Vers la création de la Coalition des Noirs francophones de l’Ontario?

La quatrième consultation de l'AFO pour les minorités raciales ethnoculturelles francophones à Ottawa, mercredi 4 juillet. Crédit image: Sébastien Pierroz

OTTAWA –  L’Union Provinciale des Minorités Raciales Ethnoculturelles Francophones de l’Ontario (UP/MREF) pourrait laisser sa place à un autre organisme. L’idée de la création d’une Coalition des Noirs francophones de l’Ontario fait en tout cas son chemin. 

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

La quatrième consultation des minorités ethnoculturelles francophones qui se tentait à Ottawa, mercredi soir, a vu le projet de nouveau mis sur la table. L’un de ses instigateurs n’est autre que Jean-Marie Vianney.

Leader de la communauté franco-africaine dans la capitale, M. Vianney veut ainsi donner plus de spécificités à l’UP/MREF. C’est lui qui, l’an dernier, avait été justement désigné pour piloter le comité transitoire de cet organisme porte-parole des communautés ethnoculturelles francophones, alors très en difficulté financièrement. Une situation qui perdure.

« Cette idée avait été développée dès la création de l’UP/MREF. On voit par exemple que les membres des communautés qui sont le plus dans les prisons, ce sont les Noirs francophones. Ça doit engager la justice francophone pour s’occuper de ces gens-là. La même chose pour l’enjeu des enseignants suppléants qui concernent beaucoup les Noirs francophones. Il faut positionner nos enjeux et ne pas être mis dans le panier des minorités ethnoculturelles. »

Et de poursuivre : « Nous sommes presque à la phase terminale de l’accouchement. (…) Cela ne veut pas dire que nous sommes dans la division, mais plutôt que l’on veut se recentrer. Le constat avec l’UP/MREF est qu’il faut passer à autre chose. L’UP/MREF pourrait donc mourir et de cette mort naîtrait la Coalition des Noirs francophones de l’Ontario. »

Des propos relayés par les autres participants? Ils étaient en tout cas une trentaine à avoir répondu à l’invitation de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) pour cette consultation. Comme à Toronto il y a une semaine, les questions ont fusé de part et d’autre. Le rôle « pas clair » de l’AFO, sa représentativité contestée en tant qu’organisme porte-parole des Franco-Ontariens ou encore, la relation « coloniale » qu’elle entretiendrait avec les minorités ethnoculturelles francophones, autant de reproches adressés durant la soirée.

Cet adjectif de « colonial », Pierre Dadjo a insisté dessus au moment de prendre la parole. S’adressant au directeur général de l’AFO, Peter Hominuk, lors de son intervention, M. Dadjo n’y est pas allé de main morte. « Nous sommes exclus, mais vous, l’AFO, avez besoin de nous. »

La Coalition des Noirs francophones de l’Ontario serait une excellente idée, a-t-il expliqué ensuite au micro de #ONfr. « Pendant longtemps, on s’efforçait d’accepter des identités multiples. C’est normal qu’il y ait plusieurs groupes qui se forment. Ça ne doit pas être un seul organisme provincial, mais plusieurs. »

Pas d’unanimité autour du projet

Malgré l’intérêt suscité pour certains, force est d’admettre que l’idée ne convainc pas encore tout le monde. D’autant que tous les intervenants autour de la table de discussions n’étaient pas forcément tous originaires de l’Afrique noire.

C’est le cas du directeur général adjoint à la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures, Réda Lounis, aussi membre de l’Association des Algériens d’Ottawa-Gatineau.

« L’immigration francophone au Canada, ce n’est pas juste les Noirs, c’est d’autres communautés comme le Maghreb et l’Afrique Subsaharienne. Je ne pense pas qu’il y ait une nécessité d’apporter un autre organisme. Par contre, il faut s’assurer d’une représentative et des besoins des communautés ethnoculturelles. »

En grande discussion avec le président de l’AFO, Carol Jolin, Apollinaire Yengayenge était tout aussi dubitatif. « Nous, on est pour l’immigrant francophone », affirme ce travailleur dédié à l’intégration socio-économique des nouveaux arrivants. « Moi, je suis ici pour les francophones. Il faut exprimer ses besoins mais de manière inclusive, pas en accusant. Accuser, ça sert à quoi? »

Vérification faite par #ONfr, la République démocratique du Congo reste le deuxième pays pourvoyeur de l’immigration francophone en Ontario, derrière la France, selon des données récentes. Un haut de classement dans lequel on retrouve le Burundi, le Cameroun, mais aussi le Liban, l’Algérie ou encore le Maroc.

L’AFO se défend

Cette quatrième consultation à Ottawa était la dernière du genre pour l’AFO. Concernant les accusations dont fait face son organisme, Carol Jolin fait contre mauvaise fortune bon cœur. « Il y a beaucoup de méconnaissance vis-à-vis de l’AFO. Nous avons du travail pour se faire connaître davantage auprès des communautés. On a besoin d’avoir ces communautés avec nous autres. Il faut qu’ils fassent partie prenante de la communauté. Est-ce que ça nous prend une table de concertation MREF? Ça, c’est eux qui vont nous le dire. »

Le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, Carol Jolin. Archives #ONfr

Le président rappelle que l’AFO dispose déjà de deux personnes des communautés MREF sur les 11 membres de son conseil d’administration. « Il faut que la communauté veuille travailler et aille rejoindre ces membres-là. Il ne faut pas oublier qu’il y a d’autres membres MREF à d’autres sièges du CA. »

Sur la création possible de la Coalition des Noirs francophones de l’Ontario français, M. Jolin parait moins emballé. « C’est quelques opinions lancées. »