Une restructuration de l’ALENA nuisible à l’Ontario, croit un économiste
TORONTO – Le climat d’incertitude créé par l’arrivée d’une nouvelle administration américaine risque de faire mal à l’économie ontarienne, dont 80 % des exportations sont destinées au sud de la frontière.
JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72
Dans une perspective où le nouveau président américain, Donald Trump, veut placer les États-Unis d’abord, Nicolas-Guillaume Martineau, professeur adjoint au Département de science économique du Collège universaire Glendon à Toronto, croit que l’Ontario aura de la difficulté à sortir gagnant d’une renégociation.
« Ça risque d’être difficile dans la mesure où qui sait ce qui va se produire », indique-t-il en entrevue avec #ONfr.
Bien que le Canada ne soit pas le pays qui sera le plus touché par la volonté du nouveau président de renégocier l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), les industries canadiennes et ontariennes pourraient être des victimes collatérales, estime l’économiste.
« Malgré le fait que l’on ne soit pas la cible principale des barrières tarifaires (…) on risque de se retrouver avec une baisse des importations », a-t-il expliqué.
L’ALENA signé en janvier 1994 est un traité commercial qui réunit le Canada, les États-Unis et le Mexique dans une vaste zone de libre-échange.
Par ailleurs, beaucoup de biens intermédiaires sont produits au Canada et en Ontario et sont essentiels pour la fabrication de produits finis aux États-Unis.
« À court terme, on ne verra peut-être pas l’impact parce que les industries devront se repositionner avant, mais à plus long terme, les industries devront peut-être revoir leur chaîne de production », expose M. Martineau.
L’Ontario exporte de manière prédominante vers les États-Unis, rappelle-t-il, spécifiquement grâce à son industrie automobile.
Un climat d’incertitude
Nicolas-Guillaume Martineau croit que l’arrivée de la nouvelle administration américaine risque de refroidir les plans d’expansion de certaines entreprises américaines en Ontario et au Canada.
« On l’a vu pour avec l’entreprise Ford qui a annulé une expansion prévue au Mexique pour créer des emplois et augmenter la production au Michigan, alors on peut s’attendre à ce que ce soit très néfaste pour ce qui est des décisions d’affaire à la fois des entreprises américaines et canadiennes. »
Dans son discours d’inauguration, le président américain, Donald Trump, a promis de toujours faire passer les intérêts des États-Unis en premier.
Des négociations fédérales
Du côté du bureau de la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, advenant le cas d’une renégociation, on préfère laisser le gouvernement fédéral gérer le tout.
« Le ministère du Commerce international de l’Ontario travaille étroitement et activement avec ses homologues fédéraux pour assurer que les intérêts commerciaux de l’Ontario sont pleinement représentés à l’échelle du Canada et qu’ils se reflètent dans les accords tels que l’ALENA et l’AECG (CETA) », assure toutefois un attaché de presse affilié au bureau de la première ministre de l’Ontario à #ONfr.
Dans une entrevue accordée au Toronto Star en début de semaine, Mme Wynne a lancé un appel aux gouverneurs des États américains pour que le libre-échange de biens et de services se poursuive avec l’Ontario.
Mme Wynne, qui travaille étroitement en collaboration avec le gouverneur de l’État du Michigan, Rick Snyder, a ajouté que les États américains et les provinces devaient travailler ensemble, ce qui est crucial pour l’avenir de l’économie des deux pays.
En campagne électorale, Kathleen Wynne avait pris position pour la candidate démocrate, Hillary Clinton. En juin, elle avait déclaré dans une autre entrevue avec le quotidien torontois que Donald Trump était « très dangereux pour le Canada et très dangereux pour le monde ».