour les élèves.

Les élèves du primaire et du secondaire pas logés à la même enseigne

Pour Stéphane Paquette, il faut faire une distinction entre le retour en classe des élèves de niveau primaire et ceux de niveau secondaire.

« La réalité scolaire au secondaire n’est pas similaire à celle de l’école élémentaire. Au secondaire, tu as souvent des périodes libres. Tu peux parfois partir et revenir à l’école. Il semble y avoir une flexibilité qui n’existe pas à l’élémentaire. Il y a plus d’activités parascolaires », explique-t-il

L’artiste Stéphane Paquette père d’une fille. Gracieuseté

Or, d’après lui, l’école n’est pas seulement un lieu d’acquisition de connaissance, mais avant tout un espace social où les élèves peuvent interagir et créer des liens sociaux.

« Je ne peux pas parler en tant que parent d’un enfant à l’élémentaire, mais comme père d’une fille au secondaire. Les prescriptions mises en place à l’école [cohortes, accès limité aux toilettes, le fait que les élèves ne peuvent pas se servir des micro-ondes, etc.] font en sorte que ma fille préfère l’apprentissage en virtuel », dit-il.